Le gouvernement libyen s’est réuni en urgence, jeudi matin 10 octobre, non sans avoir appelé les « citoyens au calme » après l’annonce sur son site Internet de l’enlèvement, quelques instants plus tôt, en plein cœur de Tripoli, du premier ministre Ali Zeidan par un commando armé. « Le chef du gouvernement de transition a été conduit vers une destination inconnue pour des raisons inconnues par un groupe », ont indiqué les autorités libyennes dans un bref communiqué, cité par le quotidien Le Monde.
Ali Zeidan arrive au siège du gouvernement, quelques minutes après sa libération, jeudi 10 octobre à Tripoli.
Quelques heures plus tard, le premier ministre a été « libéré et non relâché » par ses ravisseurs, laissant entendre qu’une opération avait été menée par les force de sécurité libyenne.
« Je vais bien, grâce à Dieu. Si le but de cette opération d’enlèvement était de me faire démissionner, je ne vais pas le faire. Nous avançons à petits pas, mais dans la bonne direction », a écrit Ali Zeidan sur son compte Twitter après avoir recouvré la liberté.
Cette opération spectaculaire intervient après la capture, cinq jours plus tôt, d’Abou Anas Al-Libi, ex-membre d’Al-Qaida, par les forces spéciales américaines, qui a provoqué de vives réactions en Libye.
A l’aube, jeudi, des hommes armés ont fait irruption à l’hôtel Corinthia, un luxueux complexe situé à Tripoli sur le front de mer où Ali Zeidan réside, comme d’autres membres du gouvernement et des diplomates étrangers. Le premier ministre libyen a été aussitôt embarqué dans une voiture, sous le regard sidéré des employés. « Un grand nombre d’hommes armés est entré dans les lieux. Mais nous n’avons rien compris à ce qui se passait », a déclaré l’un d’eux, selon des propos rapportés par l’AFP. Une photo, non authentifiée, a commencé à circuler sur les réseaux sociaux montrant le premier ministre en chemise beige entouré de deux hommes.
Sur son site, le gouvernement libyen a immédiatement fait part de « soupçons » concernant deux brigades d’anciens rebelles, la « Chambre des révolutionnaires de Libye » et la « Brigade de lutte contre le crime », qui dépendent en théorie des ministères de la défense et de l’intérieur et qui seraient à l’origine de l’enlèvement de M. Zeidan. Le conseil des ministres précisait dans la foulée « ne pas être au courant d’une levée de l’immunité ou d’aucun ordre d’arrestation », avant de mettre en garde contre les rumeurs qui se sont aussitôt répandues.