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Tourisme : Personne n’a touché un millime des crédits, pourtant garantis par l’Etat

En Tunisie, le tourisme, c’est 400 mille emplois directs et indirects, et plus d’un million dans tous les secteurs connexes. Une des principales sources de devises pour le pays, le secteur a subi et subit encore  tous les contrecoups des crises, politiques, sécuritaires et de santé, qu’a connues la Tunisie de l’après Ben Ali. Les derniers sont ceux de la 1ère et de la deuxième vague de la pandémie du Coronavirus en Tunisie et dans le monde.

Pour le tourisme tunisien, 2020 a été une année noire en termes d’entrées, et une année blanche en termes d’activité, comme d’ailleurs partout dans le monde. Peut-être un peu plus douloureuse pour la Tunisie, car la crise du Covid intervient après deux autres crises successives, celle de 2011 et ses attentats qui avaient coûté 30 % du volume d’activité, et celle de Sousse. On commençait à reprendre en 2018, et ses bons résultats ont été vus en 2019, et 2020 la crise du Covid emporte tous les espoirs.

« Pour fin 2020, on s’attend désormais à une baisse de 66 % des recettes, une baisse de 80 % pour les nuitées touristiques, et une baisse de 79 % pour les arrivées touristiques. Pour les seuls trois mois de la haute saison 2020, on a déjà une baisse de 71 % au niveau des recettes, baisse de 88 % pour les arrivées, et enfin baisse de 82,6 % pour les nuitées », précise le ministre du Tourisme et de la culture par intérim, Habib Ammar,  dans un premier bilan de l’exercice 2020, dressé  pour Africanmanager.

Pour l’impact direct sur les unités hôtelières, on ne dispose pas encore de chiffres exacts sur l’impact proprement Covid. « Mais on sait déjà qu’on enregistre la destruction de 50 mille emplois, directs et indirects, pour cause de baisse de l’activité touristique en général. Des hôtels ont déjà fermé. On n’en connaît pas le chiffre exact. Mais on sait que le nombre augmentera  si la crise continue, et derrière toute la chaîne du secteur, agences de voyages, restaurants, transport etc. », ajoute encore le ministre pour Africanmanager.

  • Le ministre défend bec et ongles son secteur, quitte à enfoncer les banques

Face à  cette situation dans laquelle se retrouve le secteur hôtelier tunisien, le peu de moyens financiers de l’Etat a rétréci sa marge d’intervention pour un éventuel soutien. Cela n’a pas empêché la prise de certaines décisions pour accompagner les professionnels du secteur touchés par l’effet Covid, comme de différer le remboursement des crédits à fin septembre. Décalage aussi du paiement des mensualités CNSS, mise en œuvre de la ligne de crédit de 500 MDT et  garantie de l’Etat pour une autre ligne de 100 MDT.

Or, selon les propres propos du ministre du Tourisme, « les professionnels ont accepté le principe de s’endetter pour payer les salaires, mais le problème reste le secteur bancaire. Nous trouvons, en effet toujours, beaucoup de difficultés pour la mise en place de la ligne de financement Covid », dit-il, loin de garder sa langue dans sa poche de ministre lorsqu’il s’agit de défendre son secteur. Et Habib Ammar d’expliquer pour Africanmanager que « la convention avec la Sotugar n’a été signée que tardivement, il y a quelques semaines à peine, ce qui a fait que les crédits qui devaient être octroyés au cours d’avril et mars derniers, ne le sont toujours pas ». Et toujours aussi direct, Ammar s’offusque  que « d’autres unités [aient] été carrément éliminées de cette ligne de crédits, alors que ce sont pour elles des fonds de roulement nécessaires, au moins pour payer les salaires. D’autres ont eu les tickets d’éligibilité, et même des accords de principe pour certains, mais l’argent n’a pas encore été débloqué ».

  • A 2ème vague du Covid, nouvelle batterie de mesures

Rappelons, par ailleurs, que tous secteurs compris, ce sont 800 sociétés qui ont déposé leurs dossiers sur la plateforme du ministère des Finances, dont 429 ont été jugés éligibles au crédit Covid. « Mais jusqu’à il y a quelques jours, personne n’a touché aucun millime », martèle toujours le ministre, avant de revenir à la charge pour dire que « aujourd’hui, nous sommes dans une situation où personne n’a pu accéder aux crédits, alors que les échéances du 2ème trimestre arrivent et deviennent désormais exigibles, et  que pointent aussi les échéances du 3ème trimestre. La convention Sotugar a été signée et il y a eu même des entreprises qui ont pris leurs tickets d’éligibilité pour un crédit, mais sans déblocage aucun, les banques traitant ces dossiers comme étant ceux de crédits normaux dans une conjoncture normale ». Une réunion aurait d’ailleurs eu lieu ce vendredi 30 octobre 2020 avec le président de l’APTBEF, pour essayer de trouver une solution.

Et sans qu’on ne le lui rappelle, Habib Ammar met l’accent sur le fait que les mesures qui avaient été prises pour aider le secteur du tourisme, l’avaient été dans une perspective d’une pandémie qui prendrait fin après 3 mois, que la saison estivale reprendrait normalement et  les touristes reviendraient et  afflueraient. « Les mesures déjà prises par l’ancien gouvernement ne couvriront pas les effets de la nouvelle vague Covid. A la nouvelle vague, s’ajoute la très mauvaise performance de la haute saison, augmentant les difficultés du secteur ». Et d’ajouter, comme une obsession positive chez lui que « le grand défi de court terme aujourd’hui, c’est comment sauver le plus grand nombre de ces entreprises et les soutenir à résister et tenir jusqu’à juin prochain, période à laquelle nous espérons qu’il y aura quand même reprise, avec ou sans Covid ».

Et lorsqu’on lui demande s’il va y avoir une nouvelle batterie de mesures pour le secteur, il répond sans hésiter : « bien sûr. On a travaillé dessus, mais il faut qu’on accorde nos violons avec le ministère des Finances pour le petit impact budgétaire qu’il y aura, avant de soumettre tout cela au gouvernement dans les prochains jours. Ces mesures s’articuleront autour de l’impératif d’allégement de la pression et de l’amélioration de leur trésorerie, pour qu’ils puissent tenir et payer les salaires ».

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2 Commentaires

  1. Garanties fictives avec des conditions irréalisables pour un secteur hyper sinistré
    Le ministère de finance doit revoir sa garantie (voir exemple français ou d’autres). D’ailleurs tout le monde a demandé au Min. Du tourisme au Min. de la finance de faire activer la révision de la convention…

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