AccueilLa UNETunisie-FMI: Points clés d’une relation à la «je t’aime moi non plus»

Tunisie-FMI: Points clés d’une relation à la «je t’aime moi non plus»

Au 31/07/2021, l’encours des engagements de la Tunisie envers le Fonds monétaire international  s’est élevé à 1 669 millions de DTS (2 385 millions de dollars US), soit 306 % de son quota. En avril 2020, le FMI a accordé à la Tunisie un prêt d’aide d’urgence de 545,2 millions de DTS (745 millions$  ou 100 % de la quote-part) pour financer les besoins budgétaires et de la balance de paiements à caractère urgent causés par la crise sanitaire de la Covid-19.  Il a été relayé par la rétrocession  à l’État de l’allocation de droits de tirage spéciaux d’un montant de près de 522,55 millions de DTS, accordée à la Tunisie par le FMI, en septembre dernier.

Cette allocation exceptionnelle est considérée comme une aubaine pour la Tunisie (qui pourrait être assimilée à une distribution de réserves gratuites par une société à ses actionnaires) puisqu’il s’agit d’une ressource procurée à un coût nul qui permettrait de réduire le déficit budgétaire d’à peu près 2,0 milliards de dinars, le portant ainsi à -5,9 milliards de dinars en 2021 (-4,8% du PIB) contre -7,9 milliards de dinars (-6,6% du PIB) initialement prévus dans la loi de finances 2021.

« En se finançant auprès du FMI, la Tunisie a bénéficié de conditions avantageuses, tels que des taux d’intérêts faibles (entre 1,05% et 2,05%), un remboursement sur 10 ans avec une période de franchise de 4 ans et demi pour chaque tirage (dans le cadre de Mécanisme Elargi de Crédit). Par ailleurs, la mobilisation de fonds auprès du FMI donne généralement accès à des financements supplémentaires auprès des autres bailleurs de fonds internationaux qui conditionnent l’octroi à l’accord du FMI ». C’est ce qu’estime l’intermédiaire en bourse « Tunisie-Valeurs » dans une dernière note sur l’état des relations Tunisie-FMI. Une relation à la « je t’aime moi non plus », où présidence de la République et UGTT parlent d’atteinte à la souveraineté, et le gouvernement ne semble plus avoir de solution que d’y recourir à nouveau.  

4,4 milliards $ sous divers mécanismes  

Depuis son adhésion au Fonds Monétaire International (FMI) en 1958, la Tunisie a eu accès à plusieurs financements à travers divers mécanismes pour une enveloppe totale équivalent de 4, 400 Milliards USD, dont 87% ont été obtenus entre 2013 et 2020.

Au 31/07/2021, l’encours des engagements de la Tunisie envers le FMI s’élevait à 2, 385 Milliards USD, soit 306% du quota de la Tunisie, qui n’est autre que la quote-part qu’elle a versée en tant que membre du FMI qui s’élève à ce jour à 772 Millions de dollars USD. Le quota reflète le poids relatif de la Tunisie dans l’économie mondiale (soit près de 0,11% du total), et permet de définir le montant maximum qu’un pays peut emprunter au FMI (limite d’accès).

–          Un long fleuve tranquille jusqu’à la Révolution !

La Tunisie a eu recours au financement auprès du FMI à deux époques critiques de son histoire moderne. D’abord la période 1986-1992: Dans le cadre du plan d’ajustement structurel (PAS) encadré par le FMI en collaboration avec la Banque Mondiale, la Tunisie, qui traversait alors une période de déséquilibres macroéconomiques graves, avait entrepris un ensemble de réformes profondes sur le plan économique et financier afin d’accroître la production, relancer la croissance, rétablir les réserves en devises et réduire le déséquilibre de la balance des paiements.

« Les effets à long terme de ces réformes ont été globalement positifs avec une croissance moyenne du PIB de l’ordre de 4,2% sur la période 1986-2000. Malgré la reprise de la croissance en 1987 », estime Tunisie Valeurs, qui précise que « le coût social a été important avec le blocage des salaires et une perte non négligeable du pouvoir d’achat à cause de la persistance des tensions inflationnistes ». Ensuite, la période 2013-2020. La Révolution de 2011 a mis fin à une période de croissance économique stable, s’appuyant sur un modèle économique basé sur le développement des secteurs d’activité destinés à l’exportation et à faible valeur ajoutée et sur des politiques conservatrices en matière d’encadrement des prix, des taux de change et de financement des secteurs stratégiques tels que le tourisme par le système bancaire. En revanche, cette situation a donné lieu à des inégalités dans la distribution des gains économiques entre les régions ce qui a exacerbé une crise sociale intense ayant conduit au soulèvement populaire ou la Révolution de Janvier 2011.

Un déficit budgétaire exponentiel depuis 2011

Un processus de transition démocratique a été alors amorcé donnant, naissance à une nouvelle constitution en janvier 2014. Dans ce contexte, l’Etat a mis en œuvre une politique budgétaire expansionniste pour relancer la croissance et répondre aux revendications sociales. Le déficit budgétaire est passé de 1,1% du PIB en 2010 à 3,7% en 2011, à 5,2% en 2012 et 6,2% en 2013. Il s’est encore creusé pour atteindre 11,4% en 2020 à cause du surendettement structurel de l’Etat en l’absence d’une relance de la croissance.  Face à la détérioration des finances publiques et de la situation extérieure, la Tunisie s’est orientée vers l’endettement extérieur, et notamment auprès du FMI pour financer une partie de son déficit budgétaire. Elle s’est alors engagée dans un long processus de négociation avec l’institution internationale qui a donné lieu à deux accords de financement. Un  premier programme « Stand-by » sur 2 ans conclu en juin 2013 ayant permis de mobiliser 1,5 milliards de dollars US, soit 88% du montant approuvé par le FMI. Ce prêt est assorti des conditions suivantes: une période de remboursement sur 5 ans avec 3 années de grâce, et un taux d’intérêt de 1,08% par an.  Un deuxième programme dans le cadre d’un « Mécanisme Elargi de Crédit »  a été conclu en mai 2016 portant sur un montant approuvé par le FMI de 2,9 milliards de USD (soit 375% de la quotepart de la Tunisie) étalé sur une période de 4 ans allant de 2016 à 2020. Les conditions de cette facilité prévoient un décaissement sur 9 tirages, une durée de remboursement de 10 ans dont un délai de grâce de 4 ans et demi pour chaque tirage, et un taux d’intérêt DTS* + 100 pb (avec une surcharge de 200 pb sur l’encours qui dépasse 187% de la quotepart).

A la fin de ce programme, la Tunisie n’a bénéficié que de 55% du montant approuvé initialement par le FMI soit 1,6 milliards de USD. Dans le  cadre de la crise COVID-19, le FMI a accordé à la Tunisie, en avril 2020 un prêt d’aide d’urgence de 545,2 millions de DTS (745 millions de USD ou 100 % de la quotepart) pour financer les besoins budgétaires et de la balance des paiements à caractère urgent causés par la crise sanitaire de la Covid-19. S’y est ajoutée une allocation générale de DTS en août 2021, sachant  que  le Droit de Tirage Spécial (DTS) est un avoir de réserve international créé en 1969 par le FMI pour compléter les réserves de change officielles de ses pays membres. À ce jour, un total de 660,7 milliards de DTS (équivalant à environ 943 milliards de USD) a été alloué.

Ce montant inclut la dernière allocation générale approuvée par le Conseil des Gouverneurs du FMI en date du 2 août 2021, d’environ 456 milliards de DTS (650 milliards $). Cette allocation, qui a pris effet le 23 août 2021, a pour but d’accroître les liquidités à l’échelle mondiale et d’aider les pays membres à surmonter les conséquences de la pandémie de la Covid-19.  Dans le cadre de cette dernière allocation de Droits de Tirage Spéciaux, la Tunisie a bénéficié de 522,5 millions de DTS soit à peu près 741 millions de USD, laquelle est proportionnelle à sa quote-part dans le FMI.

*Résumé d’une Note de l’intermédiaire en bourse Tunisie Valeurs

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