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Tunis : Les jeunes, des laissés-pour-compte en emploi et des parias en politique!

Il est communément admis qu’un Etat qui fait peu cas de sa jeunesse est un pays qui ne mise pas sur l’avenir et une nation peu acquise au soutien des générations montantes.

Dans un rapport intitulé « Tunisie : Surmonter les Obstacles à l’Inclusion des Jeunes », la Banque mondiale s’est intéressée aux perspectives en matière d’intégration des jeunes.

Pour illustrer sa problématique, l’institution financière internationale se penche d’abord sur la situation des jeunes en termes d’emploi. Elle indique que selon l’Organisation Internationale du Travail, le chômage des jeunes âgés de 15 à 29 ans a augmenté après la Révolution, passant à 33,2% en 2013. Il est d’autre part rappelé que les jeunes ont joué un rôle de premier plan dans la transition politique, bien qu’il soit difficile pour eux d’obtenir un rôle dans la prise de décision et sont rarement consultés sur les questions qui les touchent directement.

Partant de ce constat, le rapport a tenté d’identifier les catégories de jeunes exclus en fonction de multiples facteurs, y compris les disparités régionales, les inégalités liées au genre, et l’accès limité à l’éducation, à l’emploi et les biens sociaux.

Il met l’accent sur la condition des jeunes de la catégorie « Ni dans le système d’éducation ni dans l’emploi, ni en formation » (NEET), la plus touchée par l’exclusion.

Les jeunes paralysés par le chômage

Selon le rapport de la Banque mondiale, le chômage est présent en milieu juvénile en raison de son découragement à chercher du travail. En effet, une majorité de chercheurs d’emploi partent du postulat que « les nombreuses pistes sont souvent fortuites sans l’aide du piston, de la corruption, des liens familiaux ou certaines affiliations régionales lorsqu’il s’agit d’un poste correspondant à leur niveau d’étude ». Les jeunes Tunisiens ont souligné l’importance des relations : 53,6% en milieu rural, 62,6% en milieu urbain.

Ils ont tendance à se réorienter vers les emplois non-qualifiés, moins viables à long terme, mais plus accessibles.

Concernant les femmes, ce constat est plus important, notamment dans les régions de l’intérieur et du Sud. Elles y sont parfois dissuadées de chercher un emploi du fait de l’enracinement des traditions patriarcales.

Autre raison qui a contribué à l’accentuation du chômage, le manque de soutien technique et matériel fourni par les bureaux de l’emploi puisque la plupart des « NEET » n’y sont pas inscrits, en particulier dans les zones rurales. Ce handicap, lié au manque de connexions empêche tout accès à l’information en termes d’offres d’emplois. De plus, dans un marché du travail où le chômage affecte la plupart des familles, les quelques emplois disponibles sont d’abord réservés aux parents et amis, avant les candidats réguliers qui y postulent.

Le document a mis dans son collimateur l’abandon scolaire précoce, précédemment dénoncé par les organisations tunisiennes actives en matière d’enfance, dont l’Association Tunisienne des Droits de l’Enfant (ATUDE) dans un rapport publié en octobre dernier.

En effet, une grande partie des personnes « NEET » n’a jamais obtenu de diplôme du secondaire. Ce constat est d’autant plus marqué dans les zones rurales. Parmi les jeunes tunisiens n’y fréquentant pas l’école (NEET, emploi indépendant, activité salariée), quatre sur cinq ont abandonné leurs études secondaires (81% pour les hommes, 85% pour les femmes).

Les chiffres sont bien moins inquiétants en milieu urbain où seulement 50% des hommes et 47% des femmes dans une situation similaire ont quitté le cursus avant la fin du secondaire.

Les institutions scolaires inadaptées ont été fortement critiquées par la Banque Mondiale qui estime qu’il semblerait globalement que l’école ne soit pas capable de transmettre les compétences adéquates pour permettre aux jeunes de s’assurer une bonne transition du milieu scolaire vers une citoyenneté active et une intégration professionnelle. En outre, le système d’admission de l’université est centralisé et rigide et il limite le choix offert aux futurs étudiants et ainsi que l’accès à de nombreux cours.

D’autre part, contrairement aux pays industrialisés, la Tunisie ne permet pas d’obtenir un apprentissage supplémentaire au cours de la vie professionnelle, après les études. Chaque année, seulement un jeune tunisien salarié sur dix reçoit une formation professionnelle supplémentaire.

Une participation politique et citoyenne très timide

Les conditions de démocratisation, d’amélioration des libertés civiles et économiques doivent à long terme mener à une plus grande participation des jeunes et à la réduction de leur inactivité. Toutefois, le processus prend du temps à se mettre en place, notamment, en raison du désintérêt et du manque de confiance dans les institutions publiques. Selon une étude de Gallup World Poll 2013, citée dans le rapport de la Banque Mondiale, les jeunes de la région MENA ont une perception négative de l’attachement à la communauté, du bénévolat et du gouvernement national par rapport aux autres régions.

Le rapport indique que les militaires, les imams locaux et les organisations religieuses reçoivent plus de 80% de confiance de la part des jeunes, alors que les institutions politiques n’en récoltent que 8,8% chez les jeunes de milieux ruraux et 31,1% chez ceux de milieux urbains.

L’autre raison est liée à l’inadéquation des outils d’information, puisque l’accès aux technologies de l’information et de la communication est largement répandu chez les jeunes. Facebook est le principal vecteur d’information et de diffusion. Seuls 6% des jeunes utilisent la radio, et 1% uniquement les journaux. L’enjeu est donc de passer d’une citoyenneté « virtuelle » à une réelle participation politique au niveau local et régional.

Issam Khemakhem

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