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Tunis : Les questions qu’il n’y a pas lieu de poser… et le reste !

En cette Tunisie postrévolutionnaire, il y a des sujets tabous qu’il ne faut pas aborder, des critiques qu’il ne faut pas formuler à l’adresse des formations politiques et sociales et des questions qu’il ne faut pas poser à l’opinion publique.

L’UGTT n’a pas l’air d’apprécier les critiques qu’on lui adresse, et même des interrogations sur le bien-fondé de quelques décisions ou sur l’opportunité de quelques initiatives prises par ses instances, sont malvenues. Et si on juge les réactions de quelques-uns de ses dirigeants, on n’est pas loin, si on se pose de telles questions, d’être traité d’anti-syndicaliste ou même d’ennemi de la classe ouvrière. Des militants qui ont accompagné le renouveau syndical des années 1970, sont en train de regretter l’attitude de Habib Achour, ce grand patriote, fin manœuvrier et visionnaire hors pair, qui établissait, à partir de 1975, une démarcation entre les critiques de ceux qui aiment l’UGTT et celles, malveillantes et tendancieuses émanant de ceux qui en veulent à la centrale syndicale et au syndicalisme en général. Et la gauche qui luttait au sein de l’UGTT et autour- faut-il le rappeler- n’était pas, à l’époque, avare en critiques.

Le barreau, secteur des plus dynamiques, qui avait contribué grandement au mouvement démocratique et à la révolution du 14 janvier 2011, est entré en lutte ouverte contre les forces de l’ordre et les magistrats, et ne semble pas désarmer, s’engageant dans un corporatisme qui fait peur. Les avocats, eux aussi, ne sont pas prêts à comprendre, ni apprécier les critiques de l’opinion publique ou celles du mouvement démocratique, à l’endroit de leur positionnement et de leur mode de combat.

Le lien, souvent établi entre les mouvements sociaux qui lèvent haut le slogan du développement des régions intérieures, d’une part, et les grandes manœuvres des groupes terroristes, d’autre part, n’est jamais traité de manière systématique par les médias. La descente de Kamel Gadhgadhi et ses compagnons de Chaambi a été effectuée, lors des grands mouvements à Kasserine revendiquant le développement dans la région en janvier 2014 ; et l’infiltration de terroristes venant de Libye a eu lieu, lors des mouvements des habitants de Ben Guerdène en mai 2014, pour s’opposer à la maîtrise des frontières initiée par le gouvernement Mehdi Jomaa, de même que la découverte de l’arsenal de Oued Rbaiea été révélée, peu de temps après les récents évènements de Dhéhiba et Ben Guerdène.

Même les revendications qui portent sur le développement dans certaines régions ne sont pas analysées à la lumière des obstacles parfois dressés par les habitants de ces régions mêmes, et les manœuvres qu’ils orchestrent, contre toute logique, pour bloquer la mise en place des projets de développement programmés chez eux et pour leur compte.

La gauche, qui était, sans conteste, la dynamo de la révolution de janvier 2011, a vite renié, au lendemain du scrutin d’octobre 2011, le processus de la Constituante engagé par ses soins, à la Kasbah2, vient de faire autant pour le crédo de Marx dont elle se réclame, prônant que la contradiction qui génère les révolutions et fait marcher l’histoire est celle qui oppose les forces productives aux rapports de production, pour se rabaisser au misérable crédo proudhonien qui situe cette contradiction entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas.

Les forces de la révolution (syndicats, avocats, mouvement démocratique et gauche…) ont l’air de se détourner de leur révolution, et au lieu d’accompagner la mise en œuvre de ses objectifs, elles se retranchent pour « cultiver leur jardin ». Concomitamment, l’opinion publique perd de sa ferveur et de son esprit critique. Et au lieu de voir la réalité en face et relever ce qui peut la faire évoluer pour réaliser les objectifs de la révolution, on se comporte, au mieux, comme si cette révolution était définitivement accomplie et que tout secteur doit en tirer, au maximum, profit, refusant au passage toute critique le concernant. Or, la révolution est un processus qui vient à peine de s’engager, et de ce fait, l’apport de tout corps de métier, secteur d’activité ou région doit être jugé à l’aune de sa contribution, dans l’humilité et l’apprentissage quotidien, à cette œuvre révolutionnaire.

AboussaoudHmidi

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