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Pourquoi le niveau d’endettement public n’a pas baissé et risque encore d’augmenter ?

AM *

D’un côté, jusque-là, la Tunisie a remboursé toutes ses dettes échues et aucune d’elles n’a été rééchelonnée. De l’autre, très peu de projets publics ont été réalisés ou en cours de réalisation, la maintenance de l’infrastructure (routes, hôpitaux, écoles, stades, …) quelle qu’elle soit, est quasi à l’arrêt et le recrutement dans le secteur public est au ralenti. Dans ces conditions, le niveau d’endettement global (intérieur et extérieur) du pays aurait dû baisser, or, il se trouve qu’il est passé entre 2019 et 2023 de 69% du PIB à 79%. Et tout le monde se demande pourquoi.

En réalité, l’Etat n’a jamais arrêté de s’endetter, particulièrement sur le marché intérieur : une aubaine parce que le secteur privé est de moins en moins demandeur de financement. La raison est toute simple et personne n’en parle parce qu’au nom de la souveraineté, nous avons rompu avec la seule institution qui est le FMI. Ce dernier n’a jamais arrêté de mettre le doigt sur ce problème et a toujours maintenu la pression sur les autorités pour arrêter le développement de cette bombe à retardement qui n’est autre que la charge de compensation, celle des produits essentiels, du carburant et du déficit des entreprises publiques. En effet, l’ensemble des résidents en Tunisie, permanents et occasionnels, bénéficient de produits généreusement compensés. A titre d’exemple, le prix de vente du couscous et des pâtes alimentaires est l’équivalent de 23% de son prix coutant, ceux de la semoule, du grand pain et de la baguette sont respectivement de 28%, 24% et 33%, sans oublier la compensation du carburant qui augmente exponentiellement vu l’augmentation du nombre de véhicules utilitaires en circulation et la régression du service de transport public. En dehors du secteur bancaire, rares sont les entreprises publiques qui sont bénéficiaires. Le déficit de l’une d’elle a frôlé le milliard de dinars en 2023. Cette situation n’est intéressante ni pour l’Etat dont la charge ne cesse d’augmenter, ni à terme pour les bénéficiaires résidents. Ces derniers subissent déjà les conséquences sous forme de baisse de leur qualité de vie (coupure fréquente d’eau et d’électricité, pénurie de plusieurs médicaments et autres produits essentiels), perte de pouvoir d’achat, absence de perspectives d’emploi pour leurs enfants et leurs petits-enfants, d’où les vagues d’émigration vers l’étranger (de moins en moins de nouveaux projets et de création d’emploi). Les gouvernements successifs en place depuis le début des années 2000 auraient dû se montrer moins populistes et plus audacieux en optant pour une stratégie pérenne qui est l’opposé du gel des prix des produits compensés et plus ou moins des salaires. C’est celle de se diriger vers la réalité des prix de manière progressive et en harmonie avec l’ajustement des salaires, des pensions et des aides sociales. Avec la restructuration des entreprises publiques, c’est la seule et unique issue pour réduire le gaspillage, éviter progressivement que la compensation aille à ceux qui ne la méritent pas, arrêter d’augmenter la pression fiscale qui devient très handicapante pour le secteur privé, le créateur de richesse et de vrais emplois.

*Statut fb de Mohamed Ali Daouas, ancien Gouverneur de la BCT

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