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Qu’est-ce qui se cache derrière le pacte migratoire tuniso-italien?

Alors que la hiérarchie tunisienne poursuit ses accords migratoires avec les pays européens, il est craint  que la Tunisie  ne soit confrontée à une répartition disproportionnée et injuste des migrants africains et sud-asiatiques, ainsi qu’à ses propres expulsés.

Les médias tunisiens et italiens ont fait état d’un accord migratoire conclu le 17 août 2020, à la suite de la visite des ministres italiens des Affaires étrangères et de l’Intérieur, accompagnés des commissaires européens Ylva Johansson et Oliver Varhelyi.

Les détails spécifiques de l’accord étaient lapidaires, note le site «The New Arab», qui cite toutefois   un reportage d’investigation de Rai News 24, diffusé le  25 novembre 2021 dévoilant  que les deux parties ont conclu un accord sur la migration mais que le contenu et le texte n’ont jamais été communiqués aux contribuables tunisiens et italiens. L’accord prévoit un financement direct de plusieurs millions d’euros pour la Tunisie en échange d’un engagement des autorités tunisiennes à accepter de rapatrier ses migrants. Plus précisément, il  comprend huit millions d’euros pour les garde-côtes tunisiens et la création d’un fonds de 30 millions d’euros sur une période de trois ans (2021-2023) pour aider la Tunisie à lutter contre la migration.

Sitôt convenu, sitôt fait

« Dès 2020, le ministre italien des Affaires étrangères a déclaré que son pays commencerait à rapatrier les migrants tunisiens irréguliers chez eux… et a noté que 80 personnes seront expatriées chaque semaine ».

Malgré les réactions hostiles de la société civile et de l’opinion publique,  le président tunisien Kais Saied, qui détient  tous les  pouvoirs, depuis le 25 juillet 2021, , a accepté le rapatriement des migrants tunisiens irréguliers en France et en Italie.

Le 16 décembre, le ministère italien de l’intérieur a déclaré que sur les 63 246 migrants arrivés en Italie jusqu’à présent en 2021, 24 % d’entre eux étaient des Tunisiens. Depuis le début de l’année 2021, l’Italie a expulsé en moyenne 129 Tunisiens chaque semaine, ce qui porte le total à environ 5 000 jusqu’à présent.  « Tout se passe en un temps très court. Ils entrent dans un centre d’expulsion, sont présentés à un juge de paix et, en quelques jours, ils sont envoyés par avion à Palerme pour être identifiés, puis renvoyés directement en Tunisie », a-t-il expliqué a commenté Maurizio Veglio, un avocat italien spécialisé dans les droits des migrants.

Un manque de transparence récurrent

En mars 2014, la Tunisie avait déjà  signé des accords avec l’UE pour le retour des immigrés tunisiens illégaux et pour l’accueil permanent des demandeurs d’asile d’autres pays africains. Mais depuis, Tunis a toujours nié ces accords. A la même date, la Tunisie a signé des accords avec l’UE pour le retour des immigrés clandestins tunisiens et pour l’accueil permanent des demandeurs d’asile d’autres pays africains. » Pour améliorer la gestion des migrations, l’UE a également promis de soutenir le développement d’un registre biométrique tunisien de la population.

Conformément au plan d’action de La Valette, annoncé lors du sommet de La Valette sur la migration (novembre 2015), la Tunisie a, en outre, été choisie pour être un pays pilote pour l’identification et la mise en œuvre de programmes de migration légale.La Commission européenne a également proposé une aide macrofinancière supplémentaire de 500 millions d’euros, qui sera déboursée en 2016 et 2017.

Qu’est-ce qui se cache derrière la discrétion de Kais Saied ?

« Il n’y a pas d’accord écrit entre Saied et le gouvernement italien, encore moins publié ou lisible », a déclaré à The New Arab un défenseur italien de la liberté de la presse, qui a préféré garder l’anonymat.

« En revanche, l’accord migratoire continue de fonctionner à merveille pour l’Italie et la Tunisie avec des voyages de rapatriement sécurisés deux ou trois fois par semaine et la hotline mise en place pour avertir des départs de migrants de Tunisie », ajoute l’analyste.

« Bien que la Tunisie ait maintenant recommencé à accepter le rapatriement depuis la France, l’accord fonctionne parfaitement avec l’Italie mais moins avec la France, car la Tunisie a des liens politiques particuliers réservés avec la France et peut-être parce que l’Italie paie bien, comme elle le fait avec la Libye, et pas la France. »

Les engagements bilatéraux pris dans le cadre du partenariat pour la mobilité comprennent l’ouverture de négociations sur un accord de facilitation des visas et un accord de réadmission. Ces négociations avec la Tunisie devaient commencer le 12 octobre 2016, mais elles ne l’ont jamais fait.

En février 2017, lors d’un point presse conjoint avec la chancelière Angela Merkel à Berlin, l’ancien Premier ministre Youssef Chahed (2016-2020) a formellement démenti que la Tunisie ait conclu un quelconque accord avec l’Allemagne concernant l’établissement de camps de réfugiés sur son sol. Chahed a même refusé l’idée de faciliter le retour des « immigrants irréguliers » tunisiens en Allemagne. Il a déclaré à ses hôtes allemands que ces immigrants « doivent encore être confirmés comme Tunisiens ».

Même avant l’accord migratoire secret conclu le 17 août par Kais Saied avec l’Italie, les précédents présidents et premiers ministres tunisiens ont régulièrement nié toute intention de faire de la Tunisie un pays d’accueil permanent pour les réfugiés. Mais leurs actes et leurs décisions secrètes montrent le contraire.

En janvier 2020, le gouvernement tunisien a alloué une zone au village de Bir Fatnassia, près de Remada, au sud-est de la Tunisie, pour un camp de réfugiés censé accueillir des migrants subsahariens et des demandeurs d’asile fuyant la guerre en Libye. Les groupes de défense des droits de l’homme et les défenseurs des migrants ont dénoncé le camp de Fatnassia comme étant « un centre de détention à long terme pour les demandeurs d’asile non désirés par l’Europe ».

Les Italiens ont largement réussi à obtenir l’accord de la Tunisie pour expulser ses citoyens qui ont fui « illégalement » la pauvreté et l’injustice dans leur pays d’origine, mais ils n’ont toujours pas repris leurs déchets municipaux expédiés « illégalement » en Tunisie l’année dernière, conclutThe New Arab.

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