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Tunisie : Ennahdha-Hommes d’affaires ; le couple idéal mais pour l’instant en concubinage.

En marge des dernières journées de l’entreprise à Sousse, nous avions rencontré un éminent homme d’affaires avec qui nous avions discuté de la relation «incestueuse» d’Ennahdha avec les Businessmen. Nous y étions allés de manière assez directe, pour lui dire, «pourquoi avez-vous baissé le pantalon et pourquoi vous n’avez pas résisté». Sa réponse n’en a pas moins été directe, lorsqu’il répondit que «c’est trop tard».

Ces relations ont toujours fait jaser, surtout depuis la présence d’un homme d’affaires, connu dans le domaine des TIC et ancien partenaire d’un des gendres de l’ancien président tunisien, dans l’une des plus importantes missions d’Ennahdha aux Etats Unis d’Amérique. Et alors que des informations récurrentes faisaient état de la présence de tel ou tel grand homme d’affaires tunisien dans les locaux d’Ennahdha dans le quartier de Montplaisir, les déclarations sarcastiques et les pratiques menaçantes à l’égard des hommes d’affaires, se succèdent de la part d’Ennahdha et montaient en puissance, depuis les élections d’octobre 2011. La toute première rencontre du chef du Gouvernement avec les hommes d’affaires, avant même qu’il ne devienne chef du Gouvernement, ce dernier la signera de son célèbre mot de أصحاب العمايل ou hommes des intrigues. Il leurs assènera plus tard, et à plusieurs reprises, sa fameuse phrase du «Ras Mel qui est Jabène», (Le Capital est couard) s’employant, presque à chaque fois, à les rabaisser et à toujours les assimiler à la corruption, allant, comme, lors du dernier séminaire sur le marché parallèle, à leur préférer les contrebandiers de ce secteur. Le parquet , instrument entre les mains du Gouvernement d’Ennahdha, arrête des hommes d’affaires sans les traduire en justice, harcèle d’autres par des convocations sans fin devant les juges d’instruction, dresse les potences et refuse toujours de transiger dans le dossier des 70 hommes d’affaires interdits de voyage. A tout cela, s’ajoutent les déclarations fracassantes de membres du CPR, à propos des hommes d’affaires, de leur corruption, de la confiscation et de la justice transitionnelle.

Et pourtant, sans que cela puisse être encore vérifié, les partis politiques n’étant pas encore sous le contrôle continu de la Cour des Comptes, des informations nous parviennent sur tel homme d’affaires qui a versé telle somme à Ennahdha ou tel autre qui aurait participé aux frais de tels évènements d’Ennahdha. Ce qui est sûr, c’est que les hommes d’affaires sont ceux qui se plaignent officiellement de cet état des lieux et des déclarations des membres du Gouvernement qui leur rabaissent chaque fois le caquet dans une relation à la «Je t’aime, moi non plus», ce qui confirmerait presque la phrase de Jbali à leur égard.

A y voir un peu plus clair, Ennahdha et les hommes d’affaires, forment un couple qui filerait presque le parfait amour. Cela, même s’ils ne sont, pour l’instant, qu’en phase de concubinage, mariage de plaisir ou mariage coutumier, en attendant le mariage de raison. En effet, de par sa démarche économique, Ennahdha est de tendance droite libérale. Cela aussi, même s’il existe à ce sujet une différence entre la position d’Ennahdha en tant que parti au pouvoir et Ennahdha en tant que mouvement idéologique islamiste. Le schéma de développement qui reste en place, depuis la prise du pouvoir par la troïka à dominance nahdhaouie, est un schéma d’économie de marché, presque pure et dure. Les «patrons» d’Ennahdha, ceux de la première génération d’expatriés, sont eux-mêmes des patrons. Rached Ghannouchi dont les ressources financières en Angleterre restent toujours inconnues, Mohamed Ben Salem, son gendre Salim Ben Hamidane et son partenaire Riadh Bettaieb, sont des hommes d’affaires dont une partie des ressources a pu être dévoilée et Houcine Jaziri le patron de TPE en France, sont tous d’édifiants exemples des ressorts entrepreneuriaux de la classe dirigeante en Tunisie depuis octobre 2011. Ce sont ces racines qui expliquent la tendance de droite libérale du parti d’Ennahdha. Cela explique aussi l’entente incestueuse entre politique et finance. Et c’est cette relation, interdite et pourtant possible, qui explique le «Je t’aime, moi non plus», où les deux parties fricotent sans s’aimer, se lancent des mots sans s’insulter et sans pour autant totalement se détester.

Un homme d’affaires qui était du voyage de Hammadi Jbali en Arabie Saoudite, nous raconte qu’il aurait dit, au terme d’une discussion avec le chef du Gouvernement ; «Si Hammadi, que ce soit avec vous les Islamistes ou avec un autre gouvernement qui vous succèderait, nous on travaillera main dans la main, sans que cela ne nous oblige à être de votre bord». Un responsable de la Banque Mondiale, en visite en Tunisie, nous confie, en aparté, que son institution sait très bien ce qui se passe en Tunisie, l’incapacité de l’actuel gouvernement à convertir les crédits en projets créateurs d’emplois et que ces crédits alourdiront le fardeau des générations futures de la Tunisie. «Mais, nous sommes une banque », laissera-t-il tomber à la fin de l’entretien. A tort ou à raison, le Ras El Mel est en effet frileux et poltron et ne pense qu’à se démultiplier. L’argent n’a pas d’odeur, disait l’empereur Vespasien.

Les historiens disent que les caisses de l’empire étant vides, son contenu ayant été dilapidé par Néron, Vespasien institua nombre de taxes diverses afin de renflouer le trésor de l’Etat. L’une d’entre elles marqua plus particulièrement les esprits, celle sur les urines destinées à être collectées pour servir aux teinturiers (elles servaient à dégraisser les peaux). Elle était payable tous les quatre ans par tous les chefs de famille, en fonction du nombre de personnes (et d’animaux) vivant sous leur toit.

Bien entendu, le peuple se moqua de cette taxe, et Titus, le fils de Vespasien, lui en fit la remarque. L’empereur lui mit alors une pièce de monnaie sous le nez et lui dit : « ça ne sent rien » (« non olet »), sous-entendant ainsi que peu importait la provenance de l’argent tant qu’il remplissait les caisses.

Khaled Boumiza.

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