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Tunis : L’ ardente obligation du gouvernement Mehdi Jomaâ

Rarement un gouvernement a hérité d’un legs aussi lourd que celui que le cabinet de Mehdi Jomaâ s’échine à gérer. Et l’actuel chef du gouvernement a affirmé d’emblée qu’il ne dispose pas d’une baguette magique pour redresser le pays et le ramener sur les sentiers de la croissance, de la sécurité, de l’emploi et du développement. Ceci doit vouloir dire qu’il y aura tant à faire pour réparer ce qui doit et pourrait l’être, puis pour mettre en place les fondamentaux d’une architecture à la faveur de laquelle la Tunisie pourra reprendre espoir après trois années où rien ou si peu ne marchait et où le blocage minait toute la panoplie ou presque des aires qui avaient vocation à créer des richesses, fournir de l’emploi, arracher les régions à leur endémique sous-développement, rassurer les citoyens et ramener les investisseurs.

Convenons que, dans cette configuration, les développements majeurs intervenus sur la scène politique ont constitué un revirement de la toute première importance en apportant la preuve que les Tunisiens peuvent s’accorder sur ce qui est essentiel pour leur pays, et qu’ils ont la capacité , rare dans le monde arabe, de congédier leurs différends par cette invention qui est la leur et qui se nomme consensus. C’est évidemment grâce à cette démarche inédite dans un pays qui a croulé, des décennies durant, sous le faix de la dictature, que la Constitution a pu être votée puis promulguée, une loi fondamentale, fruit d’un compromis fondamentalement historique, et qui a été sincèrement et unanimement saluée par la communauté internationale.

Pour autant, la Tunisie a-t-elle pris réellement le cap d’un avenir politique exempt de tiraillements alors que les échéances électorales ont vite fait d’agiter tout le monde, et d’abord et surtout les états-majors des partis politiques, également et tyranniquement habités par l’ambition de gouverner les pays. Sur ce registre, on ne peut pas s’empêcher de se demander si le gouvernement de Mehdi Jomaâ est suffisamment outillé pour mener le processus électoral à bon port, tant les enjeux des uns et des autres sont cruciaux. Certes, le gouvernement issu du Dialogue national a la ferme et l’inaltérable détermination d’observer la neutralité la plus totale, pour garantir un scrutin transparent, en accord avec les normes internationales et finalement acceptable par tous. N’envisage-t-il pas de s’attaquer à l’épineux problème des nominations des gouverneurs, des premiers responsables des entreprises, et autres cadres sur lesquels pèsent des soupçons de partialité et d’allégeance partisane ? Ne s’est-il pas mis en ordre de bataille pour assainir le climat social, mettre fin aux grèves, sit-ins et autres mouvements sociaux dont a grandement pâti l’économie du pays et hypothéqué lourdement les chances de son redressement ? N’a-t-il pas donné des gages de sérieux et de crédibilité dans sa façon de gérer le pays du mieux qu’il pourra avec les moyens par bien des côtés dérisoires dont il dispose ?

Comme on peut le voir et encore présumer, une nouvelle culture de gouvernement est en train de prendre place dans les sphères du pouvoir au travers de ministres censément compétents, apolitiques, acquis à l’intérêt supérieur de la Nation, habités par l’ardente obligation de réussir ou du moins de ne pas échouer là où leurs prédécesseurs avaient failli à leurs missions, et surtout déterminés à travailler en équipe à l’enseigne de méthodes et règles avérées et unanimement convenues.

Le premier conseil des ministres a ceci de rassurant qu’il a fixé pour l’action gouvernementale des orientation qui jurent avec celles retenues et suivies par les gouvernements successifs de l’après-Révolution, des orientations claires, pertinentes et contraignantes pour tous les ministres et secrétaires d’Etat. Mais ce nouvel esprit qui semble avoir les faveurs des partenaires sociaux, notamment l’UGTT et L’UTICA , devra être relayé par les acteurs économique et l’ensemble des Tunisiens qui devront accepter et s’accommoder des décisions difficiles qui seront impérativement et inéluctablement prises pour remédier à la situation, dictant des sacrifices, de toutes les façons provisoires et limités dans le temps, que les Tunisiens doivent faire sans rechigner, car telle est leur planche de salut et la passerelle pour la réalisation des objectifs pour lesquels ils se sont révoltés.

Mohamed Lahmar

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