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Tunisie : Que fait Jbali et où va-t-il ainsi ? Son programme est-il bon pour l’avenir d’Ennahdha ?

C’est fait. Le chef du Gouvernement tunisien, Hamadi Jbali, vient de présenter son programme de gouvernement et la loi de Finances qui va avec. Certes de la manière sommaire d’un dilettante, lorsqu’on voit surtout son recours à la simple présentation en PowerPoint, mais c’est au moins chose faite et la discussion de ce document peut enfin commencer par les Constituants qui ne semblent n’y avoir vu que du feu et ne rien comprendre à la myriade de chiffres qu’elle contient.
Sans vouloir être pour ou contre ce programme et les «mesures» [Si on peut les appeler ainsi] qu’il contient, il appelle cependant quelques remarques, préliminaires mais  importantes, tant sur le fond que sur la forme.

 – Un programme qui n’a aucune commune mesure avec la mission du Gouvernement Jbali.

Partons d’abord d’une déclaration de principe, faite par Hamadi Jbali lui-même. Sa mission à la tête de ce gouvernement, devrait s’achever au plus tard en juin,  et si possible en mars 2013. A cela s’ajoute, ce sur quoi tout le monde est d’accord en Tunisie, le fait que le Gouvernement Jbali est  un gouvernement provisoire.
Partant de là, il était inévitable de remarquer la discordance flagrante entre le caractère, transitoire, temporaire et provisoire du gouvernement et la quasi-majorité des mesures que présente son programme et le long terme dans lequel elle s’inscrivaient. La Tunisie de la Révolution vit, en effet, des problèmes urgents et qui demandent des solutions immédiates. Dans le programme de Jbali, on en trouve peu ou prou.
A tout cela et, contrairement à la période dans laquelle s’inscrivait le document du chef du Gouvernement, s’ajoute le fait qu’un budget, c’est pour une seule et unique année. Celle-ci avait commencé, en janvier dernier, et se terminera sans aucun doute, le 31 décembre. Rien n’indique, pour l’instant certes, que les 6,5 milliards DT, en augmentation de 50 % par rapport au budget de  2010 et de 34 % par rapport à celui de 2011, peuvent  être trouvés et dépensés en 7 mois, quand bien  même la confiscation permettrait de tout vendre et que toutes les promesses de crédits soient concrétisées, signées et déboursées !

–  Des mesures, oui, mais floues, non détaillées et presque non étudiées.

Les exemples d’incohérence entre les bonnes intentions, annoncées dans le document du Gouvernement Jbali, et la vraie réalité tunisienne dans sa conjoncture internationale, ne manquent pas. On en prendra cependant une au hasard.
Jbali promet, dans son programme, d’augmenter le revenu par tête d’habitant, à 9000 DT, à partir de 2016, et par conséquent, abaisser de moitié le taux de pauvreté. Il ne dit cependant pas comment. Il ne dit pas non plus de quel taux de pauvreté il parle, tant les chiffres divergent , désormais, entre ceux de l’INS (18 %) dont il vient de faire taire la voix en renvoyant le PDG sans le remplacer et ceux du ministère des Affaires sociales (24 %) du temps de Mohamed Ennaceur. Cela nécessitera, selon l’économiste Hafedh Zaafrane, d’extirper  200 mille ou 1,3 millions de personnes selon les chiffres, du seuil de la pauvreté !
Le document ne dit pas non plus quel impact va avoir cette hausse des revenus du Tunisien sur le coût de la production et celui  de l’investissement pour une Tunisie dont le schéma et le modèle de développement n’ont en rien été changés par les nouveaux techniciens des nouveaux gouvernants. Le document de Jbali ne dit non plus rien sur la manière dont il va résoudre cette problématique, pour les entreprises, pour la concurrence du produit tunisien, dont le prix va augmenter sous l’effet de la hausse des revenus, sur les marchés extérieurs pour un pays qui vit de l’exportation et du tourisme.
Un expert, comme Hafedh Zaafrane, qui met en exergue le fait que «le document du gouvernement manque de principes scientifique et de détails statistiques », estime qu’atteindre un tel revenu par tête d’habitant reste impossible au vu du taux de croissance annoncé par le gouvernement». L’économiste affirme même que le revenu par tête d’habitant,  estimé à 6000 DT en 2011, ne pourra jamais dépasser les 7500 DT en 2016 !

 –  Parler pour ne rien dire, annoncer sans pouvoir immédiatement faire. Ruse ou piège ?

Les nouveaux gouvernants tunisiens n’ont pas caché, après avoir pris le pouvoir, ce qu’ils découvrent. Des compétences certes, mais mal initiés après de longues années de prison et d’exil, Nahdhaouis, comme CPRistes et même ceux d’Ettakattol, découvraient, en effet, l’immensité du désordre social, l’immensité du décalage de l’économie tunisienne avec son réel social et aussi l’immensité du vide des caisses d’un Etat qui avait toujours fonctionné sur le fil du rasoir.
Cela explique, peut-être, l’impuissance du gouvernement Jbali à bien esquisser, avec des contours et des lignes précises, un programme, urgent, efficace et percutant,  qui lui permettrait de faire  des promesses viables, réalisables, dont il pourrait rendre compte sans en rougir et dont elle pourrait même faire son fier «faire-valoir» pour les prochaines élections.
On se demanderait ainsi si les partis  au pouvoir, dont la notoriété s’est bien dégradée, selon le dernier sondage d’opinion du quotidien Achourouk, n’était pas finalement tombée dans le piège du pouvoir qu’elle courait avidement de tous ses pas d’anciens opprimés. Le pouvoir, totalitaire au niveau de l’exécutif, qui devait lui donner de quoi remporter les prochaines élections, ne lui aurait ainsi offert que des miettes et très peu d’opportunités d’être les sauveurs d’une Tunisie qui les élira alors de nouveau, le cœur léger.
D’aucuns pensent cependant que, ne pouvant pas le faire, le gouvernement Jbali aurait préféré rester dans le flou de l’immédiat et les espoirs du long terme. Il assurerait ainsi la dispersion de la redevabilité, lors des prochaines élections et pourrait toujours dire qu’il a toujours un programme à terminer, tant il est  vrai que son programme de dépenses uniquement sociales aura joué son rôle de miroir aux alouettes !
Khaled Boumiza

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