AccueilLa UNETunis : Pourquoi Marzouki et Hamma Hammami font cavalier seul?

Tunis : Pourquoi Marzouki et Hamma Hammami font cavalier seul?

L’ex président de la République Moncef Marzouki affirme que la lutte antiterroriste ne doit pas être une occasion pour porter atteinte aux droits de l’Homme et aux libertés. Hamma Hammami souligne que l’opération doit servir d’occasion pour mener des négociations avec les créanciers de la Tunisie pour les persuader d’annuler une partie de la dette du pays contractée sous la dictature et souvent qualifiée selon le jargon de la gauche radicale internationale de « dette odieuse ».

Le premier inspiré par les théories classiques des droits de l’homme et le second par les exemples latino-américains essentiellement l’Argentine et l’Equateur qui ont dénoncé leur dette extérieure dans les années 2000.

Les deux responsables nuancent, cependant, leurs propos. Le premier, en affichant, dans le cadre d’une réaction à chaud à la récente opération terroriste, un attachement à l’unité nationale et un appel, à ceux qui veulent l’entendre, pour éviter de politiser ce genre d’opérations. Il prévoit l’échec des terroristes dans leur entreprise d’imposer aux Tunisiens un mode de vie déterminé et rappelle, bonnement, que la victoire sur le terrorisme doit être sécuritaire, militaire, politique, culturelle et morale.

Hamma Hammami qui a évoqué le problème de la dette, quelques heures après le massacre, dans un cadre politique et psychologique qui ne s’y prête pas, a laissé entendre que le référentiel de son initiative n’est pas idéologique mais simplement pratique. Il n’inscrit pas son appel dans le cadre de l’émergence de la nouvelle mouvance radicale de l’Europe du Sud ( Podemos en Espagne et Syrizaen Grèce) et des expériences déjà engagées en Amérique Latine (par le Président équatorien Vicente Correa Delgado, et les Kirchner- Cristina et Nestor- en Argentine), mais il le justifie par le besoin que ressent le pays de mettre à niveau ses forces armées et de sécurité pour mieux lutter contre le terrorisme.

Les deux responsables politiques veulent marquer leur spécificité face à un large consensus qui s’est dégagé dans la foulée de l’opération djihadiste. Mais, dans ce contexte d’harmonie, ont-ils vraiment besoin de se démarquer du large consensus national ?

Il faut reconnaitre que les positions affichées des deux leaders ne comportent l’ombre d’aucune concession au terrorisme, mais le fait de les accompagner par des conditions risque d’envoyer à l’opinion publique un message négatif indiquant que Marzouki et Hammami sont réticents à rejoindre l’élan anti-terroriste qui se dessine à l’échelle nationale.

En fait les deux chefs politiques ne sont, cependant, pas dans la même situation. Marzouki cherche à se trouver une place dans l’échiquier politique après l’avoir quitté et constaté amèrement que l’horizon se referme devant lui et risque carrément d’être oublié. Et même le projet politique qu’il a entretenu pendant des mois est en train de s’effriter, avec le départ de quelques formations politiques qui l’ont rejoint au départ.

Pour HammaHammami , les choses se présentent autrement. Il est un leader incontesté au sein du Front Populaire, mais son ambition parait un peu plus large que le créneau dans lequel il évolue. Et il est en train de vivre une frustration de ne pas arriver à imposer sa règle de jeu dans la période précédente. Il ne pouvait ni participer au gouvernement, ni faire valoir son statut de troisième force politique du pays : Il n’est parvenu ni à imposer la dictature de la minorité ni à s’ériger comme un arbitre du jeu démocratique. Peut-être parce qu’il a un peu trop écouté sa gauche extrême qui est plus déconnectée que lui de la réalité du pays.

Aboussaoud Hmidi

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