L’envolée des faits de corruption ces dernières années, fantasme ou réalité ? Les Tunisiens ont tranché dans un sondage commandé par la Fondation Konrad Adenauer et réalisé par SIGMA ce mois de février : 78% des citoyens interrogés soutiennent que le fléau de la corruption en Tunisie a fait un bond en avant après la révolution. 64% sont même d’avis qu’il a fortement augmenté.
L’enquête a été faite auprès « d’un échantillon représentatif de 1005 Tunisiens dans les 24 gouvernorats » et a été publiée hier vendredi 19 février.
27% des personnes sondées affirment avoir été concernées directement par un acte de corruption l’an dernier ; 91% d’entre elles ont déclaré qu’elles n’ont pas signalé aux autorités les faits de corruption. Plus grave encore : 53% parmi ces victimes pensent qu’il ne sert à rien de saisir les institutions compétentes parce que leurs plaintes ne seraient pas prises en compte et il n’y aurait aucune réaction pour sanctionner les coupables.
D’après les gens interrogés la douane, les partis politiques, le secteur sécuritaire et les collectivités locales (municipalités…) sont les plus exposés à la corruption et sont les plus grands vecteurs de sa banalisation.
24% des enquêtés soutiennent que l’absence de contrôle est le premier facteur de propagation de la corruption au sein de l’administration, 19% pointent du doigt le manque de rigueur dans les administrations et 16% pensent que la cause du problème réside dans la complexité des procédures administratives.
51% des sondés déclarent que c’est la paupérisation des fonctionnaires qui les pousse à se laisser corrompre, alors que 72% pensent que les citoyens en viennent à soudoyer les agents de la fonction publique pour que les démarches aillent plus vite.
Quant aux moyens de lutter contre ce phénomène, 93% de l’échantillon sondé affirme que l’outil le plus efficace est l’application de la loi dans toute sa rigueur, viennent ensuite les campagnes de sensibilisation des Tunisiens.
Enfin 45% des gens interrogés sont d’avis que le gouvernement ne prend aucune initiative pour combattre la corruption, 44% pensent que les efforts ne sont pas à la hauteur du problème…
