Précisons, d’abord, que les chiffres des rémunérations des dirigeants des entreprises cotées en bourse, sont tout ce qu’il y a de plus publics. Les commissaires aux comptes de ces entreprises sont même obligés de les dévoiler chaque année dans les bilans annuels dont la publication est tout aussi obligatoire. En parler, c’est d’abord et avant tout une consécration de la transparence de ces entreprises où des milliers de petits actionnaires placent leur argent.
Convenons que l’entreprise dont nous parlons est un modèle de réussite, personnelle pour son premier dirigeant Mohamed Meddeb, dit Hamdi, et une pure réussite professionnelle avec des produits laitiers qui dominent tout le marché du secteur. Les états financiers de la société « Délice Holding SA», récemment entrée sur la cote principale de la bourse de Tunis font apparaître un total du bilan de 587 170 413 dinars et un bénéfice de 39 017 383 dinars, pour l’exercice clos au 31 décembre 2014.
Ne recevant pas directement un salaire de la Holding, les rémunérations brutes et avantages du Président Directeur Général, Hamdi Meddeb (Mohamed de son prénom officiel), lui sont servis par les filiales. Au titre de 2014, ils se détaillent comme suit :
Ce dirigeant de six entreprises, toutes florissantes, touche ainsi 3,665 MDT par an en brut. Toujours en brut, c’est l’équivalent de plus de 305.420 DT par mois, ce qui reviendrait à dire que l’heure de ce dirigeant hors pair, à supposer qu’il en travaille 24 par jour, est à plus de 424,195 DT.
Il faut pourtant rendre hommage à sa transparence, puisqu’il aurait pu préférer recevoir cela en dividendes, mêmes distribués mensuellement, ce qui en ferait des revenus non imposables. En rémunérations, Meddeb paiera ainsi 35 % au Fisc.
A l’heure où nous écrivons (avant publication des états financiers du reste des banques privées qui sont les meilleurs payeurs du pays tous métiers confondus), Hamdi Meddeb est ainsi le PDG le mieux payé de Tunisie. Il détrône ainsi Farid Ben Tanfous qui ne touche qu’un salaire annuel brut de
1,666 MDT (chiffres bilan 2014), ce qui reviendrait à un peu plus de 138 mille DT par mois. A noter aussi que l’ATB est une banque privée où la règle pour les dirigeants est le contrat d’objectifs. Cette banque, filiale de la jordanienne Arab Bank, avait fini l’exercice 2014 avec un PNB de 173,6 MDT contre 166,6 MDT en 2013 et un résultat net qui a pratiquement doublé d’une année à l’autre passant de 27,3 MDT à la fin 2013, à plus de 53,3 MDT. Ils ne sont pas nombreux les PDG tunisiens dont les salaires annuels bruts dépassent le 1 MDT.
En attendant les bilans de l’exercice 2014, ceux de l’année d’avant plaçaient aussi deux autres PDG dans ce club fermé des PDG milliardaires (en millimes tunisiens), l’ancien DG de la Biat, Slaheddine Laajimi avec 1,076 MDT et Hamadi Bousbiaa (SFBT) avec 1,068 MDT. A noter aussi que ces salaires bruts restent assujettis à impôts et cotisations sociales à hauteur de 40 à 42 % du montant brut selon les professionnels.
Ka Bou
