AccueilLa UNESaïed continue à jouer au Bowling gouvernemental

Saïed continue à jouer au Bowling gouvernemental

Le 5ème chef de gouvernement, de la République de Kais Saïed qui en a par ailleurs cassé plus que ses prédécesseurs depuis ladite révolution, a été renvoyé hier soir, un an et une semaine jour pour jour après sa nomination chef de gouvernement, en remplacement de Najla Bouden.

Véritable ogre politique, en un seul mandat, Saïed a « consommé » presqu’autant que Bourguiba (6 chefs de gouvernement), autant que Ben Ali (6 gouvernements), plus que Mbazaa l’intérimaire (2 chefs de gouvernement), plus que Moncef Marzouki (4 chefs de gouvernement) et plus que Caïed Essebssi (3 chefs de gouvernement), sans compter le seul chef de gouvernement des trois mois d’intérim de Mohamed Ennaceur.
Comme pour les quatre autres (Youssef Chahed, Elyes Fakhfakh, Hichem Mechichi et Najla Bouden), le « très cher ami Kais Saïed » dont il était si fier en Algérie et dont il mettait en valeur le cadeau le 7 février 2024, ne s’y était embarrassé d’aucune forme de scrupule, et a renvoyé Ahmed Hachani, séance tenante vers 22 heures du soir, heure à laquelle a été publié le communiqué d’audience avec son remplaçant.

–    Hachani était-il au courant ?

Savait-il qu’il allait être limogé lorsqu’il avait mis en ligne 4 brèves vidéos résumant son bref passage, presqu’à la même heure de l’audience du chef de tout l’Etat avec son nouveau chef du gouvernement ? Sur la page fb de la présidence du gouvernement tunisien, les services de communication avaient, périodiquement depuis mars 2024, pris l’habitude de mettre en ligne des résumés des activités de leur propre chef sous format Pdf. Passer la vidéo, format utilisé par le chef de leur chef, lui aurait-il été fatal ?
Hachani avait-il ainsi anticipé sa sortie par la petite porte de la politique tunisienne en publiant, cette fois en vidéo, sous le titre « Pour Mémoire »(sic) des activités du chef du gouvernement qu’il saurait ne plus être ? Ou avait-il été, au contraire, renvoyé pour l’avoir fait et fait usage, somme toute comme son chef, de la communication sur les réseaux sociaux ?

Peut-être aussi croyait il bien faire en pensant participer ainsi à la campagne présidentielle, à sa manière et sans que cet acte de propagande ne soit perçu comme une campagne avant l’heure du candidat Saïed par l’ISIE ? Tout cela n’est, pour l’instant, et ne restera que supputations.

Le fait que ces vidéos n’aient pas été supprimées ce jeudi, pourrait d’ailleurs signifier qu’elles ne seraient pas la cause du départ de Hachani, qui reste un mystère, comme par ailleurs tous les remaniements ministériels en Tunisie.
Nouveauté cependant, et cela depuis le limogeage de Najla Bouden, Kais Saïed qui se déplace à la Kasbah pour remercier le partant et installer le nouveau locataire en cérémonie officielle. Une touche, qui pourrait être interprétée comme plus humanitaire dans ce jeu de Bowling politique à la tunisienne et qui le recadre dans le sens d’une simple action d’alternance au pouvoir. Il y a pourtant lieu de se demander, tout en sachant qu’on n’aura jamais les réponses, pourquoi avoir changé un fonctionnaire par un autre et pourquoi faire de la part du chef de l’Exécutif ?

–    Spécialiste en droit communautaire, contre juriste avec des connaissances financières
Ancien ministre des affaires sociale chez Saïed, le nouveau chef de gouvernement est né le 25 janvier 1974, en pleine période de relance économique sous le gouvernement Nouira, à Téboursouk dans le Nord-ouest tunisien. Kamel Madouri est titulaire d’un doctorat en droit communautaire et relations Maghreb-Europe et d’une maîtrise en sciences juridiques de la Faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de Tunis 2.

Il est diplômé de l’École nationale d’administration (ENA) et en 2015 de l’Institut de défense nationale. Il est également négociateur international. Il a été membre du Conseil national du dialogue social et vice-président de la sous-commission de la protection sociale du même Conseil, ainsi que membre des conseils d’administration de plusieurs institutions nationales, le Comité général des assurances et les conseils d’administration des trois Caisses sociales. Il a également enseigné à l’École nationale d’administration et à l’École supérieure des forces de sécurité intérieure.

–    Un homme aux diplômes qui lui donnent « la gueule de l’emploi »

Et s’il y a lieu de noter que cette spécialité en droit communautaire pourrait expliquer le choix de Madouri par un président qui porte l’économie communautaire en projet politique, et qui pousse les banques privées à y investir, il y a aussi lieu de relever l’absence de dimension économique ou

financière chez le nouveau chef de gouvernement, même s’il avait été un temps à la tête de la CNSS, dans le projet de Saïed qui se voudrait socioéconomique. Une autre dimension, la sociale du nouveau chef de gouvernement, qui pourrait aussi expliquer son choix par Saïed. Le reste des diplômes de Madouri le placeraient presque au cœur même de l’action de Kais Saïed et des problèmes qu’il gère, tant en local qu’avec l’étranger.
De plus, ceux qui connaissent Madouri, comme le dit l’ancienne conseillère de BCE, Saida Garrach dans un récent Post fb, le décrivent comme un indépendant et « pur produit des choix de l’Etat de l’indépendance ».

Pour le partant, force est de constater, au vu des vidéos du bilan de ses 372 jours à la tête de la Primature, qu’il n’a pas chômé côté économie et finance, et qu’il avait engagé plusieurs chantiers économiques, même s’il n’en a pas fait voir  jusque-là les résultats, notamment sur la hausse des prix malgré la stabilité de l’inflation, sur les pénuries qui diminuent sans disparaître.

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