AccueilLa UNEL’état « affligeant » des partis politiques. Washington garde l’œil, selon l’IRI

L’état « affligeant » des partis politiques. Washington garde l’œil, selon l’IRI

La Tunisie, huit ans après la révolution, ne semble guère avoir les partis politiques qu’elle mérite alors qu’elle négocie le virage de la démocratie sans en récolter les bénéfices sauf en matière de libertés publiques, dont notamment celle d’expression. C’est le constat posé non seulement au sein même du pays, mais plus encore par les think-tanks internationaux majeurs qui s’en lamentent mais qui ne désespèrent de voir l’échiquier politique se ressaisir pour être en ligne avec sa vocation première.

L’Institut Républicain International (IRI), la fondation liée au Parti républicain américain, basée à Washington, estime les dirigeants politiques tunisiens y ont failli, en « ayant du mal à répondre aux demandes élémentaires des citoyens ». Citant un sondage réalisé par ses soins, il souligne que 85% des Tunisiens estiment que la situation économique en Tunisie est plutôt mauvaise ou très mauvaise, sans se garder de pointer « l’incapacité de s’attaquer à ce problème et à d’autres, économiques, tels que la croissance et l’emploi, ce qui mine de plus en plus la confiance dans les dirigeants politiques du pays ». Pis encore, habités par la frustration vis-à-vis des partis politiques, 79% des Tunisiens disent qu’ils ne se rendraient pas aux urnes ou ne savent pas pour qui voter si les élections avaient lieu demain, ce qui, dans le contexte des élections présidentielles et législatives de 2019, est affligeant, assène-t-il.

Effet boule de neige dangereux

C’est que les conflits internes entre les partis de l’ancienne coalition au pouvoir, Nidaa Tounes et Ennadha, ne font qu’ajouter à ce sentiment croissant de frustration à l’ égard du système politique. En se concentrant sur la crise gouvernementale en cours, les dirigeants de ces partis ont renvoyé à plus tard la résolution des obstacles qui affectent la qualité de la vie des Tunisiens, créant ainsi un effet boule de neige dangereux, marqué par un déclin de la préférence démocratique en faveur d’autres formes de gouvernance. Cependant, malgré le climat qui règne au sommet, une solution durable à la paralysie politique de la Tunisie doit aller au-delà du rapprochement au niveau du chef du gouvernement et du président de la République, pour commencer par les partis politiques de l’intérieur.

Bien que ce problème ne soit pas propre à la Tunisie, l’avenir du pays devrait présenter un grand intérêt stratégique pour les États-Unis pour des raisons qui vont au-delà de l’éthique de l’aide au développement, estime I’IRI. D’abord, la stabilité de la Tunisie est indéfiniment liée à la sécurité de la région. Sa position géographique au cœur du bassin méditerranéen influe directement sur les problèmes de sécurité d’aujourd’hui, y compris la lutte contre le terrorisme et les préoccupations migratoires de la Libye, de l’Italie, de la France, du reste de l’Europe et sans doute des États-Unis. Ensuite, la Tunisie donne de l’espoir à une région en pleine mutation. C’est un exemple de la manière dont une gouvernance axée sur le citoyen est possible dans une région où les dirigeants autoritaires étouffent trop souvent la voix des citoyens à des fins personnelles.

Une criante incapacité

À l’heure actuelle, de nombreux partis politiques tunisiens sont très peu lotis pour s’attaquer aux problèmes urgents d’ordre économique ou autre. L’effondrement des structures internes des partis, comme en témoigne la désintégration de Nidaa Tounes, a accentué l’impréparation de nombreux partis à développer des plates-formes cohérentes pour répondre aux griefs et attentes des citoyens ou même communiquer régulièrement avec eux.

En dépit de ces défis, les partis politiques tunisiens ont un biais d’opportunité en 2019. En plus d’être le deuxième du genre depuis la révolution, les élections présidentielles et législatives permettront aux partis de se doter de nouvelles visions, de revoir les programmes et les priorités stratégiques des partis et de mettre en œuvre de nouvelles approches de communication et de sensibilisation.

Comment s’en sortir !

En se remettant en question de fond en comble, les partis politiques tunisiens seront en mesure de répondre efficacement aux préoccupations des citoyens et de devenir autonomes et actifs au-delà de la période électorale. Au niveau local, cela signifie que les partenaires du conseil municipal affiliés à un parti ayant des liens avec l’IRI seront des représentants compétents et que les dirigeants des partis politiques se sentiront en mesure d’élaborer une politique économique pertinente avec le concours de leurs représentations locales. Aux niveaux national et régional, cela signifiera une confiance restaurée en un État de droit, des institutions et une stabilité axée sur le citoyen, par des moyens pacifiques et holistiques.

Au début de la nouvelle année, les partis politiques tunisiens vont rassembler les outils nécessaires pour déterminer leur avenir, tout en représentant les Tunisiens, conclut l’IRI.

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