Moins d’une semaine après l’attaque terroriste survenue mercredi dernier au Mont Chaambi faisant 15 morts et une vingtaine de blessés parmi deux unités de l’Armée nationale, le chef du gouvernement Mehdi Jomaa s’est rendu mardi 22 juillet à Tebessa à la tête d’une délégation de haut niveau.
Cette visite vient suite à l’accord conclu entre la Tunisie et l’Algérie pour lancer une série d’opérations militaires mobilisant huit mille soldats algériens et quelque six mille soldats tunisiens afin d’éradiquer les groupes terroristes le long de leur frontière commune.
Ces opérations qui s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie sécuritaire à long terme vont se concentrer sur la région de Kasserine et celles de Biskra et Tebessa, du côté algérien.
Une aide militaire algérienne pour éliminer les terroristes
Un défi de taille a poussé l’Algérie à décider de fournir une aide militaire à la Tunisie aux termes d’un accord conclu entre les deux gouvernements portant sur la fournitures d’équipements et de matériels militaires ainsi que sur la formation d’un certain nombre troupes d’élite sécuritaires spécialisées dans les opérations et tactiques antiterroristes.
L’aide a été annoncée par des sources diplomatiques tunisiennes dans une déclaration au journal qatari « Al Arabi » en marge de la visite de Mehdi Jomma.
Changement de tactique pour une meilleure coordination sur le terrain
Le renforcement de la coopération entre les deux pays n’est pas fortuite. Pour plusieurs observateurs, ceci est justifié par la menace terroriste dont les risques ne toucheraient pas la Tunisie, mais aussi l’Algérie en tant que puissance régionale ciblée par plusieurs parties.
« Le terrorisme n’a pas de frontières et aujourd’hui, l’Algérie est plus que jamais menacée par ce danger qui a réussi ces derniers temps, à prendre de l’ampleur en Tunisie», nous a dit un expert en sécurité stratégique avant de préciser que « es considérations géopolitiques ont poussé les décideurs de deux pays à changer de tactique en choisissant le renforcement de la coordination sur le terrain pour l’adapter aux mutations que connaît la région de manière générale ».
Un avis partagé par Alaya Allani, spécialiste des mouvements islamistes, qui n’a pas manqué d’affirmer que le changement de tactique s’est traduit par les efforts déployés par Mehdi Jomaa, lors de sa récente visite à Tebessa où il a cherché à développer les moyens du contrôle.
Cette visite dont les significations sont claires, permettrait également de fournir les conditions adéquates pour la signature d’une convention militaire commune stipulant la garantie des manœuvres communes et la poursuite des terroristes retranchés dans les zones frontalières. « Ceci est d’une extrême importance dans la mesure où les deux pays ne sont pas liés par un partenariat militaire à l’exception de celui signé dans le domaine du renseignement », a rappelé Alaya Allani dans un entretien téléphonique avec Africamanager, mettant l’accent sur « l’importance de mettre en place des lois et des législations nécessaires pour éradiquer le terrorisme notamment dans le climat actuel où le nombre des attaques terroristes est éligible à une très probable augmentation , surtout à l’occasions des prochaines élections.
Outre la signature d’une telle convention militaire, Mehdi Jomaa a voulu consolider la coopération économique à travers la promotion des investissements de manière à contribuer à absorber le chômage et la pauvreté, deux facteurs exploités par les groupes terroristes pour le recrutement de nouveaux adhérents.
Au regard de la visite de Mehdi Jomaa à Tebessa, Alaya Allani se dit confiant quant à la réussite de cette sorte de « plan Marshall » mis en place par l’Algérie dont les retombées seront certainement positives pour la Tunisie qui fait actuellement face à une crise sans précédent. « Je pense que Mehdi Jomaa œuvre à assurer le développement dans les zones frontalières communes à travers la création d’un marché libre », a souligné Allani affirmant qu’ « il s’agit d’une bonne démarche pour garantir la stabilité étant donné que le gouvernement tunisien ne pourrait jamais résoudre le problème du terrorisme ou de la contrebande sans assurer le développement dans les zones frontalières, déjà marginalisées ».
Wiem Thebti