La grogne des Tunisiens issus de plusieurs régions internes du pays s’accentue nourrie par le manque d’eau potable essentiellement dans cet épisode sanitaire critique que vit la Tunisie.
Un rapport publié ce vendredi 17 avril 2020 par le FTDES, relève qu’au moment où la plupart des Tunisiens se plaignent de la pénurie de certains produits alimentaires comme la farine et la semoule, et que d’autres, contraints d’arrêter le travail jusqu’à nouvel ordre, se sont tournés vers ce qui reste des économies et de la maigne épargne au cas où elle existerait pour pourvoir subvenir aux besoins de leurs familles, une tranche non négligeable des citoyens s’inquiète de ne pas pouvoir appliquer les consignes d’hygiène et de propreté données par les professionnels de la santé, pour la simple raison que l’eau ne leur est pas accessible.
Le FTDES a annoncé qu’il alerté à plusieurs reprises sur la gravité de la situation dans plusieurs régions en rapport avec les coupures d’eau ou son absence totale. Dans certaines localités de la Tunisie intérieure, la SONEDE est absente et des groupements de développement agricoles sont incapables d’assurer leur mission de fourniture d’eau, essentiellement à cause de problèmes d’endettement.
La même source précise que les habitants, et surtout les femmes et les enfants, font des trajets plus ou moins longs pour aller chercher de l’eau à la source la plus proche. Ces sources sont dans la plupart des cas impropres à la consommation , soit parce que leur eau est stagnante ou en raison des déchets de toutes sortes qui y sont déversés.
Le FTDES s’interroge, et interpelle l’Etat sur ce qu’il a fait pour garantir le minimum et l’indispensable des besoins à ces citoyens pour qu’ils puissent se confiner sereinement.
Comment ces Tunisiens, qui voudraient bien rester à la maison pour leur sécurité et celle de leurs enfants, pourraient-ils se laver les mains plusieurs fois par jour quand le litre d’eau qu’ils stockaient dans un coin de la maison est si précieux que se laver les mains est quasiment un luxe à leurs yeux ?
Cette eau est d’autant plus précieuse à l’heure actuelle que pour s’en approvisionner, ils doivent parcourir des kilomètres et s’exposer ainsi au Corona, tandis que la majorité des Tunisiens font couler leurs robinets pendant de longues minutes pour s’assurer qu’ils ont les mains bien propres.
« Nous n’avons pas observé de mesures à la hauteur de l’urgence de la situation, pour garantir à chacun son droit à l’accès à l’eau, si crucial aujourd’hui. Au contraire, l’Etat a choisi d’augmenter les tarifs de la Sonede pendant cette période », a déploré le FTDES.
Remettez de l’eau aux familles démunies…Reportez leurs dettes
Le Forum Tunisien pour les droits économiques et sociaux a, encore, tiré l’alarme sur la détresse de ces citoyens, qui courent aujourd’hui un grand risque de contamination par le COVID-19 car ils sont plus exposés au danger du virus que leurs concitoyens confinés à la maison.
Cette exposition, selon le FTDES, est due aux longs trajets qu’ils parcourent tous les jours à la recherche d’eau et est aggravée puisque leur système immunitaire est déjà affaibli par des années de consommation d’eau impropre.
Le forum dénonce ainsi la politique d’homogénéisation adoptée par les décideurs dans l’application du confinement à l’ensemble des citoyens tunisiens sans prendre en considération le cas particulier de la population privée d’eau.
Il rappelle aussi que le droit à l’eau est garanti par la Constitution et que l’Etat devrait assumer ses responsabilités pour garantir ce droit à tous au risque de voir une augmentation des cas atteints par le COVID-19 dans les zones rurales assoiffées. L’organisation a dans ce contexte appelle à prolonger la décision de la SONEDE de remettre l’eau aux familles nécessiteuses et de reporter le paiement de leurs dettes, initialement prévue jusqu’au 17 avril pour qu’elle couvre toute la période du confinement et qu’elle permette à tous les foyers d’avoir un accès continu à une eau de qualité. L’eau devrait être fournie gratuitement dans ce cadre(…).