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Où va la Tunisie ?

«La Révolution tunisienne est un modèle pour toute la région, qui ne doit pas échouer », disait le Président de l’OSCE (l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) récemment en, visite à Tunis. Le risque existe pourtant et il est réel, même s’il est dénié par ceux qui traiteront ceux qui tirent la sonnette d’alarme de cassandres et d’épouvantail. Plus d’un économiste, tunisien et étranger, y ont attiré l’attention.

Regardons pour cela un peu ce qui se passe dans cette Tunisie de la Révolution. Ce sont des faits avérés,  et les faits  comme les chiffres, ils sont têtus !
Des forces de l’ordre que beaucoup accusent, citoyens, juges et commission d’enquête, et à qui on demande pourtant d’assurer la sécurité des personnes et  biens, publics et privés. Des policiers qui se plaignent, à leur tour, que les juges relaxent avec laxisme ceux qu’ils arrêtent sur la foi de  preuves.

Des juges qui s’accusaient d’incurie et de prévarications lorsqu’ils avaient fait manifestation il y avait quelques semaines et qui font feu de tout bois, travaillant dans le respect du secret de l’instruction avec des fuites par-ci et par-là qui ne sont ni démenties ni confirmées, mais jamais suivies. Des juges qui s’élèvent contre le travail d’une commission d’enquête sur la corruption et les malversations qui promet de publier ses conclusions, et essaient toujours de lui mettre bâtons dans les roues.

Des avocats qui ne sont plus le dernier rempart contre l’injustice et les défendeurs du droit, qui se regroupent et portent plainte, même lorsqu’ils n’y ont aucun intérêt pour agir, traînant dans la boue médiatique, sans distinction, voleurs et innocents.

Une commission de «préservation des acquis de la Révolution» qui impose l’exclusion de 1,4 million d’électeurs sous l’alibi d’avoir travaillé sous l’ancien président sur la foi de listes qu’elle mettra en place elle-même et qui veut s’ériger en Président, après le 24 juillet 2011, prolongeant ainsi le manque de visibilité pour l’économie, la société et son devenir politique.

Un gouvernement à qui on demande, tout et tout de suite,  qu’on menace cependant continuellement de l’épée de Damoclès de son caractère transitoire, qu’on bouscule par les manifestations, les grèves sauvages et les sit-in, à qui on demande la lune sans lui donner l’échelle pour monter la prendre.

Un citoyen à qui la Révolution est montée à la tête, qui arrête la roue de l’économie, incendie  les usines, fait grèves sauvages et sit-in, empêche l’export, trouve normal le marché parallèle et se plaint du chômage. Un citoyen qui fait sit-in à la Kasbah pour empêcher le travail du gouvernement, sur l’autoroute pour empêcher les voitures de passer, sur mer pour empêcher le bac de rallier Sfax et Kerkennah et fera certainement un jour sit-in sur la piste des aéroports pour empêcher les avions de décoller, qui barre les routes et les entrées des villes, qui tabasse les responsables et « dégage » tous ceux qui ne lui disent pas oui à tout ce qu’il demande. Jamais, pendant les cinquante années de l’indépendance de la Tunisie, le régionalisme et même le tribalisme, n’a parlé d’une voix aussi forte en Tunisie que pendant ces trois derniers mois de l’après Ben Ali.

Un patronat en déliquescence qui se tire toujours dans les pattes, des hommes d’affaires qui gèrent l’ingérable dans l’obscurité des perspectives, à qui on demande d’investir et qu’on accuse de tous les maux de Ben Ali qui a fui. Des hommes d’affaires, comme dans le Sahel, qui menacent de retirer leur argent des banques en réponse à l’article 15 et d’autres  qui se jettent dans les bras d’Ennahdha dans certaines régions.

Un syndicat ouvrier qui oublie le droit des travailleurs au travail et l’importance de l’entreprise créatrice de richesse et qui se prend d’amour pour la politique, sans arriver à se décider pour l’un ou pour l’autre et partira lui aussi en vrille par syndicats ouvriers et partis politiques en gestation interposés.

Une société civile qui brille par son absence sur la scène politique et une Ligue des droits de l’homme qui oublie de défendre le droit au travail, le droit à la sécurité, le droit à la dignité et s’écrie plus volontiers lorsqu’il s’agit de mater une grève sauvage, une manifestation qui n’a même pas cherché à prendre autorisation ou encore un sit-in. Des partis politiques, tellement nombreux et tellement nombrilistes qu’on ne les entend pas, laissant libre champ à un courant intégriste qui gangrène leurs arènes et les agoras.

Et enfin, des médias qui courent le scoop, donnent stylo, micro et caméra à tout venant, lynchent, se mordent  la queue, oublient  l’enquête, et ne prêtent oreille qu’à la requête, sans que personne ne s’en inquiète. Où va ainsi la Tunisie ? L’image est peut-être caricaturale, mais réelle, flashée et non continue, mais toujours réelle. Ce n’est pas celle dont rêvent ceux qui ont fait la Révolution, ceux qui l’attendaient impatiemment et ceux qui l’espéraient sans trop y croire !

Khaled Boumiza

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