Le nombre de chômeurs a augmenté ces derniers mois pour atteindre maintenant le niveau alarmant, jamais atteint, de plus de 700.000 personnes. Soit un taux de chômage global de 20%, un taux qui atteint 30% chez les diplômés de l’enseignement supérieur. Toutefois, si l’on se réfère aux dernières statistiques officielles disponibles, le nombre de chômeurs était d’environ 500.000 en 2010. La population active, représente environ 4 millions d’individus, le taux de chômage moyen national était d’environ 13% en 2010.
Le taux de chômage est par ailleurs, nettement plus élevé dans les régions intérieures de l’Ouest que dans les régions côtières de l’Est du pays. Il atteignait déjà des niveaux alarmants dans les gouvernorats de Tozeur et Kasserine autour de 30%, de Gafsa 25% et de Jendouba et Siliana 20% en 2008. Le taux de chômage est bien plus élevé chez les femmes que chez les hommes (19% contre 11%) en 2010. L’écart se creuse encore davantage entre les jeunes et les adultes. Alors que le taux de chômage pour les adultes de plus de 25 ans est de 10%, il triple pour atteindre les 30% pour les jeunes de moins de 25 ans en 2010.
*Population en Chômage : Evolution de la population en chômage par sexe (15 ans et plus).
2005 | 2006 | 2007 | 2008 | 2009 | 2010 | |
Hommes | 298,8 | 289,4 | 291,4 | 436,4 | 303,7 | 300,3 |
Femmes | 133,6 | 145,0 | 145,0 | 155,2 | 186,6 | 191,5 |
Totale | 432,4 | 436,4 | 436,4 | 448,4 | 490,3 | 491,8 |
En milliers *Source: Enquête Nationale sur l’Emploi (2005, 2006, 2007,2008, 2009, 2010), INS
Les défis à relever
Pour faire face à la situation alarmante et à la demande de plus en plus pressante que connait le marché de l’emploi tunisien, la stratégie adoptée par le Ministère de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, s’articule selon Fekher Zaaïbi représentant de l’Observatoire National de l’Emploi autour de 4 axes majeurs : Accompagner activement les demandeurs d’emploi et développer leur employabilité, stimuler la création de nouveaux emplois, développer l’entreprenariat et de la micro-entreprise, soutenir les entreprises pour pérenniser les postes d’emplois existants.
Le gouvernement provisoire a mis en place un projet à court terme focalisé sur quatre axes notamment l’emploi, le développement régional, la dynamisation de l’économie et l’octroi d’aides sociales. L’objectif étant de promouvoir l’économie nationale et d’améliorer les conditions socio-économiques dans les régions intérieures les plus défavorisées.
En ce qui concerne les mesures de recrutement des diplômés de l’enseignement supérieur, le gouvernement provisoire avait annoncé que le nombre total des recrutements dans la fonction publique au titre de l’année 2011 sera de 21880 recrutements. Environ 4000 postes ont déjà été annoncés dans les ministères de l’Education et de la Défense.
Le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi précise que les recrutements dans le secteur public pour cette année et pour la première fois, sont ouverts uniquement aux chômeurs inscrits au réseau des bureaux de l’emploi et du travail indépendant. Les recrutements sont organisés selon des dispositions exceptionnelles qui consistent, pour la première fois également, en l’adoption du principe de concours sur dossiers avec la possibilité de passer des épreuves orales ou appliquées si cela est nécessaire.
Rappelons que le classement des candidats a été fait selon cinq critères dont notamment l’année du diplôme, l’âge du candidat, la situation familiale, la mention obtenue dans le diplôme scientifique et les stages de formation non inclus dans le programme d’études.
Soutien à l’autofinancement
Pour réduire le taux du chômage, près de 30 projets pilotes sont étudiés actuellement en partenariat public-privé. Les recrutements qui y seront faits, tiendront compte de la spécialité, de la durée du chômage et de la situation sociale. Des emplois peuvent être créés dans les associations et les organisations nationales et ce, à travers la définition des besoins et l’incitation des ces structures au recrutement. Parallèlement, l’exécution des conventions d’emploi à l’étranger conclues entre la Tunisie et les pays d’accueil sera accélérée.
En effet, le ministère de la Formation professionnelle et de l’Emploi a impulsé la création d’entreprises et l’accompagnement des promoteurs pour la création de microprojets et assurer leur pérennité pourraient se faire en développant les interventions dans les domaines de la formation, la mise à niveau, l’accompagnement et le suivi dans toutes les étapes de concrétisation du projet.
Des mécanismes d’assistance seront mis à la disposition des promoteurs, depuis l’idée en passant par la formation complémentaire technique ou en gestion et l’accompagnement durant les deux premières années du lancement effectif du projet.
Le ministère a également identifié des solutions urgentes pour soutenir les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur qui ne disposent pas d’un autofinancement pour lancer leurs projets dans certaines régions. Les différents intervenants dans la promotion des entreprises vont travailler en coordination en vue d’augmenter le rythme de création d’entreprises dans les régions.
Les jeunes vont bénéficier d’une réadaptation dans des métiers prometteurs comme, à titre d’exemple, le syndicat immobilier professionnel. Mieux, les jeunes continuent de bénéficier de l’accompagnement une fois l’accord de principe de financement obtenu. L’accompagnement est destiné également aux étudiants qui effectuent leur plan d’affaires dans le cadre du projet de fin d’études.
D’une manière générale, l’emploi est un enjeu immédiat qui appelle des réponses rapides pour recycler et améliorer l’employabilité des diplômés en difficultés, rectifier le tir pour les formations inadaptées ou de qualité médiocre et mobiliser tous les acteurs afin de répondre à un enjeu social pour le pays.
Nadia Ben Tamansourt