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Tunis : Le terrorisme frappe de nouveau et frappera encore

Jusqu’à une date toute récente, épars, espacés et globalement ponctuels, les actes terroristes viennent de négocier un virage en tous points dangereux. L’embuscade tendue, aux premières heures de ce dimanche 16 février, dans la localité de Bulla Reggia, du gouvernorat de Jendouba, vient rappeler aux Tunisiens que le terrorisme n’a pas été décimé pas plus qu’il n’a été affaibli suite aux assauts de Raoued et de Borj Louzir. Au contraire, les groupes terroristes donnent la nette impression qu’ils inaugurent une nouvelle étape synonyme de bond qualitatif et de tactique qui jure avec toutes les autres adoptées jusqu’ici. En fomentant une opération en deux étapes, la première visant une voiture particulière, et la seconde un véhicule des forces de sécurité, celui de la Garde nationale , censé accourir forcément sur les lieux suite aux appels de secours, les terroristes cherchaient manifestement à causer le maximum de pertes humaines parmi les agents des forces de sécurité. S’y joint un fait particulièrement grave, celui de se déguiser en représentants des forces de l’ordre qui donnent aux automobilistes arrêtés à un barrage érigé à cette fin, un sentiment d’assurance à la faveur duquel ils séviraient comme bon leur semblerait. Surtout, le groupe terroriste s’est emparé des armes des agents de la Garde nationale, des fusils d’assaut Steyer dont sont généralement équipés les militaires de l’Armée nationale et les gendarmes de la Garde nationale, ainsi que leurs équipements de communication, leurs cartes professionnelles, leurs papiers personnels et l’argent qu’ils portaient sur eux, sans omettre de mettre en relief des complicités dont le groupe terroriste aurait indiscutablement disposé pour pouvoir « réussir » cette opération lâche et odieuse.

Il entre dans l’ordre des choses et encore des certitudes que ce butin devra servir à d’autres opérations de même nature et même de plus grande envergure. Certes, on peut voir dans l’attentat de Jendouba un acte de vengeance et une forme de représailles à la liquidation des terroristes de Raoued et l’arrestation de ceux de Borj Louzir, mais ceci ne suffirait nullement à la démonstration, celle qui accrédite la thèse et la forte probabilité que le terrorisme est entré dans une phase plus dramatique et autrement traumatisante. D’autant que les indices s’accumulent sur l’existence de cellules dormantes dont on ne cessait de parler, et qui pourraient essaimer non seulement dans les zones à risques, mais partout ailleurs, particulièrement dans les agglomérations urbaines, surtout les villes à forte densité démographique.

Pourtant, doit-on avoir peur ? Assurément oui, car on est en présence d’une vraie menace terroriste qui a tout d’un phénomène multiforme, déterritorialisé comme en témoigne la participation d’éléments de nationalité algérienne, et potentiellement illimité, car évoluant à travers des passerelles établies entre de multiples réseaux de connivence avec des supplétifs et de cellules dormantes.

De toute évidence, cette nouvelle donne terroriste oblige à revoir de fond en comble la politique adoptée jusqu’ici dans la lutte antiterroriste. Il est impératif et de la toute première importance de ranger au magasin des vielles lunes toutes les approches adoptées à ce jour, et qui se résument pour l’essentiel à des réponses à la menace et à l’acte terroriste. D’autant que le fléau terroriste n’est pas limité, tant dans l’espace que dans le répertoire d’action de ceux qui s’y livrent. Il s’agit d’un combat de longue haleine, mené contre des ennemis invisibles ou, tout au moins, protéiformes, à effectifs inconnus mais capables d’attaquer n’importe quand et n’importe où, à n’importe quelle échelle et sous n’importe quelle forme, en ayant recours à des moyens d’attaque variés. Cette menace hautement imprévisible, peu ou guère définissable selon les critères retenus depuis les événements de Jebel Chaambi et, par conséquent, à peine contrôlable, serait encore aggravée par sa double inscription dans le global et le régional. D’ailleurs, les analyses convergent pour dire que le modèle algérien est en passe de migrer en Tunisie avec les mêmes tactiques des faux barrages et tout l’autre attirail qui a été le sien pendant de longues années.

C’est dire que la réflexion doit être séance tenante engagée pour mettre en place une stratégie nationale multiforme associant le politique, le sécuritaire, le juridique, l’économique, le social et le culturel. Cela doit signifier qu’un nouveau dogme sécuritaire doit être mis en place et convenu à l’échelle nationale, avec de nouveaux mécanismes et institutions , sans oublier de refonder la vocation des médias s’agissant de la lutte antiterroriste avec de nouvelles règles qui tiennent impérieusement compte de la dimension nationale et nationaliste de la guerre, car c’en est une, contre les groupes terroristes, en faisant l’impasse sur leurs agissements et en y préparant l’opinion publique.

Mohamed Lahmar

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