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Tunis : Essid se rebiffe et sort ses griffes

Le nouveau Habib Essid est arrivé ! C’est l’impression quasi unanime qui se dégage de l’interview que le chef du gouvernement a accordée à France 24 où sa prestation jure ostensiblement avec celles, rares, il est vrai, par lesquelles il s’est signalé à l’opinion publique sans réellement rentrer dans ses bonnes grâces ou si peu. Son intervieweur le lui a d’ailleurs rappelé, se faisant l’écho de ceux qui lui reprochent d’être taciturne, autrement dit, d’« agir beaucoup et de parler peu ». Habib Essid n’en a pas moins trouvé les mots pour fournir sa propre explication en affirmant qu’il ne parle que lorsque c’est nécessaire.

On ne s’empêchera pas de rappeler à cet égard cette répartie de l’ancien Premier ministre de Bourguiba, Hédi Nouira à qui on faisait grief d’être peu disert alors que sa fonction d’alors lui commandait de communiquer et de le faire sur toutes les fréquences. « Lorsqu’un homme politique parle, soit il se contredit, soit il se répète, moi, je préfère me répéter », avait-il dit. Son lointain successeur , Habib Essid, et dans le cas qui nous occupe, ne semble pas avoir fait sienne cette règle d’or, puisque, dans son interview à France 24, il s’est carrément lâché , il a sorti ses griffes pour répondre à ses détracteurs, et ils sont nombreux , pour leur dire sans la moindre ambigüité qu’ « il a le dernier mot », ce qui veut tout dire alors que l’on s’attarde à tout berzingue et à tout bout de champ sur son indolence vis-à-vis des mouvements de protestation en cadence exponentielle, allant même jusqu’à décrier son « abdication » face aux revendications salariales et autres inspirées et parfois téléguidées et soutenues par l’UGTT.

D’ailleurs, affichant un remarquable esprit de suite, le chef du gouvernement a décrété sans plus tarder et ce mercredi même, lors d’un conseil ministériel, une retenue sur les salaires applicable à tous les jours de grèves, légales ou illégales, observées par tous les agents de la fonction publique, et ce, à compter du mois de mai. Le porte-parole officiel du Gouvernement, Ahmed Zarrouk, qui a annoncé la décision, a ajouté que le gouvernement a décidé d’appliquer la règle juridique dans toute sa rigueur et de recommander à tous les ministères de mettre en œuvre cette loi.

On pourrait y voir les premier indices d’une politique de fermeté à l’égard des grèves, sit-in et autres mouvements sociaux qui ont désastreusement laminé bien des compartiments de l’économie nationale, hypothéquant sérieusement l’investissement tant domestique qu’étranger, et ipso facto la création d’emplois et la réalisation des projets de développement dans les régions défavorisés, singulièrement celles de l’intérieur.

On pourrait aussi y déceler un nouveau volet de la stratégie du gouvernement, celle qui a trait à l’autorité de l’Etat de plus en plus mise à mal, au point que les autorités publiques se sont retrouvées dépossédées de l’essentiel des prérogatives qui sont les leurs et dont elles ont l’impérative obligation de mettre en œuvre sous peine de voir l’Etat rabaissé au statut d’une coquille vide et auquel personne ne se sent tenu de déférer. Habib Essid a vigoureusement insisté sur l’urgence pour l’Etat de reconquérir son autorité quel qu’en soit le prix. Et le chef du gouvernement a été clair sur ce point, n’excluant point l’option de la solution sécuritaire, tout en prenant soin de préciser qu’il y voit un recours ultime, et tout en affirmant que la voie du dialogue demeure un mode de gouvernement essentiel pour surmonter les écueils et résoudre les problèmes.

La rigueur devrait être encore le leitmotiv de Habib Essid dans la conduite des affaires de son gouvernement. Il a déjà averti qu’un remaniement ministériel peut intervenir à tout moment, mais à la lumière de l’évaluation qu’il est en train de faire du rendement de chaque membre du gouvernement durant les cent jours. Ce faisant, il aurait les coudées vraiment franches pour mener les politiques qu’il juge nécessaires et adéquates, ayant en cela, comme il l’a dit, le soutien du président de la République, Béji Caïd Essebsi, vis-à-vis duquel il affirme pourtant afficher une indépendance et une autonomie de décision, laissant entendre au passage que ses jours à la tête du gouvernement ne sont pas comptés, puisque si tel est le cas, il n’aurait jamais, a-t-il dit, accepté cette mission.

M.L.

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