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Son conseiller économique appelle Chahed à « plus de pas vers l’UGTT »

Une nouvelle grille de lecture de la situation économique et sociale est en train de prendre forme à la présidence du gouvernement. Il s’agit d’appréhender autrement les problèmes qui s’y posent, et surtout d’échafauder des approches et des solutions qui jurent voire rompent avec celles adoptées jusqu’ici et qui, faut-il s’en convaincre, n’ont pas été à même de renverser la vapeur, voire conduit, par endroits, au pire.

On peut en saisir les contours au travers d’une interview que le conseiller économique du chef du gouvernement, Lotfi Ben Sassi, a accordée il y a quelques jours, à Express fm, où il a développé les thèmes récurrents qui agitent l’économie du pays et les répercussions sociales y associées, certes, mais en y ajoutant une touche qui renseigne sur des prémisses d’une sorte d’aggiornamento dont il peut être espéré qu’il contribuera à détendre le climat social et redresser autant que possible les indicateurs financiers et économiques de la Tunisie. En tout cas, a-t-il estimé, 2019 sera une année charnière pour la Tunisie au triple plan politique, économique et social, appelant, du reste, les pays qui soutiennent la Tunisie, plus particulièrement les bailleurs de fonds         à lui apporter un surcroit d’appui.

Mais c’est sur le plan domestique, singulièrement social avec la crise qui ne cesse d’envenimer entre le gouvernement et l’UGTT, que les choses devraient bouger. Il a appelé le gouvernement à franchir des pas supplémentaires en direction de l’UGTT eu égard à l’extrême importance que revêt la stabilité sociale sur laquelle repose essentiellement le climat de l’investissement. Dès lors, le gouvernement est tenu de consentir des efforts additionnels alors que l’UGTT est appelée à tenir compte des         équilibres financiers de l’Etat dont le budget est soumis à de fortes pressions financières, a-t-il insisté.

Un accord en vue !

Au demeurant, il a fait part de son optimisme quant à la possibilité que le gouvernement et l’Organisation ouvrière arriveront à un accord sur les augmentations salariales dans la fonction publique. L’essentiel étant de rapprocher les points de vue des uns et des autres, a-t-il dit, estimant que, économiquement, le coût de l’escalade est beaucoup plus important que celui de l’effort qu’aurait déployé le gouvernement pour trouver une solution. Il a affirmé que les partenaires sociaux sont conscients de ces enjeux et accompli des pas dans ce sens mais sont redevables d’un effort supplémentaire ressortissant au sens de la responsabilité et à l’intérêt national.

Lotfi Sassi, tout en affirmant que le gouvernement a présenté aux partenaires sociaux des propositions raisonnables, a reconnu que le pouvoir d’achat du Tunisien s’est manifestement détérioré ne lui permettant pas de vivre dans de bonnes conditions. Le         problème, a-t-il expliqué, réside dans les sureffectifs de la fonction publique entraînant une masse salariale très élevée alors que, paradoxalement, les salaires en eux-mêmes ne le sont pas. L’UGTT revendique, à bon droit et à juste titre, l’amélioration des salaires des fonctionnaires dès lors qu’elle ne réclame pas des augmentations salariales indexées totalement sur le coût de la vie et du taux d’inflation, a-t-il indiqué, mais appelle à un réaménagement qui permette de freiner la dégradation du pouvoir d’achat. Lotfi Ben Sassi a reconnu que des retards ont été accumulés à cet égard, soulignant la nécessité d’y remédier. Pour sa part, le gouvernement fait face à des revendications d’augmentations salariales de l’ordre de 1470 millions de dinars au titre de 2019, soit des répercussions financières d’environ 1500 millions de dinars. Il a rappelé qu’en 2018, la taxe sur la valeur ajoutée a été augmentée d’un point, ce qui a procuré à l’Etat 250 millions de dinars. Les augmentations salariales demandées, traduites en points de TVA, totalisent 1500 millions de dinars, soit 5 points, autant d’inflation dont le taux passerait alors de 7,5 à 12%, ce qui est insupportable pour le citoyen.

La carotte plutôt que le bâton

Dans son interview, Lotfi Ben Sassi a été amené à aborder aussi un autre accroc récurrent de la situation financière et économique, l’évasion fiscale et le marché parallèle, mettant l’accent sur la nécessité de lutter contre ces deux phénomènes, tout en œuvrant à intégrer le secteur informel dans l’économie réelle, afin de procurer à l’Etat des recettes fiscales. C’est un travail de longue haleine, a-t-il dit, appelant à opter pour la carotte plutôt qu’au bâton, faisant remarquer que les approches basées sur la bâton au travers des différentes variations de la police, fiscale, environnementale… n’ont pas abouti aux résultats escomptés, et prônant la réduction de la pression fiscale et l’incitation à rejoindre l’économie réelle. La trêve fiscale instaurée dans la loi des finances 2019 s’inscrit dans cette vision, a-t-il souligné.

Les réserves en devises se redressent

Lotfi Ben Sassi a estimé que les troubles sociaux qui durent depuis 2011 ont frappé de plein fouet les secteurs pourvoyeurs de devises, citant essentiellement celui du phosphate outre la chute de la production du pétrole et les attentats terroristes qui ont touché dramatiquement le secteur du tourisme. Au point que les avoirs en devises dans la Banque centrale qui s’élevaient à quelque 11 milliards de dollars, fin de 2010, ont dégringolé à 5,5 milliards $ en 2015, soit la moitié du matelas en devises dans lequel l’Etat a puisé durant toute cette période, pour se retrouver, depuis, aux prises avec la crise du Dinar qui allait s’aggravant, en commençant à se déprécier depuis 2016. Une situation qui a commencé à se redresser à l’heure actuelle avec la remontée, ces derniers jours, des réserves en devises à 91 jours d’importation, de qui restaurer la confiance des investisseurs.

Evoquant le de-cashing, le conseiller économique du chef du gouvernement a affirme qu’il s’agit d’un projet structurant qui requiert la mise en place d’une infrastructure du paiement électronique qui permettra , à titre principal, de lutter contre l’évasion fiscale , de renforcer les recettes fiscales de l’Etat et d’atténuer le phénomène de la thésaurisation.

L’année 2019 sera celle de la sortie de la Tunisie des listes noires sur lesquelles elle a été portée, a affirmé enfin Lotfi Ben Sassi, soulignant que le gouvernement n’a ménagé aucun effort pour donner droit de cité à la transparence, notamment dans les transactions financières.

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