On ignore quel auraient été ses résultats, si pareille initiative avait lancée pendant le gouvernement de la Troïka. Mais ses conclusions pour les 100 jours du 1er gouvernement après la transition, semblent catastrophiques. «Essid Meter», est le premier baromètre des réalisations des promesses des gouvernants. L’idée mise en place par l’ONG «I watch», se base sur une mesure faite à partir des promesses faites par les ministres du gouvernement Habib Essid. Des mesures qui devaient être réalisées au terme des cent premiers jours de ce gouvernement où les nominations ont été de caractère plus politicien que de compétence.
La sentence du premier rapport de ce baromètre de mesure des réalisations a été sans appel. «La grande majorité des promesses étaient creuses et oiseuses et ne peuvent être appelées mesures urgentes» , a ainsi déclaré Achraf Aouadi, président de l’ONG tunisienne, au cours d’une conférence de presse.
Sur le site de l’ONG, on découvre le détail des résultats. Pendant les 100 premiers jours de son mandat, le gouvernement Essid n’a rien, absolument réalisé de ses promesses et mesures annoncées en fanfare. A son crédit, on pourrait seulement mettre 168 mesures en cours de réalisation. Le baromètre de «I Watch» a classé les mesures en six catégories. D’abord les mesures urgentes. Elles sont au nombre de 28. Seules 22 sont en cours d’exécution et 6 n’ont pratiquement pas été réalisées. Les mesures ou promesses concernant le développement sont au nombre de 10 selon le recensement de l’ONG. Toutes n’ont même pas reçu un début d’exécution. Concernant le volet «sécurité & développement», 15 promesses gouvernementales ont été faites. Là aussi, c’est un zéro pointé en termes de réalisation. Même résultat, complètement négatif, côté «Culture et liberté». Elles étaient 6 mesures promises et aucune n’était concrétisée. Idem pour les 15 mesures ou promesses concernant «le travail du gouvernement». Le plus gros des promesses, elles étaient au nombre de 94 selon le site du baromètre, concernait Gafsa, fief de la révolte des mineurs qui continue. Aucune réalisation ou passage à l’exécution là non plus.
La sentence est peut-être dure. L’initiateur d’Essid Meter l’explique pourtant en indiquant que «nous constatons que le chef du gouvernement suit une politique de complaisance envers toutes les parties, une politique juste réactive aux revendications sociales en l’absence d’une stratégie claire et d’avenir pour ce gouvernement et surtout un manque flagrant de coordination entre les mesures du chef du gouvernement et celles de ses ministres».
Le résultat de ce premier baromètre de l’action et des réalisations du gouvernement Habib Essid pourrait paraître même trop dur pour un gouvernement de néophytes, presque d’apprentis sorciers, vu la conjoncture et l’état de l’économie. Ce résultat reste pourtant à la mesure des attentes, aussi variées qu’infinies, d’une population qui est poussée chaque jour, de par le silence de toute la classe politique et sa complicité induite, à placer plus haut ces attentes. Comment répondre en effet à un Sud qui demande la redistribution des revenus pétroliers qui s’épuisent ? Comment dire non à toute la région de Gafsa qui voudrait aussi une redistribution des revenus du phosphate qu’elle produit de moins en moins. Que répondre alors, demain, aux habitants du Sahel qui demanderaient leur part des revenus du tourisme ou à ceux du Nord s’ils demandaient leur part du fleuve Medjerda qui irrigue toute l’économie du pays ? Pour l’instant, «silence, il tourne … dans le vide» !
Khaled Boumiza
