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Tunis : La gauche a-t-elle les pieds sur terre?

Le syndicat de l’enseignement supérieur prend la relève de ceux du secondaire et du primaire, pour annoncer une grève dans le secteur. Et on connaît d’avance le schéma. Menace de grève suivie d’effet, et l’initiative se transformera, au bout du chemin et à l’approche des examens de fin d’année, en grève administrative. Le gouvernement se trouvera dans l’obligation de céder, en répondant à toutes les revendications du secteur.

Parallèlement, la gauche au sein de l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), essentiellement le Front Populaire (FP), veut empêcher à tout prix tout nouvel emprunt pour financer les projets de développement et les réformes imposées par la conjoncture politique et économique, et profite de l’occasion des débats dans les commissions et les plénières de l’ARP pour dénoncer les dettes antérieurement contractées et menacer les créanciers de pousser le autorités à ne pas les honorer.

Et ce qui est commun aux attitudes de la gauche au sein de l’ARP et de l’UGTT qui s’inspire largement des idées de la gauche radicale, c’est qu’elles ne sont pas au fait de la réalité tunisienne. Et lorsque les autorités leur rappellent l’état des finances publiques, elles mettent, dans un premier temps, en doute les chiffres avancés, puis énoncent que le pays regorge de richesses, et que le gouvernement, pour satisfaire les revendications des salariés, doit trouver l’argent auprès de ceux qui en ont.

L’exigence de la gauche, consistant à trouver, auprès des riches, l’argent dont le pays a besoin, relève du schéma proudhonien plutôt que celui de Marx dont ils se réclament. Et cette exigence a sa petite histoire dans la Tunisie postrévolutionnaire. D’abord, on a parlé de l’argent volé et spolié par les clans Ben Ali et Trabelsi. Abid Briki et Hamma Hammami avaient excellé sur ce chapitre, en dénonçant la « mauvaise foi » de ceux qui rappellent que le pays avait besoin de revenir, au plus vite, au travail et que les autorités, les formations politiques et la société civile doivent proposer, dans un délai raisonnable, un schéma de développement efficace, juste et généreux envers les laissés pour compte (régions et couches sociales) des 50 dernières années. Parallèlement, la justice doit faire son travail pour que chaque millime indûment acquis revienne au trésor public et aux ayants-droit. Les tenants des thèses d’extrême-gauche ont argué que ceux qui préconisent cette démarche ne font qu’agiter l’épouvantail des contraintes économiques auxquelles le pays est soumis, et que la priorité doit être donnée à la redevabilité (mouhasaba). Ils rétorquent à leurs contradicteurs que l’argent repris aux spoliateurs et les amis de la révolution tunisienne (comprendre la gauche internationale) devraient réparer tous les dégâts causés par la transition.

La transition est presque passée sans que le pays ne revienne au travail, et sans qu’une simple esquisse d’un modèle de développement ne soit présentée et sans que les affaires de corruption n’aient été passées au crible pour démêler le vrai du faux.

Mais au-delà de cette démarche infructueuse, dont la gauche et l’UGTT n’étaient pas seules responsables, il faut le reconnaître, on est en droit de croire que la carence principale de ces franges de la classe politique et de la société civile, c’est qu’ils n’arrivent pas à comprendre le fonctionnement de l’Etat, et ne se font pas une idée claire de l’ordre de grandeur des montants exigés par le développement du pays. On doit relever au passage que le parti islamiste, paraît-il, présente les signes d’une meilleure évolution sur ces sujets, finissant, après les déboires rencontrés, par saisir les enjeux et la taille des problèmes que confronte la Tunisie.

Et sans prendre la peine d’appeler le pays à revenir au travail ou œuvrer à ce que les affaires de corruption soient traitées de manière systématique, la gauche a commencé à parler de la dette extérieure. Une brève alliance a été scellée avec Moncef Marzouki en juin 2012, qui a refusé de signer deux projets de loi relatifs à l’amendement de la convention de création du Fonds Monétaire International (FMI) et à l’augmentation de la contribution de la République tunisienne au FMI, ouvrant la porte au pays d’accéder à des droits de tirages spéciaux.

Il est vrai que cette alliance a été le dernier acte reliant le POCT de l’époque à la troïka, mais il n’a pas été le dernier dans le chemin menant au tarissement des avoirs de l’Etat tunisien face aux revendications salariales et aux exigences du développement régional.

Profitant de manifestations internationales regroupant des courants d’extrême-gauche dans le monde, le FP parle de « dettes odieuses » et appelle à la suspension du paiement de la dette de la Tunisie et à un audit plus poussé des arriérés légués par l’ancien président Ben Ali.

Déjà le 19 mars 2013, Hamma Hammami, a indiqué que « le FP proposait l’annulation de la dette comme objectif essentiel et comme mesure directe qui ne peut pas attendre ». Il fait valoir que le pays avait obtenu, principalement du temps de Ben Ali, des prêts extérieurs d’un montant de 41 milliards de dinars, mais remboursé aux bailleurs de fonds quelque 48,5 milliards de dinars ». Les deux éditions du Forum Social Mondial (FSM) en mars 2014 et mars 2015, ont également donné lieu au développement de ces thèses.

Pour sa part, l’UGTT qui parle de temps à autre de cette dette extérieure « odieuse », insiste plutôt sur un autre volet, à savoir la réforme fiscale qui doit rapporter au trésor public ce dont l’Etat a besoin pour répondre aux augmentations salariales exigées par les syndicats. La centrale syndicale parle du régime forfaitaire dont bénéficient plusieurs secteurs qui ne paient, en fait, au fisc que des montants symboliques. Or le ministère des Finances, en application des recommandations des assises de la fiscalité tenues les 12 et 13 novembre 2014, a annoncé, en accord avec l’UTICA, l’exclusion de 68 secteurs d’activité de ce régime, dès 2015.

Il s’agit des secteurs du prêt-à-porter, des produits de textile, de la parfumerie et produits de beauté, des articles de bijouterie, des équipements médicaux et scientifiques, du commerce des lunettes optiques, des produits paramédicaux, de la vente des motos, du commerce du bois et dérivés, des meubles et ameublement, des activités de thermalisme (stations thermales), de la location de voitures et de l’exploitation des salles des fêtes.

Or, l’élément essentiel que ces courants politiques n’arrivent pas à saisir, c’est que l’augmentation des recettes de l’Etat (à travers la fiscalité et autres mécanismes de partage de la richesse), et sa distribution ne peuvent se réaliser que lorsqu’il y a création de cette richesse. Et la richesse, on le sait, ne peut être générée que par le travail et le labeur des Tunisiens, par la valeur ajoutée et la productivité, justement parce que la Tunisie n’a ni pétrole ni richesses naturelles qui peuvent compenser l’attitude des Tunisiens qui se détournent du travail et espèrent postuler au statut de rentiers, comme pour les citoyens des pays du Golfe.

On avait cru, au déclenchement de cette révolution que le pays va se transformer en un atelier à ciel ouvert , on s’est retrouvé face à un peuple qui se détourne du travail pour accéder au statut de simple rentier dans un pays sans ressources.

Aboussaoud Hmidi

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1 COMMENTAIRE

  1. ما هذا الهراء. لنأخذ فقط قطاع التعليم العالي اتساءل متى قررت الجامعة الإضراب؟ يزي من استبلاه الناس والكتابة الكاذبة لمجرد الشهرة ربما

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