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TuNur: 4,5 GW d’électricité à partir du solaire

La société d’énergie renouvelable TuNur, basée à Tunis, développe un nouveau projet d’énergie solaire visant à produire 4,5 GW d’électricité. L’électricité sera injectée dans le réseau européen via trois câbles sous-marins reliant la Tunisie à l’Italie, la France et Malte. Elle pourrait alimenter deux millions de foyers européens.

Il n’y a pas si longtemps, les projets de production d’énergie renouvelable étaient une décision d’investissement coûteuse. Ils étaient souvent subventionnés par les gouvernements des pays industrialisés, qui affichaient ainsi leur crédibilité écologique. Aujourd’hui, la production d’électricité à partir d’énergies propres devient un atout stratégique pour tous, y compris pour les pays en développement. L’industrie mondiale se développe à une vitesse fulgurante et le coût de la technologie diminue également rapidement. 

L’énergie du désert : Convertir la lumière du soleil en électricité

Cette tendance est illustrée par la situation en Tunisie. TuNur, société basée à Tunis et spécialisée dans les énergies renouvelables, la transmission et l’hydrogène vert, travaille au développement d’un nouveau projet d’énergie solaire dans le sud-ouest du pays. Une fois terminé, le projet produira 4,5 GW d’électricité, qui sera injectée dans le réseau européen via trois câbles sous-marins reliant la Tunisie à l’Italie, la France et Malte. L’électricité produite pourrait alimenter deux millions de foyers européens.

Une fois entièrement construit, le complexe solaire de TuNur couvrira environ 180 kilomètres carrés. Des centaines de milliers de miroirs paraboliques, de cellules photovoltaïques et de cellules solaires seront disposés de manière à diriger l’intense soleil saharien vers des tours CSP (concentrated solar power) atteignant jusqu’à 200 mètres de haut.

La chaleur sera stockée dans des sels fondus qui circuleront dans ces tours, chauffant la vapeur qui fait tourner les turbines. Les sels peuvent conserver la chaleur pendant des heures, ce qui permet de produire de l’électricité longtemps après la disparition du soleil.

La phase initiale du projet consistera à construire une tour CSP de 250 MW, ainsi que le câble de transmission vers Malte. Le coût de cette construction est estimé à 85 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 1,6 milliard d’euros pour le câble, précise l’e-magazine Direct Industry qui cite une déclaration du PDG de TuNur Daniel Rich. « Nous prévoyons que la première phase du projet atteindra la FID (décision finale d’investissement) en 2024, l’exploitation commerciale et la première livraison d’électricité dans le réseau européen étant prévues pour la fin de 2027. Nous avons déjà conclu un accord préliminaire avec un acheteur d’électricité de premier plan sur le marché européen », a-t-il dit

Un bouquet énergétique diversifié pour l’Europe

La volonté de neutralité carbone pour limiter l’augmentation de la température à 2 degrés et le conflit actuel entre la Russie et l’Ukraine font que l’Europe a désespérément besoin de nouvelles sources d’énergie propres. Le plan REPowerEU de la Commission européenne vise à réduire de deux tiers les importations de gaz russe en 2022 et à sevrer complètement l’Europe des combustibles fossiles russes d’ici à 2030. En 2021, l’UE a importé 155 milliards de mètres cubes de gaz naturel de Russie, soit près de 40 % de sa consommation totale de gaz.

S’il n’existe pas de solution unique au défi énergétique de l’Europe, Daniel Rich estime que les ressources solaires du Sahara s’intègrent bien dans la future stratégie énergétique du continent. 

« L’Europe et ses États membres ont des objectifs très solides en matière d’énergies renouvelables et d’hydrogène. Parallèlement au déploiement accru des énergies renouvelables nationales, ceux-ci peuvent être complétés par un approvisionnement supplémentaire en énergie solaire en provenance d’Afrique du Nord. »

Le Réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité (ENTOS-E) a réalisé une analyse qui a montré que le projet TuNur pourrait directement remplacer la production d’énergie à partir de combustibles fossiles. Par conséquent, il permettrait de réaliser de nouvelles économies de carbone et d’accroître l’intégration des ressources renouvelables dans le bouquet énergétique. 

« Le projet TuNur entraînerait une réduction des émissions d’environ 4 millions de tonnes de CO2 par an et une augmentation du bien-être socio-économique de plus de 500 millions d’euros par an », déclare Rich.

Le désert du Sahara, d’une superficie de 9 millions de kilomètres carrés, qui s’étend sur de nombreux pays d’Afrique du Nord, bénéficie d’un ensoleillement et d’un rayonnement solaire parmi les plus élevés au monde.

La Tunisie, centre méditerranéen clé des ER

Selon l’actionnaire de TuNur, Nur Energie, qui exploite une station météorologique solaire dans le Sahara, la Tunisie a des niveaux de rayonnement solaire jusqu’à 20 % supérieurs à ceux des meilleurs sites en Europe.

En outre, la Tunisie possède également d’excellentes ressources éoliennes, ce qui en fait un lieu optimal pour le développement de l’énergie éolienne à grande échelle et à très faible coût.

Le gouvernement tunisien vise à utiliser les technologies de l’énergie solaire pour soutenir sa demande énergétique croissante et accroître la sécurité énergétique à long terme.

Selon  Rich, « la Tunisie est parfaitement positionnée pour devenir un centre méditerranéen clé pour le développement des énergies renouvelables et de l’hydrogène, créant ainsi une nouvelle industrie d’exportation durable pour le pays. Les projets de TuNur constituent une étape importante pour libérer le potentiel du Sahara, renforcer les investissements, créer de nouveaux emplois et ouvrir la voie à d’autres projets de grande envergure à travers la Méditerranée. »

Mais la réalisation effective de ce futur projet est à prendre avec précaution. Le Sahara est depuis longtemps considéré comme un terrain prometteur pour l’énergie solaire concentrée, un terrain qui a le potentiel d’aider l’Europe à atteindre ses objectifs verts.

Cependant, des projets similaires, annoncés en grande pompe ces dernières années, n’ont jamais vu le jour.  Par exemple, en 2013, un projet de 400 milliards d’euros, appelé projet Desertec, n’a tout simplement jamais été lancé après que les deux principaux promoteurs se soient brouillés, chacun accusant l’autre de mauvaise communication, rappelle Direct Industry.

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1 COMMENTAIRE

  1. c’est un projet européen parmi d’autres mais le gros problème c’est le pouvoir politique tunisien qui doit être prêt à faciliter la réalisation de ce projet et d’exiger 30 % de sa production soit réservée gratuitement au pays une fois l’opérateur public STEG réformé avec une saine gestion pour que les retombés bénéfiques du projet profitent aux citoyens et les entreprises citoyennes .

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