AccueilLa UNEPourquoi l’Union européenne a-t-elle lâché Morsi?

Pourquoi l’Union européenne a-t-elle lâché Morsi?

La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton a rencontré, pendant deux heures, le président égyptien déchu, Mohamed Morsi, gardé au secret par l’armée, et a assuré qu’il allait « bien », sans autre forme de procès.

Au moment où les islamistes refusent tout dialogue avec le nouveau pouvoir qu’ils jugent illégitime, et rejettent toute initiative qui ne soit pas fondée sur l’annulation pure et simple du coup d’Etat , les militaires et les forces démocratiques estiment que toute discussion doit tenir compte de la nouvelle réalité ,et que l’islam politique aura la place qui est naturellement la sienne dans le nouveau processus de transition .

Cette initiative, sur laquelle l’Union Européenne (UE) comptait beaucoup, pour accomplir une médiation, s’est exprimée à travers la première visite officielle que reçoit Morsi , depuis sa destitution, le 3 juillet.

La France, à l’instar des autres pays de l’UE et de Washington, a appelé à la libération de Mohamed Morsi, qualifié de « détenu politique ».

Toutefois, et au-delà de ce discours « de principe», trois éléments montrent que l’état de fait, illustré par le limogeage de Mohammed Morsi est en voie d’être reconnu par toutes les parties égyptiennes.

Premièrement, Ashton , tout en se gardant de révéler le contenu de son entretien avec Morsi , a parlé de discussions « amicales » mais « franches » . En langage diplomatique, l’expression veut dire grandes divergences .Et ainsi les Européens qui passaient pour être de bons défenseurs de la « légitimité » dévoilent, même à demi-mots, des divergences avec Morsi et les siens, qui se disent intraitables dans la défense du président « légitime » .

Les médias égyptiens ont donné une idée de l’ambiance dans laquelle s’est déroulé cet entretien. Le site électronique du Journal Al-Wafd et la chaîne Al-Hayat ont indiqué que Morsi a demandé à Ashton de l’aider à prendre contact avec le leader des Frères Musulmans Mohammed Badiî, et à la libération de Kheiret Chater , mais n’a pas demandé à être lui-même libéré .

La même source révèle, également, que Ashton a exprimé sa conviction que ce qui s’est passé en Egypte est une révolution populaire et non un coup d’Etat militaire, et que l’UE comptait fournir une aide financière et humanitaire aux frères musulmans, mais qu’elle a fait marche arrière après l’entretien Ashton – Morsi.

Deuxièmement, les observateurs ont relevé un changement dans l’attitude des dirigeants islamistes égyptiens, depuis lundi, jour de leur entretien avec Ashton .Ils se sont contentés d’appeler le pouvoir égyptien à stopper les arrestations des islamistes. Et ces mêmes observateurs décèlent dans cette nouvelle attitude une certaine reconnaissance du nouvel état de fait en Égypte.

Ashton leur aurait conseillé de tenir compte de la nouvelle réalité, née, le 3 juillet 2013.

Troisièmement , la mobilisation des pro-Morsi ,mardi, était une des plus modestes du mois de juillet , et loin du million de personnes « ambitionné » par les organisateurs , en vue d’impressionner la responsable européenne , et, à travers elle, l’opinion publique internationale ,la foule était très peu nombreuse .

Ashton, qui a également rencontré, plusieurs acteurs politiques, notamment le président par intérim, Adly Mansour, et le chef de l’armée Abdel Fattah Al-Sissi, ainsi que des représentants des formations islamistes, affirme qu’elle œuvre à faciliter l’émergence de « bonnes idées » et promouvoir celle d’une transition « incluant toutes les forces politiques », y compris les islamistes. Elle a saisi l’occasion pour appeler les Frères musulmans à participer à la transition démocratique, (qui n’a pas été rompue par le limogeage de Morsi), chose qu’ils refusent encore , pour le moment .

En fait, l’UE qui indique vouloir continuer à jouer un rôle de facilitateur, en usant de tous les moyens (y compris le levier financier) , pour un retour à la démocratie dans le pays, insiste sur sa démarche qui consiste à aider et non imposer et sa conviction que la solution à la crise, dépend des Égyptiens eux-mêmes.

Mohamed El Baradei , qui semble aller dans le même sens qu’Ashton, réaffirme que les Frères musulmans font toujours partie du processus politique, et exprime son souhait de les voir y prendre part , rejetant, toutefois , la participation de l’ancien président ,qui avait « échoué », au processus actuel de transition, selon son expression .

Morsi est sous le coup d’une demande de mise en détention préventive de la part de la justice , et il est accusé de complicité avec le Hamas palestinien, notamment, lors de son évasion de prison début 2011, pendant la révolte contre le régime de Hosni Moubarak, et de divulgation de secrets d’Etat à l’organisation des Frères Musulmans .

Politiquement, Morsi est accusé d’immaturité politique en cherchant à imposer un programme qui se base uniquement sur les solutions préconisées par son parti , faisant fi des autres forces politiques .

Aboussaoud Hmidi

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