Depuis des années, les décideurs nont pas cessé daffirmer quun intérêt particulier devrait être accordé au secteur de le-commerce compte tenu de son rôle dans le développement et la modernisation du secteur du commerce en général. Mais, ceci est loin dêtre la panacée. « On attend encore une réelle mobilisation de leur part», a indiqué Lazhar Bannour, directeur du commerce électronique au ministère du Commerce relevant explicitement un manque dengagement réel pour booster ce type de commerce dans le pays.
Lindifférence ambiante soulève nombre dinterrogations dautant quil sagit dun secteur créateur de richesses et générateur demplois. Pourquoi les responsables font-ils la sourde oreille et ne sattaquent pas à ce dossier ? Est-il vrai que le-commerce constitue lune des solutions pour les problèmes confrontés actuellement notamment le chômage.
Pour Lazhar Bannour , le commerce électronique devrait être la devise, si lambition est de devenir un pôle régional de commerce et de services. « Notre valeur ajoutée ne réside pas dans linfrastructure ou les avantages fiscaux, mais notre seul avantage devrait être axé sur le-Business qui englobe entre autres le-commerce, le-éducation, le-health, le-banking, tout en assurant une présence efficace sur les plateformes mondiales B2B, si nous voulons être un pays exportateur», a-t-il dit.
En appui à son argumentaire, Lazhar Bannour fait remarquer que plus 10% des transactions au titre du commerce mondial se font en ligne alors que 50% des produits des niches qui sont la force et le vivier dexportation de la Tunisie se font via ces plateformes B2B.
15 mille postes demplois pourraient être crées par lE-commerce
Daprès Lazhar Bannour, le-commerce est un levier de compétitivité des entreprises tunisiennes et un moyen efficace pour résorber le chômage.
« Le nombre de sites électroniques marchands est estimé à 750 et on compte plus de 50 plateformes électroniques B To B. Des chiffres encourageants qui pourraient atténuer lépineux problème du chômage », a-t-il précisé avant dassurer que ce levier pourrait générer plus de 15 mille postes demplois directs et indirects.
Comme explication, Bannour a fait remarquer que « le projet de-commerce pourrait employer entre 3 à 5 cadres et même plus dans un seul projet sans oublier les autres services liés à la logistique et le web marketing ».
Selon lui, le potentiel réside dans le développement dune industrie du contenu économique et commercial des PME tunisiennes destiné aux entreprises exportatrices et/ou potentiellement exportatrices. En effet, cette industrie a vocation à valoriser plusieurs métiers tels que le rédacteur web, le photographe web, le web manager, linfographiste qui sont des spécialités fondées sur la notion de la double compétence. « Des spécialités qui trouvent des difficultés à sinsérer dans le marché de lemploi pourront trouver des opportunités dans ce domaine en se prêtant à une formation complémentaire de courte durée et en travaillant en free lance ». Ceci serait très bénéfique pour les jeunes nayant pas les moyens de sétablir pour leur propre compte et/ou les jeunes des régions défavorisées.
E-commerce : une arme efficace contre le commerce parallèle et la contrebande
Outre sa contribution dans le marché demploi, le-commerce serait un moyen efficace pour endiguer le fléau du commerce parallèle tout en incitant les consommateurs à ne plus utiliser le cash dans les transactions. Car, a ajouté le responsable, « si on n’utilisait pas le cash, on pourrait aider les services des finances à mieux collecter de limpôt en leur donnant la possibilité didentifier la traçabilité des transactions commerciales qui se passent en Tunisien ». Or ce nest pas le cas en Tunisie puisque lusage du cash est un moyen de fraude fiscale et même de financement de blanchiment dargent, a estimé Lazhar Bennour.
Par ailleurs, a-t-il préconisé, les responsables doivent comprendre quil est temps dintervenir pour promouvoir le-commerce ou encore le-business, jugé nécessaire pour moderniser le secteur du commerce. « Si on veut transcender cette phase, on pourra adopter lapproche canadienne qui se base essentiellement sur toutes les activités qui se font via internet et les smartphones», a estimé le directeur affirmant que la Tunisie dispose non seulement dun potentiel des ressources humaines flexibles qu « on pourrait mettre à niveau », mais un autre atout lié au coût étant donné que ce domaine ne nécessite pas dénormes investissements.
Une responsabilité incombe donc au nouveau gouvernement qui nest pas jusquà ce jour intéressé par ce secteur important, qui reste malheureusement marginalisé, manquant de soutien et surtout de visibilité. Un secteur qui reste aussi sous lemprise du secteur privé, peu ou pas organisé pour exercer un lobbying positif pour faire bouger les choses. À cela sajoute le rôle limité des banques tunisiennes qui ne financent que timidement des projets de-commerce.
Wiem Thebti