Dans la plupart des cas, le suicide d’enfant, acte par lequel un enfant provoque volontairement sa mort, n’est pas une simple envie de mourir, mais un ultime moyen d’échapper à une grande souffrance ou à une situation pour laquelle l’enfant ne voit aucune sortie possible. Les sociologues tunisiens, qui se sont penchés sur la question, à la suite de la multiplication des cas de suicides ces dernières semaines, estiment que la prévention, passe tout d’abord par des changements profonds au niveau de la famille, de l’école et de la culture ambiante.
Dans une déclaration accordée à Africanmanager, le sociologue et professeur universitaire Mohamed Jouili a attiré l’attention sur l’aspect «contagieux» du suicide, il s’agit d’une contagion sur fond de désespoir, de sentiment d’impuissance et d’incapacité à surmonter la souffrance et le mal de vivre.
D’après lui, l’entourage et plus particulièrement la famille, joue un rôle incontournable dans la vague des suicides constatée chez les enfants. « L’absence de l’écoute, de communication, d’amour, et l’abandon, la négligence et la maltraitance… favorisent les tendances suicidaires.
Il ’ajoute, dans son analyse de ce phénomène, que la multiplication des cas de suicides chez l’enfant enregistrée dans les régions intérieures de la Tunisie, s’explique essentiellement par la peur de l’école et des mauvaise notes. Ce sentiment pousse l’enfant à mettre fin à sa vie parce qu’il redoute la réaction de ses parents (les parents de ces zones sont généralement très difficiles).
Le sociologue a appelé, dans ce contexte, les familles à être plus attentives et recommandé à l’institution scolaire de mettre en place une nouvelle stratégie au sein des établissements scolaire, qui inscrit le rôle de l’école dans la continuité de celui de la cellule familiale, dans l’encadrement des enfants.
Sur un autre volet, le sociologue, a mis l’accent sur les modalités de traitement de ce phénomène par les médias. Il juge qu’un mauvais traitement médiatique de la question du suicide risque d’influer directement sur les enfants et les laisser croire que cet acte fatal est l’unique solution aux problèmes qu’ils rencontrent.
Chiffre du suicide chez l’enfant : Hallucinant !
Selon l’Union nationale de la femme tunisienne (UNFT), 18 cas de suicide, dont 14 filles ont été enregistrés en 2014. L’augmentation des cas de suicide chez les enfants est due à des raisons psychologiques personnelles, ainsi que des raisons objectives inhérentes à la famille, aux milieux scolaire, social et l’environnement extérieur.
Sur le plan institutionnel et pratique, les spécialistes recommandent, face à la multiplication des cas de suicide chez les enfants, la mise en place d’une politique de prévention. Ils jugent urgent d’installer un bureau d’assistance psychologique dans les différents établissements scolaires pour être à l’écoute des jeunes et au diapason de leurs préoccupations. La prévention commence par la reconnaissance de l’enfant en souffrance, le diagnostic du comportement suicidaire et l’évaluation des facteurs de risque par les professionnels.
Le suicide qui est un phénomène complexe a suscité des opinions oscillant entre la condamnation, la réprobation et la tolérance. Malgré ces avis divergents de la société sur le sujet, le comportement suicidaire des enfants doit être toujours pris très au sérieux .Il est nécessaire que tous les acteurs (institutionnels, professionnels et bénévoles) adaptent leurs actions et articulent leurs interventions afin d’adopter une démarche de prévention cohérente aboutissant à une prise en charge adéquate aux jeunes concernés.
Nadia Ben Tamansourt
