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Tunis : Essid change son fusil d’épaule et envoie son gouvernement au charbon et sur les routes

On ne sait pas encore s’il a retenu la leçon des évènements de Dhehiba, celle de ne jamais montrer qu’on cède à la première des pressions populaires, mais le chef du gouvernement tunisien Habib Essid semble enfin avoir mis un peu de plomb dans la cervelle, malgré le plomb dans l’aile des évènements du Sud.

Nous l’avions critiqué lorsqu’il annonçait vouloir annuler la taxe touristique des 30 DT et il a fallu que son ministre des Finances, Slim Chaker, se souvienne qu’il s’agit d’une loi votée par les députés et qu’avant d’annuler d’un simple trait de stylo des ressources budgétaires déjà inscrites dans le budget de l’Etat, il faut faire tourner trois fois sa langue dans sa bouche. Nous constatons, par contre, que le nouveau chef de gouvernement tunisien a plutôt su gérer le souffle chaud de la révolte du Sud et assez vite fait de changer son fusil d’épaule.

Hué par toute l’opposition à propos de la mort d’un citoyen et encouragé par d’autres partis qui ont vite basculé dans le populisme et le «caresse-dans-le-sens-du-poil» comme Ennahdha, à ruer dans le bacul à propos de la taxe de voyage, force est de noter qu’Essid a su plier comme un roseau et laissé passer le vent de la révolte.

La première réaction d’Essid a ainsi été d’envoyer deux de ses ministres au charbon. L’idée n’était pas mauvaise et pourrait même être considérée comme une première depuis la fin de l’ère Ben Ali. Du temps de ce dernier et de son parti dissous, et même du temps de l’illustre Habib Bourguiba, chaque décision douloureuse, chaque mesure impopulaire, était précédée d’une campagne d’explication où le ministre concerné allait presque au contact direct des citoyens. Cela permettait au gouvernement et au parti au pouvoir d’anticiper les réactions des citoyens, de les détourner s’il le fallait et de bien faire passer la pilule, si amère soit-elle.

Le risque était que ces deux ministres puissent être pris à parti par des citoyens, remontés et en colère. Ils ont en effet failli être dégagés, mais ils ont su résister et on a même vu Slim Chaker aller parler directement aux mécontents, ce qui était une initiative qui a certainement contribué à aspirer une certaine dose du contenu irascible de ces manifestants et éviter de donner à d’autres forces occultes l’occasion de mettre en relief une quelconque indifférence de ce nouveau gouvernement et surfer ainsi sur le sentiment de la «Hogra» pour attiser le feu de la révolte.

Il semblerait ainsi même que cette «nouvelle» politique retrouvée du contact direct (une invention du Zaïm Habib Bourguiba pour ceux qui s’en souviennent) ne soit pas une simple réaction de la part du chef du gouvernement tunisien. C’est ainsi, en effet, qu’on a entendu en une semaine parler du ministre de l’Intérieur qui rendait visite à un poste de police et y annoncer des décisions, du ministre de la Santé qui sort de son bureau pour une visite de centres de santé de première ligne, de celui de l’Equipement et de son secrétaire d’Etat qui s’en vont visionner le chantier d’une route qui s’était en partie écroulée, ou encore le secrétaire d’Etat à la Pêche qui s’en allé s’enquérir des problèmes des pêcheurs de Bizerte. Avant eux, il y avait le ministre du Commerce qui avait pris son bâton de pèlerin et fait le tour des principaux marchés.

A défaut de décisions et mesures concrètes qui éteindraient les brasiers des différentes attentes populaires et en attendant les mesures impopulaires qu’il faudra bien se résoudre à prendre et à annoncer, cette nouvelle politique du contact direct, qui consiste pour Essid d’envoyer ses hommes au charbon et de les mettre sur les routes de la République, pourrait donner un véritable répit au chef du gouvernement et lui permettre de travailler les prochains 100 jours dans plus de sérénité. Elle (la politique du contact direct) pourrait aussi être une forme de stage pour ses ministres, qui les préparera aux prochaines journées de braise qui les attendent et où il leur sera demandé d’expliquer et de convaincre en balisant petit à petit le terrain pour redresser l’économie du pays.

Khaled

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