La Tunisie est en situation de précarité hydrique, avec une part de 420 mètres cubes d’eau par habitant et par an, une situation très inquiètante.
Avec une baisse continue des niveaux des barrages et face à un stress hydrique accentué, cette ressource se raréfie jour après l’autre. Si à tort ou à raison, on a tendance à accuser les comportements désinvoltes et irresponsables des citoyens, les autorités y assument également une part de responsabilité.
C’est dans cette optique que l’’Observatoire national de l’agriculture (ONAGRI) a indiqué que le taux de remplissage des barrages a atteint 23,27%, en date du 1er janvier 2025, grâce aux dernières précipitations enregistrées, sauf que la situation hydrique demeure encore critique.
Le stock en eau en cette date s’est élevé à 544 millions de mètres cubes (m3), collectées dans 36 barrages ayant une capacité totale de stockage de 2 milliards 337 millions de m3, toujours selon les statistiques journalières de l’ONAGRI sur la situation des barrages.
Dans son analyse, l’ONAGRI souligne la nécessité de rester vigilant, en dépit de l’amélioration des apports en eau dans les barrages, précisant que la situation hydrique en Tunisie appelle à une gestion durable et responsable des ressources hydriques.
Le taux de remplissage des barrages avait atteint 22,5%, à la date du 27 décembre 2024. Les barrages continuent de recevoir des apports d’eau, renforçant les réserves hydriques. En fait, les apports du jour se sont élevés à 5,4 millions m³, portant le stock actuel à 526,9 millions m³.
Des défis énormes
Inutile de rappeler que la Tunisie est confrontée à des défis importants en matière de gestion de l’eau en raison de son climat aride et semi-aride, ainsi que de la croissance rapide de sa population et de son économie.
Selon les rapports de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la Tunisie est l’un des pays les plus pauvres en eau du monde, avec une disponibilité en eau de moins de 400 mètres cubes par personne et par an, soit bien en dessous de la norme de stress hydrique de 1000 mètres cubes par personne et par an.
De plus, la Tunisie est confrontée à des problèmes de qualité de l’eau, avec des niveaux élevés de pollution des eaux souterraines et de surface. Les sources d’eau naturelles sont souvent surexploitées et épuisées, ce qui entraîne une diminution de la quantité et de la qualité de l’eau disponible.
L’Etat a mis en place un certain nombre de politiques et de programmes pour améliorer la gestion de l’eau, y compris la construction de barrages et de stations de dessalement d’eau de mer, l’adoption de techniques d’irrigation plus efficaces et l’encouragement de pratiques de gestion de l’eau durables. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour garantir une utilisation efficace et durable de l’eau en Tunisie.
L’UTAP appelle à engager un dialogue
La commission technique de planification et de prospection dans le secteur de l’eau, relevant de l’Union tunisienne de l’agriculture et de la pêche (UTAP), a appelé à engager un dialogue entre l’organisation et le ministère de l’Agriculture, dans les plus brefs délais, afin d’identifier des solutions urgentes, pour assurer une meilleure gestion des ressources disponibles en eau d’une manière juste et équitable et garantir la durabilité du secteur agricole, face aux changements climatiques, ainsi que préserver la sécurité alimentaire.
La commission a examiné au cours d’une réunion, récemment tenue, la situation hydrique et son impact négatif sur l’agriculture tunisienne suite aux années successives de sécheresse et l’absence d’alternatives pour réduire les effets du changement climatique sur les systèmes de production, a indiqué l’UTAP dans un communiqué.
La commission a considéré que le taux important (50%) de perte des eaux d’irrigation, la régression record des réserves en eau dans les barrages à cause des résidus et du manque de maintenance, sont les principaux facteurs du gaspillage des ressources en eau.
Elle a également mis en garde contre la complexité des procédures administratives, au niveau de l’attribution des permis de forage des puits après la finalisation des démarches techniques, représentant une des entraves à la durabilité de la production agricole et à la préservation des cultures qui ne peuvent pas résister face à la rareté de l’eau.