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Tunisie : Echec et … Mat pour Larayedh ?

4 morts et 49 blessés, tous tunisiens. C’est le bilan définitif d’une journée de violences, qui était dédiée au soutien d’un Prophète et d’une religion, qui n’ont jamais prôné la violence. Toutes les TV du monde étaient là et les responsables de ces violences ont été photographiés sous toutes les coutures. Le temps en Tunisie n’est pourtant pas encore, au ministère de l’intérieur, à confondre et à arrêter les responsables. Les responsabilités, tout le monde politique tunisien les cherche actuellement ailleurs, dans les coulisses et derrière les bureaux des responsables. Aux morts, que Dieu ait leurs âmes. Aux Américains, excusez vos poulains de cette pagaille !

Il est pourtant nécessaire de faire quelques remarques à propos de ce qui s’est passé, après ces violences.

 

–          C’était attendu, tout était attendu !

Qui sème le vent récolte la tempête, disait le proverbe français. Le vent, il faut s’en rappeler, ce sont tout d’abord les députés d’Ennahdha à la Constituante qui l’ont semé avec leurs déclarations, jeudi dernier, dans l’enceinte même de la Constituante. Ce sont ensuite certains les imams dans leurs prêches du vendredi noir. Ce sont enfin les forces de l’ordre qui ont vu et laissé passer les hordes de salafistes et bandits des grands chemins, sur plusieurs kilomètres à pied, en vélomoteurs, en voiture et tout ce qui pouvait servir de moyen de transport.

Tout cela, la mobilisation, les appels à la violence et les manifestations, étaient pourtant prévus, depuis le jeudi 13 septembre. Les violences elles-mêmes étaient attendues et leurs auteurs, connus, presqu’attendus d’avance. Le ministre de l’intérieur, Ali Larayedh, avait évoqué sur la Watanya 1, la jonction entre salafistes et bandits de grands chemins. Et ce n’était pas la première fois.

Cela avait été vérifié lors de l’attaque du tribunal de Sedjoumi en juin dernier et les évènements qui l’avaient précédée. Ce n’était pas, non plus, la première fois que des salafistes se livraient impunément à des actes de violence, sans aucune suite judiciaire. Derrière cette impunité, pointent  les positions du parti au pouvoir, Ennahdha, vis-à-vis de toute la mouvance d’islamistes radicaux. Les dernières en date sont les réactions de Rached Ghannouchi, l’homme à la tête de tous les pouvoirs en Tunisie. S’exprimant, vendredi soir, à la télévision nationale Wataniya 1, le président du parti du mouvement Ennahdha  a exprimé qu’il sympathise avec les manifestants qui défendent l’honneur du prophète Mohamed. Il a ajouté que les musulmans ont le droit de protester et d’être en colère quand on porte offense au prophète. Intervenant ensuite sur les ondes d’Express FM, Rached Ghannouchi accuse des «intrus» de s’être infiltrés dans la manifestation et qui seraient à l’origine des dégâts engendrés. Quand bien même aucune photo ne montrerait un salafiste ou un manifestant s’opposer à ces intrus. Les photos administraient, au contraire, la preuve d’une complicité. Dans aucune déclaration, il n’avait mis en cause la mouvance islamiste radicale des salafistes. Rached Ghannouchi, n’a apparemment pas changé, depuis son fameux discours du 30 août 1990, manifestement à Khartoum au Soudan.

On était deux jours après la symbolique du 11 septembre et ce qu’il disait, il y a 22 ans contre l’agression américaine contre l’Irak. «L’Etat qui agresse l’Irak exposera ses propres intérêts à la destruction partout dans le monde … » disait Rached Ghannouchi, avant d’ajouter que «celui  qui se met en ordre de bataille pour affronter les ennemis de l’islam, sera notre ami, et celui qui se met au service des ennemis de l’islam sera notre ennemi quels qu’en soient le statut et les slogans qu’il scande…. Allez-y de l’avant sans discontinuer et mettez le feu aux poudres de la guerre contre le juggernaut (force destructrice irrésistible) conduit par les Américains aujourd’hui partout dans le monde».

Ceux qui ont entendu ces paroles, ceux qui l’entendent toujours, l’ont-ils oubliées et pourraient-ils croire un jour que le leader du parti qui gouverne la Tunisie où ils se trouvent, peut un jour être d’accord pour qu’on les accuse de quelque chose ?

–         Ali Larayedh, coupable ou bouc émissaire ? Partira ou partira pas ?

Des questions se posent aussi au sujet du comportement des forces de l’ordre qui savaient, à l’instar  toute la Tunisie, au lendemain du jeudi et juste après la prière  du vendredi. Autant de questions sur le  comportement de ces mêmes forces de l’ordre sur le terrain, débordées, incapable de contenir de simples «intrus» comme les nommait Rached Ghannouchi, sur les instructions qui leur ont été données ou qui ne leur ont pas été données.

Ce n’est pourtant pas la première fois que Ali Larayedh faisait l’objet de critiques pour sa gestion des manifestations. Il est entendu à la Constituante et même poursuivi en justice, depuis avril dernier. Sa gestion des manifestations du 9 avril dernier fait toujours polémique et la Tunisie attend toujours le fameux rapport de commissions qui ne se sont pas constituées. Il débutera aussi le mois de mai 2012, sur des charbons ardents. En juin, c’est l’attaque d’établissements de souveraineté à Jendouba et en août, ce sont les évènements de Sidi Bouzid. Jamais Larayedh n’a été condamné  par son camp, Ennahdha, qui l’a toujours soutenu. Les choses semblent changer, depuis l’affaire de l’ambassade US à Tunis.

On commence avec le patron, Rached Ghannouchi qui s’interrogé sur la Watanya 1, sur les raisons pour lesquelles les forces de l’ordre n’ont pas su protéger le rassemblement comme il se devait, alors qu’il était prévu, depuis plusieurs jours. C’est ensuite le SG du CPR, Mohamed Abbou qui condamne, sur les colonnes d’Al Maghreb, la faiblesse du rendement des forces de sécurité. Et enfin Mohamed Hamdi, du courant réformiste, qui demande carrément la démission du ministre de l’Intérieur.

Ce dernier, sera en effet, une seconde fois entendu par l’Assemblée Constituante. Mais, notons cette toute petite information rapportée, ce dimanche 16 septembre 2012, par le quotidien El Maghreb. «Lors de discussions consultatives entre représentants de différents groupes parlementaires à propos des évènements de l’ambassade US, les représentants des différents groupes ont été unanimes à dire qu’ils ne demanderont pas [devant la Constituante] le départ de Larayedh, car son remplaçant à la tête du ministère de l’Intérieur [portefeuille revenant à Ennahdha dans le partage des ministères] ne  pourrait  faire montre d’autant de mansuétude[ ndlr : à l’égard des salafistes et des manifestants]» !

On se demanderait encore une fois si toutes ces déclarations, toutes les audiences, ne sont pas du simple cinéma et si Larayedh ne serait pas un simple bouc émissaire, au cas où il faudrait désigner  un coupable, pour des dépassements qui pourraient être même voulus ? A moins que tout cela, ne soit une simple excuse, pour passer sans contestation, la loi sur la protection du sacré dans la nouvelle Constitution, une proposition d’Ennahdha qui avait soulevé une large vague de contestations et de protestation!  

Khaled Boumiza

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