AccueilLa UNEMaghzaoui dévoile le "cirque" des négociations avec Jemli

Maghzaoui dévoile le « cirque » des négociations avec Jemli

Jour après jour, les négociations sur la formation du prochain gouvernement se révèlent n’être qu’un simple et vulgaire marchandage au souk des tapis. A bien comprendre Zouheir Maghzaoui, qui tenait, ce dimanche 22 décembre 2019, conférence de presse à l’issue de la réunion du bureau politique du parti Mouvement Populaire (MP), toutes ces journées de marchandage autour d’un thé à la menthe dans une atmosphère d’attentisme politique et économique, n’avaient pour but que de distribuer les sièges du prochain gouvernement, chacun en demandant ceux qui pourraient lui assurer la mise en œuvre de sa propre politique.

Pesant à l’ARP (Assemblée des Représentants du Peuple) 41 députés, un poids capable de faire passer ou capoter le vote du prochain gouvernement, le Bloc Démocratique (Ettayar de Mohamed Abbou et le MP de Zouheir Maghzaoui), avait des demandes, spécifiques et uniquement en qualité de sièges.

  • Abbou voulait 3 ministères, ou au moins un «3 en 2»

Abbou a, dès la proclamation officielle des résultats des Législatives, choisi le camp de l’opposition, avant de se rétracter. Il demande désormais 3 ministères clés, dont 2 de souveraineté, que sont l’Intérieur, la Justice, et la Fonction publique. Le chef du gouvernement missionné et son parrain Ennahdha ont fini par lui en concéder la Justice et la Fonction Publique. Il lie alors son acceptation à un         rattachement de la Police judiciaire à la Justice, et un rattachement direct de toutes les structures de contrôle administratif à la Fonction Publique. Le parti de Mohamed Abbou a fini par tout refuser et se déclarer, ce dimanche 22 décembre 2019, non concerné par la participation dans un quelconque gouvernement de Habib Jemli.

Le même jour, Zouheir Maghzaoui se déclare tout aussi nullement concerné par toute participation au prochain gouvernement Jemli, dont le sort restait, jusqu’à la rédaction de cet article, en otage entre les mains de Tahya Tounes. Le parti de Youssef Chahed, qui avait auparavant juré ses grands dieux qu’il ne mettra jamais sa main dans celle d’Ennahdha, devrait décider de participer ou non, à l’issue de la réunion ce soir de son conseil national. Un des siens, Mehdi Abdeljawad, a déjà annoncé le Niet de Tahya.

Mais c’est plutôt la conférence de presse de Maghzaoui qui en dira plus sur le marché aux maroquins qu’ont été les négociations de Dar Dhiafa.

  • Maghzaoui voulait 4 ministères. Mécontent, Jemli augmente les quotas de tout le monde  

Selon Maghzaoui, Jemli voulait un gouvernement de 25 ministres, dont 15 indépendants et 10 pour les partis politiques. Selon la même source, les quotas proposés par Jemli tenaient à 4 fauteuils ministériels pour Ennahdha, 2 pour Ettayar, 2 autres pour le MP, et un siège pour chacun du «Mouvement de la Réforme», et la même chose pour Tahya Tounes. Le Mouvement de la Réforme, a précisé Maghzaoui, n’était pourtant pas partie prenante dans les négociations. Maghzaoui a aussi indiqué que Jemli n’avait pas invité Elkarama, «mais on a compris que ce dernier s’était déjà mis d’accord à ce qu’il vote le prochain gouvernement, même sans siège». La même source a précisé que Jemli s’était adjugé 10 fauteuils ministériels, dont il serait le seul décideur et où il aurait l’intention de caser lesdits indépendants.

Et Maghzaoui de révéler que «nous, on n’a pas accepté et avons fait savoir que nous revendiquons un gouvernement politique. Jemli a alors accepté d’augmenter d’un siège le quota de chaque parti politique. Une manière de contenter les récalcitrants, pour faire passer son propre quota, quitte à grossir les rangs de son gouvernement, qui dépasserait alors les 30, en attendant les possibles autres conseillers.

Jemli aurait aussi, toujours selon Maghzaoui, ce qui ne semblait pas lui plaire, souligné que les CV à lui présentés par chacun des partis concernés par la constitution du prochain gouvernement, «ne contiennent aucun membre dirigeant des partis concernés».

Autre révélation de Maghzaoui dans sa conférence de presse. «Nous, on demandait 4 portefeuilles, dont celui des TIC et celui de la Jeunesse et des sports, au moins. Jemli nous a demandé de ne pas inclure les 10 ministères, en lien avec l’économie et le développement, dans nos demandes».

  • Le MP voulait contrôler le pétrole, et que toutes les entreprises publiques le restent

Et le même Maghzaoui, qui expliquait les raisons du refus du MP de prendre part au gouvernement Jemli, de préciser les questions qui font l’objet de différends avec Jemli. «On n’est pas d’accord sur les entreprises publiques, où le MP voulait faire dire officiellement au chef du gouvernement qu’il n’en cèdera aucune, l’indépendance de la BCT, et les conventions pétrolières et notamment le cas Nawara». Pour lui, il faudrait «suspendre la loi 35 de l’année 2016 car elle ne permet pas à l’Etat de prendre crédit directement des caisses de la BCT [Ndlr : Nous y reviendrons dans un article plus descriptifs des méfaits du crédit de la BCT à l’Etat, sur toute l’économie et même sur le pouvoir d’achat des citoyens], ce qui permet entre autres aux banques de réaliser d’énormes profits, et de remettre en selle la loi 90 de 1958», comme il le croit, et pas à juste titre.

C’est ainsi que cela se passe dans les bureaux clos de la résidence Dar Dhiafa. Des partis qui se disputent les sièges d’un prochain gouvernement, dont personne ne connaît encore exactement les programmes, et notamment les mesures à prendre, de manière urgente, pour trouver de l’argent aux salaires et surtout au développement des régions où le chef de l’Etat faisait déjà monter la pression.

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