En dépit d’une situation économique un peu morose en Tunisie, le secteur de l’e-commerce a pu réaliser une évolution de 29%, durant le premier semestre de l’année en cours, comparé avec la même période de 2012. Les transactions de vente sont estimées entre 20 et 25 millions de dinars et pourraient atteindre, selon les prévisions, 100 millions de dinars d’ici la fin de l’année.
Pour Lazhar Bennour, directeur du développement du commerce électronique et de l’économie immatérielle (Ministère du Commerce), les chiffres sont certes encourageants, mais restent inférieurs aux attentes.
Dans une déclaration à Africanmanager, il a remarqué que ce bilan s’explique par l’environnement, jugé défavorable en l’absence d’une vision claire et d’un financement spécifique destiné aux jeunes promoteurs. A cela s’ajoutent les autres contraintes liées au règlement de change et de la fiscalité.
Pour combler les carences, le ministère du Commerce est en train de chercher des pistes de solutions, lesquelles ne pourraient être efficaces qu’à la faveur de l’implication des autres ministères et structures notamment la Banque Centrale.
Lazhar Bennour a fait savoir que plusieurs projets sont en cours et qui s’inscrivent dans le cadre de la coopération internationale. On cite à ce propos le projet noué avec des partenaires italiens visant la formation de 12 jeunes cadres tunisiens. En outre, cinq experts tunisiens recevront une formation spécifique sur les aspects de labellisation des sites web marchands. D’après le responsable, l’aspect labellisation demeure stratégique pour la visibilité des sites web sur le net. « Si on veut doter de confiance un site web que ce soit sur le marché local ou international, il doit être labélisé », a affirmé Lazhar Bennour avant d’ajouter que « cette labellisation doit être instaurée par une instance indépendante fondée sur un partenariat public-privé ».
Pour l’instant, le ministère de tutelle se penche sur la formation des compétences nécessaires pour la mise en place de ladite instance qui relèvera du secteur privé, appelé ainsi à s’organiser à cette enseigne.
L’impératif de la volonté politique
« Si on n’a pas une forte volonté politique pour soutenir ce secteur, les résultats seront toujours dérisoires », a affirmé le responsable précisant que son département est en train de résoudre des problèmes ponctuels bien que la marge de manœuvre ne soit pas très importante.
L’existence d’une volonté politique ferme est la condition sine qua non pour promouvoir le commerce électronique, qui est capable, selon Lazhar Bennour, de contribuer à la résolution d’une part importante du problème du chômage des diplômés de l’enseignement supérieur tout en contribuant à l’effort de l’exportation, mais aussi à la labellisation de ce domaine.
En effet, le commerce électronique pourrait moderniser et organiser le secteur du commerce de façon générale. « Si on voit la situation économique de la Tunisie, on peut constater que l’une des causes majeures de la défaillance économique est le commerce parallèle et les mafias qui n’ont pas intérêt à ce que le commerce se modernise » a-t-il dit signalant que le commerce électronique est un secteur transparent où il y a une traçabilité électronique et guère de possibilité de fraude ou de contrebande.
Interrogé sur le futur du secteur d’e-commerce en Tunisie, Lazhar Bennour n’a pas manqué d’exprimer son optimisme d’autant qu’il s’agit d’un secteur en évolution malgré le contexte international particulier. « C’est un secteur qui est en train de dessiner l’avenir du comportement des consommateurs et des citoyens. D’ailleurs, l’avenir même de l’activité économique est dessiné par l’avenir du commerce électronique ».
69% des Tunisiens sont prêts à acheter en ligne
Pour le cas de la Tunisie, il a mis l’accent sur l’importance de multiplier les projets tout en encadrant les jeunes promoteurs. Une étude menée par le ministère de tutelle a relevé que 69% des tunisiens sont prêts à acheter en ligne dont 20% sont très favorables à acheter en ligne.
Dans ce contexte, le ministère du Commerce envisage la création d’un corps des conseillers dans ce domaine à l’instar du corps des consultants dans le secteur de l’exportation, vu le manque d’expertise nationale en matière de coaching, d’accompagnement et de préparation de business plan ainsi que la phase de démarrage où le taux d’abandon est très élevé.
« je suis persuadé que l’e-commerce peut survivre et afficher une progression et son chiffre d’affaires peut être multiplié par 5, durant deux années, seulement avec des mesures très simples et un impact faible sur le budget de l’Etat en faisant bénéficier le secteur du financement du fonds de soutien pour l’innovation technologique», a indiqué Lazhar Bennour.
Wiem Thebti