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Rafik Ben Abdesselem dans l’œil du cyclone

Rafik Ben Abdesselem, ancien ministre des Affaires étrangères et gendre de Rached Ghannouchi est, depuis des semaines, dans l’œil du cyclone. Il comparaîtra, demain mardi, devant le pôle judiciaire pour répondre de plusieurs chefs d’inculpation qui ont trait à la corruption au sein du département qu’il dirigeait entre décembre 2011 et mars 2013. 200 avocats, dont le très illustre Abdelfattah Mourou, seront à ses côtés. A voir les accusations retenues contre lui, on sera loin des grandes affaires politiques engagées depuis les années 1960 contre les militants politiques avec lesquels il tient à se comparer.

Sous le coup d’une plainte déposée, en janvier 2013, par le groupe des 25 avocats, suite à l’affaire du Sheratongate dévoilée par la bloggeuse Olfa Riahi, le parquet l’accuse sur la base de l’article 96 du code pénal, d’avoir « utilisé sa qualité de responsable pour en tirer profit et porter préjudice à l’administration ».

Parallèlement, un quotidien de la place (Al Maghreb ) a fait état, ces derniers jours, d’autres opérations douteuses qui entachaient sa gestion des affaires du ministère des Affaires étrangères . Rafik Abdesselem aurait dépassé, alors qu’il était en charge du ministère, le budget qui était alloué à ses déplacements à l’étranger de 120 mille dinars, celui des frais de communications téléphoniques de 32 mille dinars et remis à son départ du ministère un appareil téléphonique de moindre qualité à la place d’un autre sophistiqué qui lui était accordé lors de sa mission. La même source indique qu’il lui était demandé de restituer l’appareil et de rembourser des sommes s’élevant à 152 mille dinars dues au département .

Rafik Abdesselem s’est illustré pendant les deux dernières années comme un virulent défenseur de la ligne dure adoptée par Ennahdha. Il n’était pas le seul à le faire , mais ce qu’il disait passait , du fait qu’il est le beau-fils de Rached Ghannouchi , pour un discours validé en haut lieu : tous les dépassements commis par les Ligues de la Protection de la Révolution (LPR) , les militants de base nahdhaouis et les responsables du CPR sont justifiés , tous les écarts de langage à l’endroit des anciens responsables de Bourguiba et de Ben Ali (exception faite d’ Ahmed Mestiri qui a été toujours vénéré par les islamistes et leurs alliés ) sont revendiqués et repris . Sur les plateaux , il disait des banalités , mais renvoyait ,en les énonçant, l’image d’un donneur de leçons , d’un connaisseur de choses que les autres , quels qu’en soient l’expérience , l’âge ou le savoir , ne peuvent connaître . En réaction à cette posture arrogante, ses contradicteurs sur les plateaux et les animateurs des réseaux sociaux ont toujours été agressifs envers lui, le présentant comme un responsable simplet qui ne connaissait pas la longueur du littoral tunisien ou la capitale de la Turquie. Les remarques sur facebook de sa femme Soumaya Ghannouchi pour le défendre et développer les thèses dont il se faisait l’avocat devraient l’embarrasser, tant elles sont toujours déplacées et malvenues.

Rafik Abdesselem qui passait pour être une pièce maîtresse dans l’échiquier d’Ennahdha et un élément incontournable dans son système national et régional, a dû quitter le pouvoir au premier tournant vécu par l’islam politique en Tunisie. Son départ, au bout de 15 mois, était perçu, au début, comme un recul tactique de la part d’Ennahdha , pour préserver la carrière des jeunes responsables retirés . Ce choix présageait à ce jeune responsable ,maintenu en réserve de la République , d’être le jour venu propulsé à la faveur d’une nouvelle équation politique vers de nouvelles responsabilités , mais le départ précipité de son parti du pouvoir quelques mois après , ne lui laissait aucun espoir d’un retour proche aux affaires .A cette nouvelle réalité , s’ajoutent ces dossiers étalés sur la place publique et ces chefs d’inculpation dont il doit répondre à brève échéance.

Le cas Rafik Abdesselem est très révélateur des déboires de l’islam politique et des jours difficiles qu’il s’apprête à vivre à l’avenir.

Aboussaoud Hmidi

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