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Tunis-Version draconienne de la loi de l’immunisation de la Révolution, selon Maherzia Laabidi

Maherzia Laabidi vient de publier sur sa page facebook une information selon laquelle une nouvelle version draconienne de la loi de l’immunisation de la révolution a été présentée par des députés d’Ennahdha, du CPR et du parti Wafa.

Ces propositions portent sur l’appellation de la loi qui sera, selon l’initiative des députés, une loi sur l’isolement politique.

Le nouveau projet prévoit également l’élargissement du champ d’application de la loi projetée, avec l’ajout de l’expression « tous ceux qui ont collaboré avec le système de la dictature », ne se bornant pas à énumérer les personnes à écarter de la sphère politique.

Une instance de la probité sera créée et aura pour mission de :

– Dresser une liste préliminaire des personnes cibles de l’isolement.

-Examiner les CV des personnes qui occupent des postes électifs, ou se portent candidats à ces postes, aux postes ministériels, au cabinet présidentiel ainsi que les hauts cadres de l’administration, de la magistrature, et les responsables des médias publics.

L’instance de la probité a la latitude d’accéder aux archives, ce qui lui donne le pouvoir de révoquer n’importe quel responsable et d’empêcher les candidatures des personnes impliquées, s’il s’avère qu’elles ont collaboré avec le système de la dictature.

Il est à noter que la Tunisie par ces nouvelles propositions se rapproche des schémas libyen et égyptien, deux pays du printemps arabe gouvernés par des islamistes. D’abord, par les appellations des trois lois qui régissent le bannissement de ceux qui ont travaillé sous les régimes déchus, les 3 pays ayant adopté des appellations similaires.

Cette appellation est elle-même dérivée d’une autre adoptée par les militaires égyptiens après le coup d’Etat de juillet 1952, contre le roi Farouk .Ils ont doté le pays d’une loi destinée à éliminer les anciens cadres de l’Etat sous le nom générique de loi de la « perfidie politique  » (Al-Ghadr Essiassi) ,d’ailleurs réactivée par les militaires après l’élimination de Moubarek pour écarter les hommes politiques qui s’en réclamaient .

Une autre similitude se remarque, cette fois-ci, avec le schéma de transition libyen à travers l’instance de la probité, qui a été créée en Libye, avant les élections de juillet 2012.

Cette instance, omnipotente, et dont les menées ont été boostées par les surenchères des groupes armées, les motivations tribales, et les rancœurs générées par la barbarie de Kadhafi. L’instance au pouvoirs très larges ,dans un vide institutionnel, a non seulement empêché la candidature de centaines de citoyens pour les élections législatives , mais a opposé un véto à la nomination de beaucoup de ministres et de hauts cadres de l’Etat après les élections ,et a fini par perturber le travail du congrès général (parlement) ,à tel point que son président a été obligé de démissionner.

Cette période transitoire que traversent les trois pays de l’Afrique du Nord , tenant compte des spécificités de chaque situation ,et du génie de chaque peuple , allait donner aux élites révolutionnaires et aux peuples de la région, l’occasion d’envisager des solutions inédites aux problèmes de la transition ,pour marquer l’orientation de la région ,et de manière irréversible , vers la démocratie , le pluralisme , la tolérance et l’esprit citoyen . Vue sous cet angle, toute différence entre les solutions envisagées dans chacun de ces pays, illustrera la richesse de l’expérience révolutionnaire du printemps arabe, et fournira la preuve que chaque peuple a son apport spécifique à cette épopée de début de siècle. Mais, dès lors que l’islamisme politique a adopté des solutions similaires pour des situations très variées , pour montrer que l’approche religieuse, par sa recette magique, peut résoudre tous les problème de n’importe quelle société quitte à provoquer une guerre civile dans un pays , une scission dans l’autre ,et un isolement politique du parti au pouvoir dans le troisième pays .

La Tunisie vivra dans les mois à venir, comme l’Egypte et la Libye, dans un climat où la loi de l’isolation, s’ajoutant à l’instance de la probité, ira de pair avec les agissements des ligues de la protection de la révolution (LPR). Ce qui laissera présager que ce qui se passe aujourd’hui en Libye et en Egypte, sera probablement le lot de la Tunisie .

Aboussaoud Hmidi

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