Imed Heni est un cadre de l’OACA. On ne mettra pas sa photo, pour ne pas utiliser celle du petit garçon qu’il affiche sur sa page des réseau sociaux. Son dernier Post est en relation avec toutes les informations qui circulent sur le départ de plusieurs centaines de cadres tunisiens à l’étranger. Il en donne son explication et elle est loin d’être idiote. Sa réponse est que les cadres tunisiens émigrent, «pas tellement pour l’argent, pour la plupart, mais pour échapper à des détails de la vie qui deviennent insupportables. La boue, les nids de poule, une voiture qu’on lave aujourd’hui et qui devient couverte de saleté le lendemain, un portier devant un hôtel qui te chasse comme un vulgaire bandit et qui t’humilie devant tes enfants à qui tu as promis piscine et pizzas.
un policier qui te crie dessus, un bus qui n’arrive pas, un agent de l’administration qui ne te regarde même pas. Tu vas au restaurant, on te traite comme un mendiant et tu paies 30 dinars pour un plat de spaghettis aux fruits de mer congelés. le processus s’est accéléré ces deux dernières années et c’est inquiétant. La patience des cadres a des limites quand ils savent qu’ils peuvent vivre mieux en France, en Allemagne ou au Canada, ils partent….
On quitte pour payer plus d’impôts mais pour voir que son argent est utilisé pour rendre son vécu plus agréable. Une crèche pour ses enfants, une bonne école publique et un bus qui part à l’heure. Si on veut garder nos cadres, il faudrait rendre leurs vécus plus supportables, une salle de consultation et non un dépotoir pour un médecin, une classe de 20 élèves pour un enseignant, un supérieur hiérarchique qui comprend ce qu’un ingénieur se tue à lui expliquer. Ce sont ces petites choses qui rendent notre vie insupportable et qu’on a envie de quitter.
Sinon il fait plus beau en Tunisie qu’au reste du monde.