AccueilLa UNEQue veut Haftar de la Tunisie et pourquoi lui en veut-il?

Que veut Haftar de la Tunisie et pourquoi lui en veut-il?

De toute évidence, le maréchal Khalifa Haftar n’a jamais été en odeur de sainteté en Tunisie, et rien ne permet de dire que ce ne sera pas le cas à l’avenir au vu de l’humeur invariablement belliciste que témoigne le maître de l’Est libyen à l’endroit des Tunisiens, peuple et direction politique confondus, qui, faut-il le préciser, ne lui ont jamais rendu la pareille, allant même jusqu’à l’accueillir dans leurs murs.

C’est une hostilité que charrie au mépris des règles de bon voisinage, une vidéo d’officiers appartenant aux milices de Khalifa Haftar qui menaçaient la Tunisie et son peuple. Les partisans de Haftar, qui semblent appartenir à des groupes religieux extrémistes, semblent brandir la menace de prendre le contrôle de la Tunisie, après avoir achevé leur mainmise sur le reste de la Libye. Un des officiers de la vidéo a crié hystériquement : « Nous viendrons en Tunisie « . Au milieu des officiers scandant des takbirs, un autre a juré d’anéantir le peuple tunisien, en disant : « Vous voulez nous anéantir avec le coronavirus, nous vous anéantirons avec ceci », en montrant son arme.

Des scènes qui ont suscité des réactions de condamnation de la part de l’opinion publique tunisienne Bien que tout le monde soit préoccupé par la quarantaine due à la propagation du coronavirus, les médias sociaux se sont concentrés sur la vidéo et l’ont tournée en dérision. D’autre part, et bien que les autorités officielles aient évité de commenter la vidéo, la zone frontalière avec la Libye, en particulier les zones limitrophes du point de passage frontalier de Ras Jedir, a connu des renforts militaires et de sécurité tunisiens, ainsi qu’un état d’alerte, la nouvelle se répandant que les milices de Khalifa Haftar tentent de se diriger vers le point de passage pour le contrôler depuis le côté libyen, à environ 15 kilomètres du territoire tunisien.

Une aversion surprenante

Il n’est pas surprenant que les milices de Khalifa Haftar expriment une telle hostilité et tension envers le peuple tunisien et son pays, à la lumière de la campagne médiatique menée par les chaînes de télévision de Haftar, qui dépeignent la Tunisie comme un ennemi potentiel. Et ce, en dépit du fait qu’il n’existe pas d’indications officielles tunisiennes justifiant cette attitude agressive, certifie Al-Araby Al-Jadeed, dans un article, relayé par le site Middle East Monitor.

En fait, et depuis le déclenchement de la crise libyenne, la Tunisie a tenu à s’engager à défendre sa légitimité et à traiter avec la partie qui jouit d’une reconnaissance internationale, à savoir le gouvernement de Tripoli, lequel contrôle les points de passage frontaliers reliant le sol libyen à la Tunisie. Et si l’ancien président, Moncef Marzouki, a clairement condamné la tentative de coup d’État de Haftar en 2014, la politique du défunt président, Beji Caid Essebsi, est restée prudente et a tenté de trouver des voies de dialogue avec les parties en conflit en Libye. Il a reçu Khalifa Haftar en septembre 2017, de la même manière qu’il a rencontré Fayez Al-Sarraj, le chef du gouvernement d’entente nationale reconnu internationalement. Il a souligné lors de ces deux rencontres que la politique de la Tunisie est basée sur la non-ingérence dans les affaires intérieures libyennes et sur la promotion de l’idée de dialogue entre les parties en conflit.

Quid de Kais Saied ?

Avec l’arrivée de l’actuel président, Kais Saied, à la fin de 2019, la politique étrangère tunisienne est restée dans un état de stagnation et la Tunisie a été absente de la conférence de Berlin. Le président n’a rencontré que les chefs de tribus libyennes, qui n’ont ni poids ni influence, et la position tunisienne s’est accrue dans l’obscurité et le repli sur soi, surtout si l’on considère la priorité des affaires intérieures et la lutte contre la pandémie mondiale comme une préoccupation majeure. Et ce, malgré le fait que tout conflit libyen concernant le poste frontière de Ras Jedir constituerait en effet une menace pour la sécurité tunisienne, ce qui exige beaucoup de prudence et d’attention.

Malgré les positions officielles tunisiennes qui n’expriment aucune hostilité envers les parties en conflit, et malgré la présence de personnalités et de canaux médiatiques fidèles à Haftar en Tunisie, l’état d’hostilité que Khalifa Haftar exprime envers la Tunisie et son système politique est intéressant. Dans une interview avec France24, diffusée en juillet 2017, Haftar a admis avoir libéré de nombreux membres de l’organisation terroriste Daesh et les avoir forcés à entrer en Tunisie. Il s’agit d’une mesure hostile qui révèle son mépris pour les usages et les convenances du voisinage et l’importance de la lutte contre le terrorisme plutôt que de l’utiliser comme moyen de pression politique pour extorquer des positions de soutien aux pays voisins, note Al-Araby Al-Jadeed. L’hostilité de Haftar peut s’expliquer par le grand malaise qu’il ressent à l’égard du gouvernement démocratique tunisien et par l’harmonie et l’accord que les principales forces politiques du pays ont réussi à sceller, malgré leurs conflits idéologiques et leurs différences politiques. Il pourrait s’agir d’un exemple politique sur lequel les Libyens misent pour résoudre le violent conflit vécu dans leur pays. Il n’est donc pas étrange que des tentatives de déformer l’image du gouvernement tunisien soient faites dans les médias fidèles à Haftar, tant en Libye qu’en Tunisie, qui ont appelé à mettre fin à la transition démocratique en Tunisie.

Tout observateur objectif est conscient du danger que représente la mise de la Libye sous la coupe de la milice de Haftar, compte tenu de son utilisation de groupes religieux conservateurs, tels que les madhistes salafistes, et de sa dépendance à l’égard de forces régionales, comme les EAU et l’Arabie saoudite. Cela constitue une menace sérieuse pour le modèle de coexistence sociale en Tunisie et pour sa transition démocratique, conclut Al-Araby Al-Jadeed.

Traduction&synthèse : AM

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1 COMMENTAIRE

  1. C’est dangereux ce que fait African manager en se faisant perlais sana aucune forme d’analyse de réflexion et de discernement d’une propagande plus que grossière identifiable par n’importe quel inculte.

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