AccueilLa UNEL’exercice et l’héritage au crédit de BCE!

L’exercice et l’héritage au crédit de BCE!

Les Tunisiens sont encore sous le choc de la nouvelle du décès de leur président, Béji Caïd Essebsi, auquel ils s’apprêtent à rendre un ultime hommage lors d’obsèques nationales qui auront lieu, demain samedi, en présence de nombreux dirigeants et chefs d’Etat de la planète entière. Une marque de respect unanime et universel à l’endroit d’un homme d’exception, bardé de lauriers et qui passera à la postérité comme le premier président démocratiquement élu en Tunisie, ayant jeté les bases de la deuxième République du pays dans une région en proie à des troubles à la suite du printemps arabe.

C’est l’un des legs en vue livré par un président qui, au soir de sa vie, a réussi à éviter à son pays les affres de dérives politiques, économiques et sociales , en l’inscrivant, dans le même temps, dans une trajectoire tracée pour mener tout droit à la démocratie. Surtout, il a choisi de mettre le pays au dessus des partis et de négocier avec le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, lors d’une série de réunions qui ont débuté en août 2013 et qui ont débouché sur un dialogue national et, finalement, sur une nouvelle constitution adoptée par consensus. Il a ainsi joué un rôle central dans la sauvegarde de la démocratie tunisienne, estime le think-tank Brooking Institution, basé à Washington.

Un modèle de consensus et de tolérance

Caïd Essebsi a ensuite remporté les élections présidentielles de 2014. Surprenant même son propre parti, il a choisi de former un grand gouvernement d’unité nationale avec son ancien rival, Ennahdha, ce qui, selon certains, a sauvé la Tunisie de la guerre civile et lui a valu les louanges de la communauté internationale comme modèle de consensus et de tolérance.

Le mandat de BCE à la présidence a toutefois été mouvementé, note la Brookings Institution, en ce sens que la Tunisie a été frappée par trois attentats terroristes majeurs en milieu urbain en 2015. BCE mérite d’être félicité pour avoir rétabli la sécurité, même si cela s’est fait aux dépens de la réforme de cet appareil. Entre-temps, l’économie a continué de se détériorer, malgré les efforts de Caid Essebsi pour réviser le code des investissements et suivre les réformes du Fonds monétaire international (FMI).

Le président de la République avait espéré que son héritage serait centré sur les progrès des droits des femmes. Il a proposé d’accorder aux femmes des droits successoraux égaux à ceux des hommes, une première dans le monde arabe et une réforme qui s’appuierait sur le Code du statut personnel progressiste lancé par son mentor, Habib Bourguiba. Cependant, Caïd Essebsi n’a pas réussi à obtenir un soutien suffisant en faveur d’un héritage égal, même au sein de son propre parti.

Un champion infatigable des droits des femmes

On se souviendra de Béji Caïd Essebsi comme le président qui a sauvegardé les institutions démocratiques du pays au milieu de difficultés économiques et de plusieurs attentats terroristes, et celui qui a été un champion infatigable des droits des femmes, relève, pour sa part, le site Al-Monitor. Parmi les aspects dont il faut se souvenir on peut citer ses tentatives répétées et finalement réussies d’adopter une législation prévoyant une amnistie de facto pour les personnalités de l’ancien régime.

Le verdict que la postérité rendra au défunt président tunisien n’est pas encore clair. Qu’il ait dirigé le pays au milieu de certains des pires attentats terroristes qu’il ait jamais connus sans perdre de vue les idéaux démocratiques qui ont sous-tendu la révolution de 2011, cela ne peut être facilement écarté. Toutefois, la mesure ultime de son règne a peut-être été le transfert sans heurt du pouvoir au nouveau président, sans qu’aucune protestation ou plainte ne vienne entacher son passage, constate Al-Monitor.

Un passage du pouvoir sans heurt

Donc la Tunisie, au rebours de bien des pays, semble réussir son passage du pouvoir qui s’est déroulé sans heurt, constate la fondation Carnegie. A l’issue de la procédure prévue par la Constitution, le président du Parlement, Mohamed Ennaceur, 85 ans, a pris ses fonctions de président par intérim quelques heures après l’annonce du décès du président.

Mais, il y a deux questions principales qui se posent à court terme. Premièrement, la Constitution exige que de nouvelles élections présidentielles aient lieu entre 45 et 90 jours après le décès du président de la République, au plus tard le 23 octobre. Toutefois, le pays est déjà programmé pour tenir des élections présidentielles régulières 3 ½ semaines plus tard, le 17 novembre. Ainsi, le président intérimaire et le corps électoral doivent maintenant décider s’ils peuvent organiser des élections anticipées et, dans la négative, s’ils peuvent légalement reporter la période de 90 jours au 17 novembre pour respecter le calendrier régulier, se demande Carnegie.

Ensuite, le président par intérim va devoir décider comment gérer la nouvelle loi électorale adoptée par le Parlement en juin qui exclurait certains candidats de la course à la présidence lors de la prochaine élection. Le Président Essebsi n’avait pas signé la loi avant sa mort, provoquant la colère de nombreux parlementaires. Le président par intérim a le pouvoir de signer la loi, mais cela peut être considéré comme un acte contraire à la volonté du président Essebsi, qui s’était prononcé contre la loi, souligne Carnegie.

LM

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