AccueilLa UNETunisie : Béchir Zaafouri chercherait-il à déstabiliser le marché ?

Tunisie : Béchir Zaafouri chercherait-il à déstabiliser le marché ?

A la fin du mois de juillet, 30.903 véhicules dont 22.778 voitures particulières (VP), ont été écoulés et immatriculés sur le marché tunisien. Dans cette dernière catégorie des VP, le classement des meilleures ventes est quelque peu chambardé depuis le début du second semestre de cette année. Même si Renault d’Artes (Concessionnaire de la marque) garde toujours le leadership et Volkswagen d’Ennakl garde sa quatrième place, on voit Peugeot qui était à la 3ème position, en avril dernier, se propulser à la seconde place. Kia qui était deuxième, en avril, descend à la 5ème. On remarque aussi que les ventes ou immatriculations d’au moins cinq marques, sur les dix premiers concessionnaires tunisiens, s’orientent carrément vers la baisse, même si le nombre des immatriculations paraît en hausse de plus de 6 % d’un juillet (2012) à l’autre (2011) qui n’est pas une année de référence au vu de ce qui s’était passé en Tunisie.

 

La baisse des ventes des marques les plus connues est en fait simplement due à l’épuisement de leurs stocks. Le cas est flagrant, par exemple, pour Kia qui n’immatriculait, en juillet dernier, que 165 véhicules alors qu’elle vendait 334 VP, en juillet 2011. Renault enregistre déjà une baisse de 2,1 %, Peugeot une baisse de plus de 22 %, Dacia de chez Artes des Mzabi, une chute de plus de 24 % et Mitsubishi une dégringolade des ventes de plus de 73 %.

Cet assèchement des stocks est essentiellement dû à la baisse même des quotas. En 2010, avant la révolution, 58 mille véhicules étaient vendus en Tunisie. En 2011, ce ne sont que 45.000 véhicules qui sont accordés par les services du ministère du Commerce, en raison, explique-t-on, des conditions particulières du pays. Cette année 2012, le total des quotas se stabilisait à 45.200.

En 2011, on avait cependant remarqué qu’un certain nombre de concessionnaires avaient renoncé à importer tout ou grande partie de leurs quotas. Le quota de 2011 n’a en fait été consommé qu’à hauteur 75 %. En 2012, et après avoir, dans un premier temps, mandaté la chambre des concessionnaires à distribuer le programme général d’importation des 45.200 véhicules, le ministre du Commerce s’était entendu avec les concessionnaires que le volume non importé des 75% alloués à tous les concessionnaires sera redistribué entre ceux qui auraient importé 75% ou plus de leurs volumes, à fin septembre 2012. Ce volume, non importé à fin septembre et qui devait être redistribué, est généralement estimé à au moins huit mille véhicules. Cet accord avec le ministre Béchir Zaafouri, avait alors poussé plus d’un concessionnaire à épuiser l’importation de toute la quantité qui lui avait été allouée, en espérant la rallonge promise après fin septembre.

Béchir Zaafouri chercherait-il à saborder les privatisations ?

Il semble, cependant, que le ministre Zaafouri ait fait volte-face. Au moins trois des concessionnaires, Renault, Peugeot et Citroën, ont, en effet ,vu leurs dernières importations bloquées au port, à la condition de donner au ministère du Commerce un engagement écrit qu’ils n’en demanderont pas plus, c’est-à-dire qu’ils ne revendiqueront pas la redistribution de leurs parts dans ce qui n’aura pas été importé, à fin septembre. Le ministre Zaafouri espérerait ainsi réduire le programme général d’importation réalisé à fin décembre 2012, à seulement 35 mille véhicules et repartir avec ce même volume, pour l’année 2013.

A terme donc, le nombre de véhicules commercialisables en Tunisie baisserait de manière drastique. Cela plaira, peut-être, à ceux qui plaident pour une baisse des importations en Tunisie. Cela portera cependant un mauvais coup à un secteur qui fait au moins un chiffre d’affaires à la vente de 2 milliards DT et emploie au moins 7.000 salariés directs et indirects sur le territoire tunisien. Tout cela, dans une Tunisie où la voiture n’est plus un luxe et où le véhicule est avant tout un produit d’équipement pour l’activité économique. Assécher le marché cela reviendra à induire immanquablement une déstabilisation du marché et à mettre le feu aux poudres du marché des voitures d’occasion, au marché parallèle et à la contrebande des véhicules.

On se demanderait aussi à quoi rimerait cette volonté d’assécher le marché des véhicules, dans une Tunisie où l’Etat est maintenant, par l’effet de la confiscation, le plus gros concessionnaire du pays. Baisser les quotas et assécher le marché impliquera aussi une baisse drastique du volume du chiffre d’affaires et donc des impôts que prélève l’Etat sur les concessionnaires.

Cela mettra directement et immédiatement aussi à mal les perspectives commerciales et les business-plans des entreprises de ventes de véhicules que l’Etat tunisien s’apprête à vendre et à privatiser. Le ministre du Commerce chercherait-il ainsi à saborder les prochaines privatisations ?

Khaled Boumiza

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