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Radhi Meddeb : «La descente aux enfers du dinar. Il faut siffler la fin de la récréation»

« La chute du dinar est inéluctable dans la conjoncture actuelle. Elle résulte mécaniquement de deux facteurs, d’abord le déséquilibre grandissant de notre balance des paiements et de l’approfondissement conséquent de notre déficit courant ». C’est ce qu’a indiqué l’expert économique Radhi Meddeb, dans une interview accordée à Africanmanager. Cela est dû rapporte aussi au niveau élevé de l’inflation en Tunisie, surtout le différentiel d’inflation avec notre principal partenaire commercial, l’Europe, précisant que le différentiel d’inflation avec l’Europe est aujourd’hui de 5% l’an.

Il a souligné, en outre, que « le déficit courant a atteint des niveaux historiques. « À défaut d’une nécessaire augmentation du volume de nos exportations et d’une maîtrise de nos importations, l’ajustement se fera par le taux de change : le dinar baissera, les devises nécessaires au paiement de nos importations seront plus chères, les importations aussi, et cela diminuera la demande de produits importés. C’est mécanique, mais cela risque d’être lourd à supporter en termes de pouvoir d’achat des populations », a-t-il dit.

Radhi Meddeb a reconnu, à ce propos, que « tant que nous ne relèverons pas significativement le volume de nos exportations, la descente aux enfers du dinar est une chronique annoncée », soulignant que le dinar se relèvera ou cessera de se dévaluer quand la situation sociale du bassin minier reviendra à la normale et dès que la production retrouvera au-moins ses niveaux d’avant janvier 2011, mais aussi quand les usines de textile, les industries mécaniques et électriques retrouveront leur capacité de production, la qualité et la fiabilité qui étaient leurs marques de fabrique pendant longtemps. « Il est largement temps de siffler la fin de la recréation », a-t-il affirmé ajoutant qu’il y va de la viabilité du pays, de sa stabilité sociale, mais aussi de sa sécurité et de sa capacité à continuer à honorer ses engagements extérieurs.

Interrogé sur la partie qui doit assumer la responsabilité, à l’instar de la Banque centrale, l’expert économique a indiqué que la banque suit effectivement les paramètres à l’origine des variations de la parité du dinar, à savoir le taux d’inflation, le déficit courant ou encore le niveau des réserves de changes. La Banque injecte aussi quotidiennement les volumes de devises dont le marché a besoin. Elle s’assure ainsi de la rencontre de l’offre et de la demande en devises et contribue à fixer le taux de change du dinar par rapport aux principales monnaies internationales. Ila précisé, cependant, que cela ne rend pas pour autant la BCT responsable de la baisse du dinar puisqu’elle ne fait que refléter la santé économique du pays et de sa monnaie », a-t-il dit, soulignant que, fin 2013 et début 2014, la BCT a favorisé la réévaluation du dinar. « Elle avait pensé alors que la dimension psychologique liée à l’aboutissement du Dialogue national et au consensus politique qui en avait résulté allait booster l’économie, mobiliser les appuis extérieurs et aboutir à un relèvement de la parité de change du dinar et elle avait donc anticipé le mouvement. Ce faisant, elle s’était départie de son rôle et s’était aventurée sur le terrain politique. La suite était prévisible: les approches administratives ne résistent pas longtemps à la loi du marché », a-t-il expliqué.

S’agissant des solutions, Radhi Meddeb a indiqué qu’il n’y a pas de miracle et que la vraie solution réside dans le retour du pays au travail, dans la restauration des capacités de production, dans le redressement des exportations, dans le rétablissement de la sécurité et le retour à l’ordre.

La solution réside, également, selon lui, dans la rationalisation des importations. « Il est anormal que des importations de produits superflus ponctionnent le peu de réserves de change dont nous disposons. Il serait peut-être nécessaire d’exiger que les importateurs disposent d’une partie au moins des devises nécessaires au paiement de leurs importations », a-t-il dit, soulignant que « certains prônent, aujourd’hui, une dévaluation forte mais je ne pense pas que ce soit là une solution à nos problèmes », a-t-il affirmé.

Selon lui, la faiblesse des exportations de la Tunisie est plus liée à une faible utilisation de ses capacités de production qu’au coût élevé de sa production. « La structure de notre commerce extérieur mais aussi la faiblesse de la valeur ajoutée nationale de l’essentiel de nos produits ou services destinés à l’exportation laissent peu de place à une dévaluation compétitive. Alors évitons les solutions dogmatiques, qui plus est, appauvrissent le pays et remettons-nous sans plus tarder au travail », a-t-il dit.

Pour rappel, la dépréciation du dinar n’a cessé de s’amplifier, depuis quelques semaines, pour atteindre des valeurs inquiétantes voire menaçantes pour l’économie nationale.

La monnaie tunisienne a chuté à vive allure vis-à-vis de la devise européenne et vient effleurer ses plus bas niveaux historiques non loin de 2,3 DT pour un euro, faisant perdre à la monnaie tunisienne 3,36% de sa valeur face à la monnaie unique sur un mois.

Kh.T

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