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Tunis : l’homme qui dit de gros mots, menace si on le dit et refuse d’expliquer les difficultés financières de son entreprise qui est en bourse.

L’entreprise dont il s’agit opère dans le transport aérien, tout comme Tunisair et dont on a tout publié à propos des dettes, des impayés vis-à-vis de l’OACA (Office de l’Aviation Civile et des Aéroports) et même de la liquidité serrée. Jamais son PDG, ni le ministre nahdhaoui, n’ont été pourtant grossiers au téléphone avec nos journalistes, en niant tout, en nous menaçant de poursuites judiciaires et en nous criant au téléphone que «vous ne pourrez rien faire contre moi», mais dans un vocabulaire plutôt grossier. L’entreprise est en bourse, depuis mai 2013, et est tenue donc à une obligation d’information auprès de ses actionnaires. Son PDG affirme, enregistrement audio à l’appui, qu’il a mis le CMF au courant de ces difficultés. Ce dernier n’ayant pas diffusé cette information, cela supposerait que le CMF le couvrirait, ce dont nous doutons fortement.

Cette affaire a commencé, lorsque nous avons appris que la société Syphax Airlines connaîtrait quelques problèmes financiers avec ses deux principaux fournisseurs de services que sont l’OACA qui gère les aéroports internationaux et la TAV qui gère l’aéroport de Monastir-Habib Bourguiba.

Nous appelons alors Mme Olfa Jaziri, qui est le vice-PDG chargée des relations industrielles chez TAV. Cette dernière nous confirme, en effet, l’existence d’un impayé de 2,5 MDT de Syphax sous forme de taxes aéronautiques diverses dont le parking et le balisage. «L’entreprise a des difficultés de trésorerie à cause des difficultés libyennes. Nous avons discuté de cette dette avec Syphax de manière courtoise et ils nous ont fait une promesse verbale qu’on sera payé d’ici la fin de l’année», nous dit la représentante de TAV. Nous appelons ensuite le PDG de l’OACA, Salah Gharsallah. Ce dernier confirme la dette impayée et ajoute que «on a convenu qu’ils paient la somme de 2 MDT, à titre d’avance, d’ici la fin de l’année, et le reste sur un échéancier de 1,5 MDT par mois. Nous savions, depuis juillet dernier, que l’entreprise est aux prises avec des difficultés financières et on a donc exigé qu’elle paie une fois et demie sa facturation mensuelle. Si on n’avait pas fait comme ainsi, on en serait maintenant à 8 MDT d’impayés avec cette entreprise», nous indique Salah Gharsallah. Ce dernier, bien qu’expliquant les difficultés de Syphax par la conjoncture et relativisant que même Tunisair a des dettes auprès de l’OACA, nous annonce, cependant, d’autres mesures contre Syphax. Réunie le 16 décembre, la commission des concessions a ainsi décidé «au regard du solde négatif de presque 5 MDT à la date du 9 décembre 2013 et au regard aussi du manque de documents contractuels, nous conseillons de ne pas donner suite aux demandes répétées [ndlr : de Syphax] pour l’exploitation de magasins dans les aéroports de Tunis-Carthage, Djerba et Zarzis». Nous savons, pour notre part, que l’impayé de Syphax dépassait déjà les 6 MDT.

Interrogé, dans un premier temps par SMS, ensuite par téléphone, le PDG de Syphax, Mohamed Frikha commence par nous accuser de «harcèlement» de son entreprise. «Laisse-nous travailler tranquillement, évitez de parler de nous», se met-il en colère, avant de nier toutes les précisions qui nous ont été fournies par ses prestataires de services. Il nous menace ensuite de nous poursuivre en justice si nous révélons les difficultés financières de son entreprise, nous accusant de vouloir lui faire du chantage par la publicité. Nous lui rappelons alors, que nos entretiens sont enregistrés, y compris celui où il nous proposait de «parler du contrat» que nous déclinons ou de nous «emmener au Canada» si nous ne publions pas l’article sur la nomination d’un ancien ministre du Transport à la tête de Syphax. Nous tiendrons, s’il le faut ces enregistrements, à la disposition de la justice.

En attendant que Mohamed Frikha finisse par réagir, correctement, dignement et dans un langage moins ordurier aux journalistes, notons que les chiffres relatifs au trafic aérien passager pour les onze premiers mois de l’année en cours, prêtent à la société Syphax une PDM (Part de marché) de 4 % avec un nombre de passager réalisés, de 418.773 passagers. Cette compagnie fait le plus gros de ses passagers sur les deux aéroports de Monastir (116,8 mille) et de Sfax (103,8 mille)

Tunisair reste le premier transporteur aérien tunisien, avec 3.509,058 millions de passagers. L’entreprise publique dont Syphax fait un concurrent direct, représente une PDM de 34 %. Elle devance l’autre compagnie privée qui fait tranquillement son petit bonhomme de chemin. Nouvelair réalisait, en effet, une PDM de 11 % avec 1.160,809 millions de passagers, au cours des 11 premiers mois. Et même Tunisair Express, avec moins de gros appareils et plus de pression sociale, fait mieux que Syphax, avec une PDM de 5 %.

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