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Stratégie migratoire de l’UE : La Tunisie et l’Egypte font de la résistance

S’il y a deux pays qui font figure de rabat-joies à l’endroit de l’ambitieux pacte sur les migrations de l’Union européenne, ce sont bien la Tunisie et l’Egypte, deux partenaires clés d’Afrique du Nord, qui repoussent les accords renforcés de contrôle des frontières et de retour des migrants. Malgré les investissements substantiels de l’UE et les politiques soigneusement élaborées, ces pays montrent des signes de désintérêt à s’aligner pleinement sur les plans de gestion des migrations de Bruxelles, souligne le site indépendant Blitz. Il a va jusqu’à prévoir que cette réticence « pourrait perturber la stratégie plus large de l’UE et jeter le doute sur la viabilité de son pacte sur les migrations, un cadre qui repose sur la collaboration avec les pays voisins pour intercepter et rediriger les flux de migrants avant qu’ils n’atteignent l’Europe ».

En fait, l’approche de l’UE en matière de migration irrégulière consiste de plus en plus à s’appuyer sur des pays tiers, en particulier des États d’Afrique du Nord, pour servir de tampons. En concluant des accords avec l’Égypte, la Tunisie, la Libye et le Maroc, Bruxelles vise à externaliser une grande partie de la responsabilité de la gestion des flux migratoires, transformant efficacement ces nations en gardiens de la « Forteresse Europe ».” Cette stratégie, sur le papier, permet à l’UE de gérer ses frontières sans intervention directe, en minimisant la pression sur ses systèmes internes et ses États membres, en particulier ceux situés sur la ligne de front méditerranéenne comme l’Italie et la Grèce.

Cependant, le recours de l’UE à des accords externes pour résoudre des problèmes essentiellement internes s’est avéré risqué. Le Pacte de l’UE sur la migration et l’asile, introduit pour créer une approche unifiée de la migration, est désormais compromis par la résistance des principaux pays partenaires. Des documents divulgués ont révélé que l’Égypte et la Tunisie sont beaucoup moins enthousiastes à l’idée d’approfondir leur coopération, signalant que le plan de l’UE pourrait être plus fragile que prévu.

Une décision « stratégique » !

Il y a des indications que la réticence des pays d’Afrique du Nord pourrait être une décision stratégique. Alors que la migration devient une question de plus en plus controversée en Europe, des pays comme l’Égypte et la Tunisie se retrouvent dans une position de négociation unique. Leur rôle de points de transit clés pour les migrants cherchant à entrer en Europe leur donne un levier, et ils semblent profiter de cette opportunité pour obtenir de plus grandes concessions de Bruxelles. Les enjeux sont élevés pour les deux parties. D’une part, l’UE tient à maintenir sa stratégie d’externalisation des frontières; de l’autre, le Caire et Tunis mettent en balance leurs intérêts nationaux et les avantages potentiels d’une coopération avec l’Europe.

L’UE a déjà investi des milliards d’euros dans l’aide financière à ces pays. La Tunisie, par exemple, reçoit de Bruxelles une aide visant à renforcer ses infrastructures et ses capacités frontalières. Mais les ressources fournies pourraient ne pas suffire à compenser les défis complexes auxquels ces pays sont confrontés. La gestion des flux migratoires implique non seulement des infrastructures, mais également des ressources humaines, des mesures de sécurité et un soutien logistique qui vont au-delà de ce que couvrent les fonds actuels de l’UE. L’Égypte et la Tunisie sont parfaitement conscientes des coûts et des charges à long terme associés à de tels accords, et elles ne sont pas pressées d’approfondir leurs engagements sans obtenir des conditions qui leur soient réellement avantageuses.

L’accent mis par l’UE sur l’externalisation de ses problèmes de migration a toujours été une arme à double tranchant. En s’appuyant fortement sur des pays tiers pour gérer les flux de migrants, l’UE a placé un élément essentiel de sa politique migratoire entre les mains de nations qui peuvent ne pas partager ses priorités. Le récent recul de l’Égypte et de la Tunisie met en évidence une faille fondamentale dans cette approche: elle suppose que les partenaires extérieurs s’aligneront sur les intérêts de l’UE par intérêt mutuel ou incitation financière. En réalité, ces pays ont leurs propres priorités et la gestion des migrations n’est peut-être pas aussi importante que l’Europe le souhaiterait, analyse Blitz.

Plus jamais de simples tampons frontaliers

L’émergence de la Tunisie en tant que plaque tournante de la migration illustre les défis auxquels l’UE est confrontée. Le pays s’est transformé en un point de transit critique, ce qui ne correspond pas aux objectifs de Bruxelles. Si cette tendance se poursuit, cela obligera l’UE à faire face à la réalité selon laquelle sans une véritable coopération des partenaires nord-africains, le pacte sur les migrations ne pourra pas atteindre ses objectifs. Cette évolution pourrait alimenter une vague d’insatisfaction de la population à travers l’UE, érodant la confiance dans la capacité de Bruxelles à gérer les migrations et potentiellement fracturer le consensus sur les politiques communes de l’Union.

Les revers avec l’Égypte et la Tunisie présentent à l’UE un choix clair: adapter son approche ou risquer l’échec. S’appuyer uniquement sur des pays extérieurs pour gérer la migration s’avère insoutenable. Si Bruxelles veut éviter de répéter les erreurs du passé, elle devra envisager une stratégie plus nuancée et durable qui s’attaque aux facteurs sous-jacents de la migration plutôt que de simplement transférer la charge sur des pays tiers.

Une voie à suivre pourrait consister à offrir aux pays partenaires de solides incitations économiques et des projets conjoints qui garantissent des avantages tangibles pour les deux parties. Au lieu de se concentrer uniquement sur le contrôle des frontières, l’UE pourrait travailler avec les pays d’Afrique du Nord sur des initiatives qui s’attaquent aux causes profondes de la migration, y compris l’instabilité économique et le manque d’opportunités. Cela nécessiterait de ne plus traiter ces nations comme de simples tampons frontaliers, mais de les reconnaître comme de véritables partenaires dont la prospérité influence directement la stabilité de l’Europe, estime Blitz.

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