AccueilLa UNETunisie-Libye. Privés du soutien de Saïed, les hommes d’affaires se démerdent seuls!

Tunisie-Libye. Privés du soutien de Saïed, les hommes d’affaires se démerdent seuls!

Pour une fois où l’on pourrait croire que le chef de l’Etat, chef de la diplomatie économique, avait enfin fait quelque chose de bien, le voilà qui nous détrompe. Il est en effet d’usage, dans ce genre de visite de chefs d’Etat,  que ceux-ci se fassent accompagner par une forte délégation d’hommes d’affaire. Surtout lorsque la visite se fait dans un pays en pleine reconstruction, politique et économique. Ce n’est pas ce qu’a fait, ce mercredi 17 mars 2021, le chef de l’Etat Kais Saïed. En Libye, Saïed a « oublié » de se faire accompagner, ni par l’Utica, ni par les responsables du Conseil d’affaires tuniso-libyen, auxquels il a préféré son cabinet.

Officiellement, au moins pour le Conseil supérieur des affaires tuniso-africain, « les invitations leur auraient été envoyées de manière tardive », selon ce qu’a déclaré Abdelhafidh Skrafi, secrétaire de ce conseil pour Africanmanager. On sait cependant que le  chef d’Etat tout comme son entourage ne sont pas spécialement portés sur la chose économique et ne portent pas les hommes d’affaires dans leur cœur.

Manifestement privés du soutien politique de leur président, dont la visite en Libye ne revêtirait ainsi pour lui  qu’une importance politique, « nous agissons seuls, en lien direct avec les conseils municipaux libyens. Nous ne visons pas à faire concurrence à la Turquie, mais seulement à l’Egypte, et nous ne visons que des projets de petite taille », précise pour Africanmanager le secrétaire du Conseil supérieur des affaires tuniso-libyen.

Tout au plus, donc, pourrait-on attendre de cette visite des déclarations pompeuses sur la volonté des deux parties de renforcer les liens économiques bilatéraux, mais point de signature de projets ou même de simples MoU pour des projets concrets. La Turquie a déjà pris les devants, les hommes d’affaires tunisiens le savent, et ne compteront que sur leurs propres réseaux de connaissances.

Ce ne sera pas Kais Saïed qui défendra leurs chances au programme « La Libye de demain », ni  soutiendra leurs efforts pour activer les contrats négociés, mais suspendus depuis 2010, pour reprendre le travail, comme l’espérait le vice-président le Conseil d’affaires tuniso-africain, Issam Ben Youssef dans un communiqué à l’agence  TAP. Des contrats qui devaient rapporter entre 3 et 4 milliards de dinars.

A l’image du reste des hommes d’affaires, Abdelhafidh Skrafi reste confiant, évoquant des marchés à prendre d’une valeur de 10 Milliards DT, et juge la visite de Saïed « importante, même si elle est tardive ». Car, alors que la Tunisie, dont une partie de la stabilité sociale et une grande partie de l’économie dépendent de l’évolution du courant des échanges commerciaux avec la Libye, se vautrait dans les querelles politiciennes, d’autres pays s’étaient déjà préparés à ce grand chantier de la reconstruction en Libye. En plus de la Turquie, des pays comme l’Italie.

  • La Libye aiguise l’appétit des Italiens et même des Allemands

Dans un récent article, le journal italien en ligne « Formiche » ou « les fourmis », évoquait la stratégie italienne pour prendre sa part de ce gros marché libyen.

« La Tunisie, malgré la récente dégradation de la note de Moody’s, peut désormais jouer un rôle important dans la reconstruction libyenne (…). L’Italie peut et doit jouer un rôle central. La reconstruction impliquera des dizaines de grandes entreprises dans tous les secteurs, des grands travaux de construction à la haute technologie, en passant par l’industrie du meuble et de l’ameublement. Et la Tunisie est une base logistique où toutes les entreprises impliquées trouveront les conditions idéales pour s’implanter. Une tâche que le gouvernement italien pourrait (et devrait) assumer par le biais des bureaux du ministère des Affaires étrangères et de la « Cassa Depositi e Prestiti’ (Equivalent tunisien de la CDC), qui est responsable de notre coopération italienne au développement. La présence sur le territoire tunisien d’environ neuf cents entreprises à capital italien représente un réseau virtuel au sein duquel se déplacent des dizaines d’entreprises d’excellence dans divers secteurs manufacturiers qui ont acquis une expérience précieuse en gestion du personnel et en dialogue avec l’administration publique qui peut être exploitée au mieux », écrivait ce journal en ligne italien.

Le même journal évoque aussi le cas de l’Allemagne, qui s’était déjà préparée à sa manière pour prendre sa part du futur marché de la reconstruction de la Libye, et y a même investi de l’argent. « Cela n’a certainement pas échappé à l’Allemagne qui, depuis huit ans, finance en Tunisie, à travers la GIZ (Gemeinschaft fuer internationale Zusammenarbeit), la formation des futurs cadres de la classe dirigeante libyenne au CFAD (Centre de formation et d’appui à la décentralisation) et l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), les deux centres de formation d’Etat dirigés par le ministère tunisien de l’Intérieur. Une initiative, celle de la coopération internationale allemande, qui est estimée à pas moins de six milliards d’euros donnés depuis huit ans à ce jour », dit encore le média italien.

En Tunisie, le chef de l’Etat préfère y aller seul, sans hommes d’affaires, ni même le gouverneur de la BCT, alors qu’il y a des questions à régler entre les banques centrales des deux pays !

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