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Tunis : Nida Tounes paie cash, Ennahdha perd les ruraux et Jbali cueille les fruits de sa démission.

On l’attendait presque cette 15ème salve du «baromètre politique» du cabinet tunisien 3C Etudes, pour voir les effets des évènements qui ont secoué la scène politique tunisienne, au cours du mois de mars, et ils sont nombreux. L’attente ne fut pas longue.

Depuis deux mois au moins, en montée dans les sondages, le parti Nida Tounes avec Béji Caïed Essebssi pour figure de proue, enregistrait une secousse politico-tellurique d’une magnitude de 1,1 point. Nida Tounes perd ainsi sa première place dans les intentions de vote pour d’éventuelles législatives et se classe derrière Ennahdha, avec 29,7 %, derrière Ennahdha avec 30,9 %.

– L’ombre de Faouzi Elloumi plane sur Nida Tounes où seul Béji tire son épingle du jeu.

Le sondage ayant été fait entre le 9 et le 15 mars, on retrouve ainsi, dans cette baisse, l’effet de choc des déclarations de Faouzi Elloumi sur les liens entre Nida Tounes, les Destouriens et les anciens RCDistes. Nida Tounes perd ainsi du terrain, de 2,2 points par rapport à son concurrent et de 1,1 point par rapport aux résultats du baromètre de février 2013. Des déclarations, celles de Faouzi Elloumi sur Hannibal TV, que Nida Tounes semble avoir payées cash, même si elles ne semblaient pas avoir impacté l’image de Béji Caïed Essebssi, en tant que leader tunisien. Dans les intentions de vote pour d’éventuelles présidentielles, Béji l’emporterait haut la main devant Hammadi Jbali et même devant Moncef Marzouki, le plus grand perdant en matière d’image. Caïed Essebssi conforte même son image, qui semble ainsi complètement dissociée des déboires de son parti, de possible président de la 2ème République, avec 10,1 % des intentions de vote, contre seulement 6,8 %, il y a juste un mois. Dans ce même sondage sur les intentions de vote pour les présidentielles, Hammadi Jbali récolte les fruits de sa démission et de son initiative, mort-née, mais qui a donné de lui l’image d’un homme d’Etat en projet. Jbali montait, en effet, dans l’estime des Tunisiens et son crédit de confiance passait de 6 %, en février, à 8,7 %, en mars.

 

Deux grands perdants dans cette affaire. D’abord Marzouki qui perd presqu’un point et demi de crédit de confiance alors qu’il avait toujours été donné présidentiable. Depuis mars, c’est Béji Caïed Essebssi qui le dépasse, surtout dans les régions du Sahel et le reste du pays, sauf dans les régions du Sud, régionalisme oblige. Marzouki paie ainsi son immobilisme politique. Il paie aussi, certainement, le coup porté à l’institution militaire, par son refus de maintenir Zbidi à la tête du ministère de la Défense.

– Où se trouvent le fief et le terreau d’Ennahdha ?

 

Dans les résultats de ce 15ème opus de 3C Etudes, il est important de signaler les résultats des intentions vote pour les prochaines législatives, si elles ont lieu maintenant, selon les régions. On découvre, ainsi, que le fief d’Ennahdha ne se trouve pas là où tout le monde l’attendrait. Il est, essentiellement, dans les régions du Sud tunisien. Ce n’est peut-être pas bon pour une région qui vit presqu’exclusivement du tourisme, mais Ennahdha l’emporterait à 60,8 % dans les régions du Sud-est, à 43,2 % dans le Sud-ouest et à 30,2 % à Sfax, région de l’ultra Habib Ellouze et qui semble ainsi basculer vers l’islamisme. On découvre aussi, contrairement à ce qu’on pourrait croire, que le terreau d’Ennahdha n’est pas dans les régions rurales, connues pour leur conservatisme et leur culture religieuse, mais bien dans les régions urbaines. C’est, en effet, dans les grandes agglomérations et les périmètres communaux qu’Ennahdha remporterait les éventuelles élections législatives, avec 32,4 % des intentions de vote, contre seulement 27,7 % dans les régions rurales. Certains pourraient y voir l’effet des mass médias qui arrosent les téléspectateurs de multiples reportages sur les problèmes d’indigence et de manque de développement à l’intérieur du pays. Des médias, dont 64 % des sondés se déclarent contents et où le nombre des mécontents ne dépasse pas les 2 millions, selon les chiffres extrapolés, donnés par le cabinet 3C Etudes. C’est aussi dans les grandes villes et malgré l’implantation des jeunes islamistes dans les banlieues pauvres de ces villes, que Nida Tounes trouve son fief. C’est ainsi dans le Grand Tunis qu’Ennahdha ne trouveraient que 26,1 % de votants, contre 33,3 % pour Nida Tounes. Les régions du Nord semblent aussi, désormais, échapper au contrôle d’Ennahdha. Dans les régions du Nord-est, Nida Tounes trouverait 29,7 % de votants, contre 29,1 pour Ennahdha. La différence est plus nette entre les deux principaux partis de la Tunisie de l’après Ben Ali, au Nord-ouest. Nida Tounes l’y emporterait avec 29,5 % contre 15,3 % pour Ennahdha. Le cabinet de sondage d’opinion s’attend aussi à ce qu’il a appelé «les batailles de Sfax et du Sahel». Deux régions où les scores sont serrés. Pour Ennahdha, ce serait, en effet, 30,5 % des intentions de vote, contre 26,4 % pour Nida Tounes à Sfax et 30,2 % d’intentions de vote pour Ennahdha contre 36,9 % pour Nida Tounes, au Sahel. Cela, tout en sachant que Sfax, c’est un seul gouvernorat et le Sahel au moins trois gouvernorats (Sousse, Monastir et Mahdia).

– L’opposition ou la roue de secours dégonflée.

On ne terminera pas sans indiquer que seuls 33 % des Tunisiens sondés par 3C Etudes, se sont déclarés satisfaits du rendement de l’opposition en Tunisie, contre 59 % de mécontents. Une opposition dont l’image pâtit certainement du manque d’alternatives proposées par elle, dans cette période transitoire où les enjeux étaient restés politiciens pour l’opposition tunisienne, alors qu’ils étaient économiques. Une opposition aussi, dont le crédit de confiance a été fortement érodé par le «cirque de l’ANC », les niveaux de discussion et toutes les boulettes dont pullulent les réseaux sociaux à propos de leur rendement sur la Constitution, notamment. Une opposition qui garde quand même une assez large marge de manœuvre, au regard du taux de 43 % d’indécis en matière de vote.

Enfin, et si le crédit de confiance des Tunisiens dans les médias est au plus haut, ils étaient, selon le cabinet de sondage, 35 % à se déclarer mécontents du rendement du gouvernement de Hammadi Jbali. On attendra donc le prochain baromètre politique pour voir si le gouvernement d’Ali Larayedh aura plus de chance.

Khaled Boumiza.

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