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Quelle marge de manœuvre pour Najla Bouden au cas où il y en aurait une ?

Annoncée pour les « toutes prochaines heures » de samedi en début de soirée, par le président de la République, Kais Saied, la composition du gouvernement qu’aura formé la cheffe du gouvernement désignée Najla Bouden n’a pas encore livré ses secrets plus de vingt-quatre heures plus tard. Un développement qui fait certes durer le suspense, mais aussi et surtout exaspère  et les Tunisiens et les chancelleries diplomatiques, le tout se déroulant sous la condition d’une discrétion absolue.

Du coup, l’on se retrouve en face d’un torrent de conjectures que le chef de l’Etat ne fait qu’attiser  chaque fois  qu’il juge opportun de s’exprimer ou de gloser sur la situation politique dans la pays ,  en puisant, le plus souvent, dans son bréviaire aux accents pugnaces , à certains égards belliqueux, dont  sont rarement absentes les plateformes de missiles  dont sont menacés des adversaires tellement putatifs que chacun en arrive à se sentir visé.

Dans cet exercice, aucune piste ne peut être déblayée, aucun début d’explication ne  peut être deviné. La cheffe du gouvernement désignée, toujours mutique, ajoute désespérément une  touche brouillardeuse  à tout le processus de formation du gouvernement. Au regard des ressorts du choix du président de la République  qui se résument au fait que c’est la première fois qu’une femme est appelée à diriger un gouvernement en Tunisie et dans le monde arabe, nul ne peut avancer quoi que ce soit de pertinent pour  déchiffrer  ce que sera le sort de la Tunisie au cours de la prochaine étape.

« Le fait qu’une femme ait été nommée est excellent ; c’est un pas en avant [et] cela rompt avec les stéréotypes. Mais ce n’est pas suffisant. Le programme politique du gouvernement – son gouvernement – doit suivre des principes égalitaires », a déclaré Sarah Medini analyste politique à l’organisation féministe tunisienne Aswat Nissa,  citée par « The Guardian ». »Elle arrive à un moment incroyablement critique. Elle a beaucoup de travail à faire. »

Hèla Yousfi, maître de conférences en sociologie à l’université Paris Dauphine, trouve, elle, que  cette nomination n’était pas surprenante, étant donné le parcours de Kais Saied, professeur de droit devenu politicien.

« Kais Saied a été porté au pouvoir par un mouvement populaire extra-parlementaire, qui a exprimé sa totale méfiance à l’égard de la classe politique », a déclaré Yousfi. « Il y a donc là une cohérence avec la nomination de quelqu’un d’extérieur à la classe politique. C’est cohérent avec la crise de confiance totale du peuple tunisien envers la classe politique, qui a échoué depuis 10 ans à répondre aux aspirations de la révolution tunisienne. »

Il est à craindre que Bouden n’ait qu’une faible marge de manœuvre. Saied a maintenu en place les mesures d’exception qu’il a introduites en juillet, garantissant ainsi que le Premier ministre sera uniquement responsable devant lui. Certains ont prédit qu’elle serait un simple pion du président, souligne le tabloïd londonien.

L’avis des sceptiques !

Il est en tout cas difficile de savoir dans quelle mesure la cheffe du gouvernement sera associée  dans les décisions de haut niveau, compte tenu du comportement récent du président, pense, pour sa part, le site Vice Magazine. La semaine dernière, des organisations tunisiennes et internationales de défense des droits de l’homme ont publié une déclaration commune mettant en garde contre la « confiscation sans précédent du pouvoir » de Saied et indiquant que « tout changement du cadre politique ou constitutionnel doit se faire dans le cadre prévu par la Constitution ».

« La nomination de Najla Bouden au poste de Premier ministre cimente le statut de la Tunisie, depuis des décennies, en tant que leader régional en matière de droits des femmes », a déclaré Will Todman, chargé de mission Moyen-Orient et Afrique du Nord au CSIS, à VICE World News. « De nombreux Tunisiens célèbrent certainement sa nomination et la considèrent comme une reconnaissance du rôle essentiel joué par les femmes dans la transition post-révolutionnaire de la Tunisie.

« Cependant, d’autres sont plus sceptiques quant aux motivations du président Saied. Les critiques mettent en doute son engagement en faveur de l’égalité des sexes et estiment que le Bouden aura moins de pouvoir que ses prédécesseurs. Pendant la campagne présidentielle, Saied s’est opposé à une loi sur l’héritage qui aurait consacré l’égalité entre les hommes et les femmes. Il a rendu le rôle du premier ministre moins important après avoir étendu ses propres pouvoirs.  Bouden est une nouvelle venue sur la scène politique et ne dispose pas de sa propre base de partisans. Cela signifie qu’il est peu probable qu’elle représente un centre de pouvoir rival de Saied. »

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1 COMMENTAIRE

  1. Désignation des membres du gouvernement Bouden : Il semble que les choses avancent lentement et sûrement car la vérification des profils des candidats n’est pas simple car KS ne veut pas tomber dans les mêmes erreurs qu’autrefois, la précipitation dans les décision aura des retombés négatives sur la marche du nouveau gouvernement. Cependant KS n’aurait pas dû déclarer la date et le temps de la parution des noms de léquipe. Cette précipitation n’aurait pas eu lieu.
    Par ailleurs, un autre scénario pourrait être valable compte tenu de cette attente, c’est que soit la volonté du désistement de la Cheffe du gouvernement BOUDIN vu les défits attendus, soit le temps mis pour le contrôle approfondu du CV des candidats (corruption, affaires en justice, crédibilité, enrichissement illicite, biens à l’extérieur et en Tunisie,…), soit des candidats qui se sont désistés de la liste compte tenu de la situation économique et des attentes légales mais exagérés des citoyens.

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