AccueilLa UNETunisair : A qui profite l’écriture comptable ?

Tunisair : A qui profite l’écriture comptable ?

Tunisair, le transporteur national qui n’a plus la cote chez son propre gouvernement (le Chef d’Etat et le chef de gouvernement faisaient appel d’offre au moins disant pour le transport de leurs propres membres), est une société cotée en bourse qui déclare un capital social de 106,199 MDT. Pour 2013, la même Tunisair déclarait un déficit de 205 MDT à titre individuel et de 216 MDT pour tout le groupe. Un groupe, par ailleurs, composé de 8 entreprises, toutes déficitaires, à l’exception d’Amadeus (Services informatiques de réservation).

Techniquement, le porte-drapeau du pavillon national aérien, est une société en faillite puisqu’elle a «bouffé» deux fois son propre capital. A cela, il faut ajouter ses fonds propres qui fondent comme neige au soleil. Ils ne sont plus que de 76 MDT et atteignent ainsi un niveau alarmant de dégradation. Mais passons. Cela ne semble pour l’instant déranger personne, ni la PDG, ni le ministre du transport et encore moins le chef du gouvernement. Il est vrai que Tunisair est une entreprise qui souffre de maladies chroniques, dont notamment le «cancer» de la surpopulation, puisqu’elle compte 303 personnes par appareil, «soit un ratio de personnel extrêmement élevé par rapport à la moyenne des compagnies aériennes », comme l’admet la direction même de Tunisair.

– Entre Jrad et Sghaïer, l’ancien gouvernement avait fait son choix.

Il y a lieu cependant, de revenir sur ce déficit de 205 MDT de 2013 (216 MDT en consolidé). En 2012, l’année où Rabah Jrad prenait les rênes de la compagnie(le 28.2.2012), le déficit était de 134,6 MDT. L’ancien PDG avait alors âprement négocié l’annulation de la dette de 165 MDT de l’OACA (Office de l’aviation civile) et l’avait obtenu, avant d’être débarqué par le gouvernement de Mehdi Jomaa après lui avoir même envoyé une compagnie d’employés dans une tentative de «Dégage». Rabah Jrad qui a obtenu la prise en charge par l’Etat des 165 MDT de dettes de l’OACA, sera déposé en mai 2014 avant la mise en application de cette décision. Le 27 du même mois, Salwa Sghaier est nommée à sa place. Cette dernière, venait du département de l’industrie où Mehdi Jomaa était ministre avant d’être nommé à la tête du gouvernement.

2014 finissait, sans que Tunisair n’arrive à boucler ses états financier ni publier ses résultats. L’actuel management de Tunisair expliquait, ce mardi 24 février 2015 au cours d’une conférence de presse, ce retard en précisant qu’il «est dû à la question portant sur le traitement comptable de la prise en charge par l’Etat des dettes de Tunisair envers l’OACA et en particulier la détermination de l’année de rattachement de cette opération». Après va et vient, le Conseil national de la comptabilité publique, dépendant du gouvernement, décidait le 15 décembre 2014 (ndlr : sous le gouvernement Jomaa) de comptabiliser cette prise en charge de la dette de 165 MDT, sur l’exercice 2014, l’exercice au cours duquel l’actuelle PDG avait pris le relais de Rabah Jrad. N’eût été cette décision, le déficit de 2013 aurait été de seulement 52 MDT et le résultat de l’exercice 2014, que l’actuelle PDG annonçait fièrement comme, étant attendu équilibré, sera hautement déficitaire. Entre les deux exercices, il s’agit simplement d’une écriture comptable. La question était de savoir pourquoi choisir de la faire pour l’exercice de Salwa Sghaïer et non pour l’exercice de Rabah Jrad.

– 2014 de tous les espoirs, pour la nouvelle direction.

Pour l’exercice 2014, rien ne semble encore prêt, selon la direction même de Tunisair qui ne disposait toujours pas de chiffres officiels. La PDG consent pourtant à nous indiquer que les revenus seront de 1018 MDT, en hausse de 3 % par rapport à 2013, que les charges d’exploitation seront de 1278 MDT cette année, en baisse de 3 % à la suite de la baisse des prix du carburant et que le résultat d’exploitation sera supérieur de 30 % à celui de 2013 où il était déficitaire de 1300 MDT.

On va pourtant reprendre ce chiffre de 1018 MDT de revenus, enregistrés pour 2014. On va en déduire les 1115 MDT qui représentent, selon une note distribuée par la direction de Tunisair aux journalistes, les principaux postes de charges (ndlr : Redevances aéronautiques 500 MDT en 2013, Carburant 332 MDT, masse salariale 187 MDT et taxes de survol 96 MDT). On se retrouvera alors avec un résultat brut d’exploitation de 0,97 MDT pour 2014. Ce résultat, s’il se confirme, ne sera cependant nullement l’effet d’une quelconque amélioration de l’exploitation au sein de la compagnie. Il sera tout simplement l’effet de la décision d’impacter l’effet des 165 MDT sur l’exercice de Salwa Sghaïer et l’effet de la réduction de 22 MDT des dépenses carburant. Beaucoup de pain reste donc sur la planche, d’autant que Tunisair devra encore trouver 500 MDT pour financer ce qui reste de son plan de renouvellement de la flotte. On y reviendra.

Khaled Boumiza

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