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Tunisie : Les ravages de l’emploi informel

« Il faut s’alarmer contre l’emploi informel en Tunisie comme étant une atteinte à la dignité de l’être humain », a déclaré à Africanmanager, Naoufel Jemmali, ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle, en marge d’une rencontre, organisée, ce mercredi 26 juin 2013, sur l’emploi informel, à l’initiative de l’Association tunisienne de gestion et stabilité sociale (TAMSS) et l’organisation américaine « Global Fairness Initiative ». Et d’ajouter qu’il est temps de réagir d’une façon plus efficace et appliquée par rapport à ce problème : « On a commencé aujourd’hui, et on ne va pas s’arrêter. On va essayer de sortir avec un certain nombre de recommandations pratiques qui vont permettre éventuellement d’intégrer ce genre d’activités informelles dans le sphère économique du pays », a-t-il dit.

Le ministre de l’Emploi a expliqué, également, à Africanmanager que l’emploi informel est encouragé par plusieurs facteurs dont principalement les législations qui ne pas sont selon lui, répressives par rapport aux personnes qui s’emploient à faire travailler des personnes en violation de la loi.

Il a appelé, dans ce cadre, à engager une réflexion profonde sur la fiscalité afin d’inciter tout le monde à intégrer la formalité, soulignant qu’il s’agit d’un travail qui n’est pas concentré seulement au niveau du ministère de l’Emploi mais plutôt au niveau de tous les ministères. En effet, de multiples statistiques prouvent aujourd’hui l’effrayante ampleur du travail informel. Selon un rapport de la banque mondiale publié en 2010, il représente 38% du produit intérieur brut de la Tunisie et 53% de l’ensemble de l’emploi du pays. Ses adeptes sont généralement de sexe masculin, sans diplôme et âgées de 25 à 54 ans.

A noter qu’un accord de convention a été signé, en marge de cette rencontre, entre le ministère de l’Emploi, l’association tunisienne de gestion et stabilité sociale (TAMSS) et l’organisation américaine « Global Fairness Initiative ». Ce programme vise à promouvoir les conditions de travail direct dans le secteur informel, à travers la création d’un cadre juridique et économique plus inclusif pour 100 travailleurs informels moyennant une approche participative.

Le ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle s’est félicité de la signature de cette convention puisqu’elle s’inscrit dans la stratégie du ministère de renforcer ses efforts avec la société civile, soulignant que le ministère, seul, ne peut pas lutter contre ce phénomène : « Notre objectif est de renforcer le rôle de la société civile pour qu’elle contribue efficacement à la création de l’emploi et structurer le secteur informel», a-t-il dit.

Il a affirmé, en outre, que cette convention pourrait être facilement évaluée puisqu’elle est basée sur des objectifs quantitatifs, appelant à éviter les conventions protocoles signées auparavant et qui n’ont pour objectif qu’une commercialisation médiatique ou politique.

Le ministre a expliqué, dans ce cadre, que le partenariat avec TAMSS a été noué en vue de développer des programmes et trouver des solutions pratiques capables de protéger la dignité de l’être humain et permettre à la communauté nationale de tirer profit de ces activités.

Le phénomène de l’emploi informel impacte négativement au niveau individuel puisqu’aucun respect du droit du travail n’est garanti ni sur le plan matériel ni sur le plan moral. Aucune protection n’est prévue en matière d’accident de travail, et aucune couverture sociale ou médicale n’est assurée. Ajoutons à cela le fait que les contributions aux plans de retraites ne s’intègrent jamais dans ce secteur. Pis, le non-respect de ces droits impacte automatiquement le social et de manière directe, ce qui pousse le travailleur à se réfugier dans les solutions anarchiques, souvent illégales et contribue à augmenter la pauvreté au sein de la société.

Au niveau économique, l’impact est encore plus tangible notamment durant cette période transitoire par laquelle passe le pays. Le travail informel a affaibli et dispersé de nombreuses entreprises, créant par la même occasion un désordre commercial important vis-à-vis duquel le contrôle étatique des revenus est totalement absent.

Khadija Taboubi

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