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L’Italie ne voit pas d’un bon œil une crise politique prolongée en Tunisie !

L’Italie est probablement le membre de l’Union européenne (UE) dont les enjeux sont les plus élevés dans l’épisode politique que vit actuellement la Tunisie.  Les responsables à Rome craignent les tensions  qui pourraient menacer les intérêts économiques et sécuritaires vitaux de la Péninsule. En l’espace de 24 heures après le 25 juillet ;  au moins 600 Tunisiens sont arrivés à Lampedusa.

« Rome craint un effondrement de l’ordre public » en Tunisie, a déclaré au site  New Arab le Dr Karim Mezran, chercheur principal résident au Conseil atlantique. « Cette crainte est aggravée par de nombreux facteurs – de l’afflux de réfugiés en provenance des côtes tunisiennes à l’infiltration potentielle de membres de gangs et d’extrémistes, en passant par la nécessité éventuelle de fournir une aide humanitaire. » Les principales préoccupations de Rome concernant la Tunisie ont trait à la migration et aux départs irréguliers du pays d’Afrique du Nord vers l’Italie.

« Les retombées de la déstabilisation de la Tunisie seraient désastreuses, compte tenu de la situation peu claire en Libye et, plus généralement, de la situation fluide dans le bassin méditerranéen et en Afrique du Nord en particulier », a déclaré  Umberto Profazio, chercheur associé à l’IISS et analyste du Maghreb à la Fondation du Collège de défense de l’OTAN. « Elle aura également de graves répercussions sur le flux de migrants le long de la route de la Méditerranée centrale, ce qui se révélerait particulièrement difficile pour l’Italie. »

Même avant le 25 juillet 2021, date de la proclamation de l’état d’exception par le président Kais Saied,  l’Italie était préoccupée par les problèmes de migration provenant de la Tunisie et de la Libye. En mai, la ministre italienne de l’intérieur, Luciana Lamorgese, a rejoint la commissaire européenne aux affaires intérieures, Ylva Johansson, lors d’une visite en Tunisie où elles ont rencontré Saied et le chef du gouvernement de l’époque. Elle a promis que l’Italie soutiendra l’économie tunisienne par des investissements et la création d’emplois pour les jeunes Tunisiens.

Les intérêts commerciaux de l’Italie en Tunisie sont également un facteur clé. Les petites et moyennes entreprises (PME) italiennes sont nombreuses dans l’économie tunisienne. La protection de leurs actifs et de leur personnel est une priorité élevée pour l’Italie. « La Tunisie joue un rôle important pour de nombreuses entreprises italiennes qui ont externalisé une partie de leurs processus de production dans ce pays », a déclaré Riccardo Fabiani, de l’International Crisis Group.

« Encore une fois, la stabilité et l’ouverture de la Tunisie, tant sur le plan démocratique qu’économique, sont importantes pour Rome. »

La sécurité nationale de l’Italie

Les préoccupations du gouvernement italien concernant le terrorisme et l’extrémisme sont très pertinentes pour le point de vue de Rome sur la Tunisie.

Si la Tunisie connaît une quelconque période d’instabilité, on peut légitimement craindre que des  factions ultra-violentes exploitent la situation. À l’instar de tous les pays de la région, l’Italie ne souhaite pas que la Tunisie devienne, à un moment ou à un autre, une plaque tournante pour ces groupes extrémistes.

« La question de l’immigration clandestine est étroitement liée à celle de notre sécurité nationale », explique  Federica Saini Fasanotti, chargée de recherche non résidente au Center for Security, Strategy, and Technology du programme de politique étrangère de la Brookings Institution.

« Les terroristes islamistes se déplacent principalement par ces canaux, il est donc clair que lorsque le nombre de personnes tentant de rejoindre l’Italie depuis la Tunisie a doublé en un mois, cela représente une menace pour notre pays », a-t-elle déclaré, citée par la même source.

Les intérêts croisés et contradictoires de l’Italie et de la France

En Afrique du Nord, il existe depuis longtemps une rivalité entre l’Italie et la France. Ces dernières années, ces deux pays européens ont eu des désaccords majeurs au sujet de la Libye. Mais il semble que les intérêts de Rome et de Paris se chevauchent actuellement lorsqu’il s’agit de la Tunisie.

En définitive, les Italiens et les Français considèrent qu’une Tunisie fragile ou déstabilisée est de mauvais augure pour toute l’Europe. Dans ce contexte, il est possible que Rome et Paris ne se prennent pas la tête en Tunisie, contrairement à ce qui s’est passé ailleurs en Afrique où les responsables italiens et français ont vu les situations de manière très différente.

Un nouveau dialogue national

Il est trop tôt pour connaître les conséquences ultimes des décisiosn de  Saied. Mais il y a fort à parier que l’Italie considère qu’elle n’a pas d’autre choix que d’essayer d’aider la Tunisie à maintenir une paix et une stabilité relatives dans une période d’incertitude.

Rome voudra voir les différentes parties en présence en Tunisie parvenir à un accord qui permette au pays d’éviter toute aggravation de ses problèmes politiques actuels.

« L’Italie essaie d’arrêter les escalades sur l’échiquier tunisien en soutenant un nouveau dialogue national pour réparer le système brisé », a déclaré à The New Arab Giuseppe Dentice, responsable du MENA Desk au Centre d’études internationales et assistant d’enseignement à l’Université catholique du Sacré-Cœur de Milan.

« L’objectif est toujours le même : éviter que la crise tunisienne ne devienne un casse-tête italien, notamment en termes de migration irrégulière. »

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