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Tunis : « Aucun des projets initiés par l’ANME n’est bloqué », assure son DG

Dans une interview accordée à Africanmanager, le Dg de l’ANME Hamdi Harrouch a affirmé qu’aucun des projets initiés par l’ANME dans le secteur de la Maîtrise de l’Energie n’est bloqué. Il a par ailleurs qualifié l’énergie comme étant le premier problème et la plus grande contrainte économique que confronte la Tunisie. D’où l’importance de la loi sur les énergies renouvelables qui pourrait être considérée parmi les mesures urgentes à entreprendre pour atténuer les impacts négatifs de la situation énergétique. Interview :

Pouvez-vous nous dresser l’état des lieux du secteur de l’énergie, en particulier celui de la maîtrise de l’énergie ?

Durant la dernière décennie, l’évolution du secteur de l’énergie a été marquée par une stagnation des ressources énergétiques et une croissance continue de la demande énergétique. Le paysage énergétique est aujourd’hui, marqué par une double contrainte: La première contrainte est d’ordre énergétique avec une aggravation du déficit énergétique et une dépendance à l’égard de l’importation des énergies fossiles. Entre 1990 et 2013, la consommation d’énergie primaire a doublé passant de 4.5 Mtep à 8.7 Mtep alors que la production d’hydrocarbures a connu une stagnation autour de 7 Mtep sur la même période.

En 2013, le déficit énergétique a atteint 2.5 Mtep, soit environ 30% de la demande d’énergie primaire, le mix énergétique se caractérisant par une forte utilisation des produits pétroliers et du gaz naturel qui représentent 99 % de la consommation nationale d’énergie. De même, le mix électrique est dominé par l’utilisation du gaz naturel qui représente environ 97% de la production électrique.

La deuxième contrainte est d’ordre économique. L’augmentation des prix de l’énergie sur le marché international et la dépréciation du dinar tunisien ont affecté négativement les finances publiques :

– Les subventions énergétiques représentent un lourd fardeau pour l’économie tunisienne ; en 2013 elles ont atteint 20% du budget de l’Etat ;

– en 2013, la facture énergétique a atteint 2 569 millions de dinars, soit 23% du déficit de la balance commerciale.

Par ailleurs, pour la première fois, la Tunisie a lancé, en 2013, un débat national sur le secteur de l’énergie. Ce débat a montré que la Tunisie doit s’engager dans une transition énergétique basée sur une transformation de son système énergétique (Production, transformation et consommation) de façon à renforcer sa sécurité énergétique et améliorer la compétitivité de son économie.

En effet, la transition énergétique doit être basée sur deux actions prioritaires, à savoir le renforcement de l’efficacité énergétique dans tous les secteurs de l’activité économique et le recours à grande échelle aux énergies renouvelables.

Consciente de la nécessité de réduire la dépendance énergétique à l’égard des énergies fossiles et réduire la vulnérabilité de l’économie tunisienne face à l’augmentation des prix de l’énergie, depuis les années 2000, l’ANME a renforcé sa politique de maîtrise de l’énergie.

La loi de maîtrise de l’énergie promulguée le 2 août 2004 et le Fonds National de Maîtrise de l’Energie (FNME) créé en 2005 ont constitué les deux fers de lance pour dynamiser le soutien des investissements notamment en matière d’utilisation rationnelle de l’énergie. Les principales actions ayant généré des économies d’énergie significatives sont les contrats programmes, la diffusion des lampes à basse consommation, la cogénération et la certification des réfrigérateurs.

Sur la période 2000-2013, les programmes de maîtrise de l’énergie lancés par l’ANME ont permis une baisse de l’intensité énergétique primaire de 2% par an.

A long terme, l’objectif global de la stratégie de maîtrise de l’énergie est d’assurer à la Tunisie un avenir énergétique durable par le biais du renforcement de la maîtrise de la demande d’énergie et le développement des énergies renouvelables. Par rapport à un scénario tendanciel, le renforcement des politiques et mesures pour l’utilisation rationnelle de l’énergie devrait permettre de réduire la consommation nationale d’énergie primaire de 17 % en 2020 et 34 % en 2030.

La stratégie de transition énergétique exige aussi un changement d’échelle dans le développement des énergies renouvelables. En 2030, la part des énergies renouvelables devrait atteindre 30% de la production électrique en Tunisie.

D’ici 2030, la stratégie de maîtrise de l’énergie devrait permettre d’éviter la consommation de 77 Mtep d’énergies fossiles, 75% générés par l’utilisation rationnelle de l’énergie et 25% provenant de la substitution des hydrocarbures par les énergies renouvelables.

En termes de création d’emplois, la stratégie de maîtrise de l’énergie devrait permettre la création d’environ 12 000 emplois. Sur le plan environnemental, le renforcement des actions d’efficacité énergétique et le développement des énergies renouvelables permettraient d’éviter 185 millions de tonnes CO2 d’ici 2030.

Malgré la grande polémique qui a entouré le projet loi relative à la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables, ce dernier a été approuvé ces derniers temps par l’ANC. Qu’en est-il points de différence ? Quelle valeur ajoutée pourrait-il porter pour la Tunisie surtout dans cette conjoncture ?

La Loi portant sur la production d’électricité à partir des énergies renouvelables, approuvée par l’ANC en date du 18 septembre 2014, a connu une grande polémique menée par la fédération générale de l’électricité et du gaz.

Pour répondre aux différentes critiques adressées envers cette loi, il est important de rappeler qu’elle vise à fournir le cadre juridique nécessaire et adéquat pour développer les investissements dans le domaine des énergies renouvelables et ce, dans le but d’accroître le part de ces énergies propres dans le mix électrique tunisien.

Cette part est actuellement très modeste et ne dépasse 4% alors que notre pays bénéficie des ressources renouvelables abondantes (solaire, éolien, déchets …) qui pourraient être exploitées pour réduire le déficit de la balance énergétique qui ont déjà atteint des seuils records et qui ne cesse de s’aggraver d’une année à l’autre au point de menacer sérieusement la sécurité énergétique du pays. Cette situation énergétique a engendré une crise aigue au niveau de la balance commerciale ainsi qu’au niveau du budget de l’Etat à cause des montants importants des subventions allouées au secteur de l’énergie.

On peut qualifier aujourd’hui l’énergie comme étant le premier problème et la plus grande contrainte économique que confronte la Tunisie, d’où l’importance de la loi sur les énergies renouvelables qui pourrait être considérée parmi les mesures urgentes à entreprendre pour atténuer les impacts négatifs de la situation énergétique.

Pour lever toute ambiguïté d’interprétation des dispositions de cette loi, il sera bénéfique de présenter les éclaircissements suivants :

– Avant son approbation par le Gouvernement, cette loi a été préparée et discutée dans des dizaines de réunions de travail en présence des différentes ministères et institutions intervenantes, dont en particulier la STEG qui été toujours fortement présente à travers des représentants de ses différents départements.

– Cette loi a renforcé la position de la STEG comme ayant le monopole du transport et de distribution de l’électricité : tout producteur d’électricité que ce soit dans le cadre des projets d’autoproduction, de concessions ou d’autorisations, ne pourrait vendre de l’électricité qu’à la STEG et même s’il réalise des lignes et des ouvrages, qui doivent être réalisés conformément aux directives de la STEG, pour connecter ses installations au réseau, il cèdera automatiquement leur propriété à la STEG dés leur achèvement. L’exigence est également valable pour les projets destinés à l’export et même pour les câbles sous-marins.

Plusieurs projets initiés dans le secteur de la maitrise de l’énergie sont encore bloqués. On peut citer le cas de la société TCA INDUSTRIE qui a proposé un projet concernant un système de gestion de carburant. Pouvez-vous nous donner des éclaircissements sur les raisons qui sont derrière ce blocage ?

S’il y a une intention d’octroyer ce genre d’autorisation, est-il possible d’en connaître la date précise ?

Aucun des projets initiés par l’ANME dans le secteur de la Maîtrise de l’Energie n’est bloqué. Quant-au cas de la société TCA Industrie il est à signaler que:

• TCA Industrie commercialise une solution de gestion de carburant. Cette solution a été approuvée par l’ANME depuis 2010 à travers l’octroi d’une prime à l’investissement pour la société SOTUMU.

• Afin de promouvoir ce type de solution, l’ANME a invité la société SOTUMU et TCA Industrie pour présenter les résultats du projet lors d’un séminaire organisé sur le sujet en avril 2012. Ce séminaire était une occasion pour TCA de contacter directement plus de 300 responsables d’entreprises de transport et de gestionnaires de parc.

• En mai 2014, nous avons invité TCA à nous présenter une solution de gestion de carburant pour les dépôts de la SNCFT. Pour cela, nous avons organisé une visite de diagnostic au dépôt de Sidi Fathallah, le 30 mai 2014, en présence des responsables de la SNCFT et de TCA. Depuis, TCA n’a pas réagit malgré nos emails de rappel.

• Aucune autorisation n’a été demandée à ce jour.

Une réunion est prévue pour ce mois avec des entrepreneurs désireux de créer des projets dans ce secteur. Jusqu’à ce jour, rien n’est clair. Pourquoi ?

L’ANME a répondu favorablement à la demande de TCA concernant l’appui de l’organisation d’une rencontre avec les professionnels du secteur de transport. Nous n’avons reçu aucune information sur la date et le lieu de cet événement jusqu’à maintenant.

L’Agence nationale pour la maîtrise de l’énergie (ANME) organise actuellement grande campagne nationale pour la maîtrise de la consommation de carburant, et ce, du 22 au 28 septembre. Qu’en est-il de cet événement et quelles sont les résultats enregistrés jusqu’à ce jour ?

Durant les trois premiers jours de la campagne, nous avons remarqué une forte adhésion des automobilistes. Les résultats préliminaires seront présentés au cours de la semaine du 6 octobre.

Qu’en est-il du projet des Lampes Basse Consommation(LBC) ?

Le projet de remplacement de 6 millions de lampes à incandescence par des lampes économique est en cours de préparation. Une commission a été créée à cet effet pour préparer les aspects réglementaires, financiers et opérationnels du projet. Le dossier sera présenté prochainement à un conseil ministériel.

Wiem Thebti

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