On l’a souvent confondu avec son homonyme du secteur de l’électroménager. L’homme, discret et installé au détour d’une rue des dédales de Radès, dans une concession portuaire qui devait lui permettre d’exporter plus facilement, est cependant un industriel dans le secteur du fer.
Ingénieur de formation, il a travaillé dans le secteur de la construction métallique chez le privé à la « Stucom » créée à l’origine pour opérer dans la carrosserie automobile, avant de lancer en 1990 sa propre entreprise, la SNCI avec un crédit « Fonapra » de 25 mille DT, à Sfax, qui deviendra plus tard la société-mère de tout son groupe de Hédi Ben Ayed.
« Un homme d’affaires à la main verte qui réussit tout ce qu’il touche, qui capitalise sur l’humain, et qui n’a pas la mentalité de rentier », dit de lui un professionnel du secteur financier. Le groupe est composé d’une cinquantaine d’entreprises qui font travailler deux mille personnes. Un groupe, désormais international, qui est installé aussi en Algérie et en France (deux entreprises) dans la découpe de la tôle industrielle et la charpente métallique. Le groupe, qui se prépare à coter en bourse l’entreprise « Intermétal », représente aujourd’hui un chiffre d’affaires de 2 Milliards DT.
- Un industriel à la main verte qui lorgne 49 % de la Wib
L’industriel avait aussi été l’un des premiers actionnaires, à 20 % alors, de l’ancien Wifack-Leasing avec Mohamed Malous, et il avait cru en sa capacité à transformer en banque la 1ère en Tunisie à pratiquer le financement islamique.
Intervint alors cette annonce du CMF tunisien, indiquant que « à la demande du Conseil du Marché Financier (CMF) et suite à l’acquisition en bourse en date du 5 janvier 2023 par Mohamed Hédi Ben Ayed de 146 000 titres du capital de Wifack International Bank (Wib), engendrant le dépassement par un groupe d’actionnaires agissant de concert du seuil de 40 % dans le capital de la société [Ndlr : Essentiellement rachetés sur la Bourse de Tunis et chez la STB ], la cotation des titres Wib est suspendue à partir du lundi 9 janvier 2023 ».
On n’en a pas encore tous les détails, mais on comprend déjà de cette décision de suspension du titre Wifak Bank, qu’elle est très probablement motivée par une volonté du désormais actionnaire majoritaire (Plus de 40 %, après les 32,99 % d’avril 2022), qui voudrait aller plus, et voudrait pour cela lancer une OPA (Offre publique d’achat). Et selon nos informations, Hédi Ben Ayed voudrait aller jusqu’à 49 % du capital de la Wib.
On sait aussi que l’opérateur disposait déjà de l’autorisation préalable de franchissement de seuil jusqu’à 33 % de la part de la BCT qui est l’autorité de régulation du secteur bancaire en Tunisie. Il devrait ainsi requérir une autre autorisation pour dépasser ce seuil des 33%, tout en restant juste sous la barre des 50 % du capital de la banque. Et selon nos informations, Ben Ayed aurait déposé une demande dans ce sens à la BCT. Devra par la suite intervenir le CMF pour décider si OPA il y aura, mais toujours dans la limite de 49,9 %, soit 50 % moins une action. La suspension de la cotation de la Wib ne sera levée qu’après décision du CMF. Et si décision est prise d’une OPA, et que l’offre dépasserait le niveau requis, les offres seraient satisfaites au prorata, car la centralisation est faite par la BVMT.
- Le bon apport, encore sous réserve de la BCT et du CMF, d’un capitaine de l’industrie
Notons, par ailleurs, qu’à fin juin 2022, les produits d’exploitation bancaires de la Wib (150 MDT de capital) ont enregistré une hausse de 22,32 % par rapport à la même période de 2021 (+23,85 % au 30 septembre 2022). Les charges d’exploitation bancaires ont augmenté de 23,06 % par rapport au 30 juin 2021 (+27,9 % à la fin du 3ème trimestre). Le PNB de cette banque, qui pratique la finance islamique, a enregistré une augmentation de 5,1 MDT, soit une hausse de 21,82 % par rapport au 30 juin 2021 (+21,11 % au 30.9.22).
Les encours des financements à la clientèle y ont enregistré une augmentation de 147,852 MDT, soit une hausse de 26,14% par rapport au 30 juin 2021. Les dépôts et avoirs de la clientèle ont enregistré une progression de 17,47% par rapport au 30 juin 2021 qui provient à hauteur de 85% des dépôts à vue et l’épargne. A la fin de 1er semestre de l’exercice 2022, la Wib affichait un résultat net bénéficiaire de 3,266 MDT après le déficit intermédiaire de la même période de 2021, de -234 mille DT alors qu’elle terminait l’exercice de 2021 bénéficiaire de 1,8 MDT.
Notons aussi que la Wib avait été notifiée respectivement le 30 décembre 2020 et le 19 avril 2021 des résultats du contrôle fiscal approfondi pour la période allant du 1e janvier 2015 au 31 décembre 2019, avec un redressement global de 3, 984 MDT en principal et pénalités. Mais aussi qu’en date du 7 avril 2022, un PV de conciliation global, couvrant les deux notifications, a été signé entre les deux parties. Il comprend notamment le paiement de 1,854 MDT (1, 516 MDT au titre du principal et 0, 338 MDT au titre des pénalités fiscales administrative représentant 50 % de leur montant).
Le renforcement, dans son capital, de la participation d’un des capitaines de l’industrie tunisienne, ne lui fera donc que du bien. Autour de Hédi Ben Ayed, on lui prête la très sérieuse intention de la porter la Wib à l’international.